L’Evangélisation (6) – Evangile selon Saint Luc, ch. 6 versets 21-30
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Chers membres des cellules,

Juste avant d’entrer dans le temps du carême, nous allons faire un pas de plus avec l’évangile selon saint Luc. Il s’agit du passage qui suit immédiatement l’enseignement des béatitudes et Jésus, étant descendu de la montagne, s’adresse donc encore à la grande foule de ses disciples, rappelant Moïse qui s’adressait à tout le peuple de Dieu.

La miséricorde n’était pas absente de la loi mosaïque mais avec le Christ, elle prend une dimension de radicalité absolue et ce n’est pas sans lien, une fois de plus, avec la mission.

Rappelons-nous les paroles de saint Paul VI dans Evangelii Nuntiandi :

« Pour l’Eglise, le témoignage d’une vie authentiquement chrétienne, livrée à Dieu dans une communion que rien ne doit interrompre mais également donnée au prochain avec un zèle sans limite, est le premier moyen d’évangélisation. “L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres […] ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins”. » (EN 41)

 Très attaché à son prédécesseur, le Pape François continue de tracer le sillon et nous invite particulièrement à vivre cette cohérence de vie par l’exercice de la miséricorde et « d’en faire notre style de vie » (Misericordia Vultus 13).

Il s’agit pour nous d’imiter le Christ qui est lui-même « le visage de la miséricorde du Père » (MV 1).

« A travers sa parole, ses gestes, et toute sa personne, Jésus de Nazareth révèle la miséricorde de Dieu. »

La miséricorde n’est pas pour Jésus un habile stratagème. Elle est tout simplement la manifestation de l’être de son Père et du sien.

« Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. » (Jn 5, 19)

 Par la grâce du baptême, la miséricorde devient également la manifestation de l’être chrétien qui devrait toujours être reconnaissable par rapport au comportement des pécheurs. C’est bien ce que, par trois fois, Jésus nous dira dimanche prochain :

« Si vous aimez ceux qui vous aiment, […] si vous faites du bien à ceux qui vous en font, […] si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant. »

Au contraire, notre attitude doit se reconnaître immédiatement et être aussi étonnante que d’aimer nos ennemis, faire du bien et prêter sans rien espérer en retour. La bonté, le non jugement, la non condamnation et finalement le pardon doivent devenir de plus en plus les marques de notre façon d’être.

Pour nous aider à cela, Jésus nous donne la règle d’or qui résume la loi nouvelle de l’Evangile (cf. CEC 1970).

Dans beaucoup de civilisations, on a pu retrouver cette règle d’or mais présentée sous la forme négative : ne pas faire à autrui ce que l’on redoute pour soi-même. La formulation positive qu’indique Jésus doit nous entraîner dans le don de nous-même et la générosité :

« Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. »

Il ne s’agit pas de donner certaines limites à notre liberté pour ne pas empiéter sur celle du voisin, en espérant secrètement qu’on profitera d’une attitude similaire qui préservera notre tranquillité. Il s’agit au contraire d’engager réellement notre liberté dans le bien qui est à faire à notre prochain, d’une manière véritablement gratuite.

 Ainsi le Pape François nous appelle à adopter « l’attitude du Fils de Dieu qui va à la rencontre de tous, sans exclure personne [et à] transmettre la miséricorde pour pénétrer le cœur des personnes et les inciter à retrouver le chemin du retour au Père. » (MV 12)

Dans le même paragraphe, le Pape montre qu’il ne s’agit pas uniquement d’une attitude individuelle mais aussi communautaire. Les relations entre nous doivent être marquées par la miséricorde aussi bien au sein des cellules qu’au sein de la paroisse et de l’Eglise toute entière. Je compte sur vous pour que les relations entre paroissiens soient de plus en plus marquées par cette miséricorde qui révèle la tendresse de Dieu pour chacun et qui donne à sentir que Dieu est présent.

Par son Esprit, qu’il fasse vraiment de nous tous les instruments de sa miséricorde. Je vous bénis.