Nous avions déjà Moïse et les prophètes. Nous avons aussi Lazare.
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Les Journées Mondiales des Pauvres ? Pourquoi avoir fait ça ? C’est insensé ! Envoyer des pauvres en pèlerinage à Rome ? Quel gâchis ! L’argent pourrait être mieux employé : offrir un toit, des douches, résoudre les problèmes des sans-abris ! Sans parler du bilan carbone…


Tout est parti des colocations solidaires (L’Association Pour l’Amitié, puis Lazare). Martin Choutet et Etienne Villemain, alors jeunes professionnels, ont répondu à l’appel qu’ils avaient discerné : ils se sont laissés toucher par le mystère de la pauvreté, par le scandale de voir toutes ces personnes seules à la rue. Et comme réponse, ils se sont mis en colocation avec trois d’entre eux à Paris.


Ils ont alors découvert la beauté qui se cache derrière chaque personne de la rue, même sale, même brisée. Ils ont touché du doigt que nous avons tous, riches et pauvres, cette dignité infinie d’enfant de Dieu. Ils avaient mis Dieu au cœur de leur désir d’aller voir les pauvres. Ils ont témoigné partout de ce qu’ils vivaient, comme si un feu les consumait. Puis, ce furent 5, 10, 30 colocations : à Paris, Lyon, Nantes et dans toutes les régions. Des appartements, des maisons, des familles responsables, des jeunes pro qui choisissent de vivre cette expérience humaine. De cette expérience est venu un besoin brûlant de témoigner encore plus, un cri du cœur : « Très Saint Père, il faut créer les Journées Mondiales des Pauvres ! » Avec cette certitude que la pauvreté doit être accueillie au cœur de l’Eglise. Car il faut la voir, la reconnaître, l’accepter. Car elle existe pour nous permettre de voir le Christ. Elle nous scandalise ? Elle est en fait notre planche de salut.


C’est Lazare qui nous le rappelle (Lc 16, 19-31) : Lazare était pauvre à la porte du riche. Et l’homme riche ne l’a pas vu. L’homme riche n’était pas mauvais, mais il ne l’a pas vu, engoncé dans ses possessions… Et après sa mort, il le regrette amèrement : « Père, envoie au moins Lazare dans la maison de mon père, car j’ai cinq frères ; qu’il les avertisse… » ! Cette parabole nous appelle à une charité urgente, pas par gentillesse, mais pour sauver notre âme. Nous avions déjà Moïse et les prophètes. Nous avons aussi Lazare. Lazare, c’est le pauvre que Dieu met sur notre chemin, à chaque instant, pour sauver notre âme. Lazare, c’est aussi nous-mêmes qui nous perdons dans nos pauvretés (et qu’il nous faut reconnaître pour avancer !). Et Lazare, c’est enfin l’Église qui, malgré sa pauvreté, nous conduit vers Dieu.


L’hiver arrive, et Hiver Solidaire revient à la paroisse ! C’est une belle occasion parmi d’autres de se laisser toucher par les pauvres qui sont pour nous messagers du Christ. Les pauvres nous impressionnent. Nous craignons d’aller à leur rencontre ? Hiver Solidaire nous aide à nous en approcher. Allons-y !


François Catta,
paroissien de Viroflay
Président de l’Association Lazare