L’Evangélisation (2) – Evangile selon Saint Luc, ch. 4 versets 14-21
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Chers membres des cellules,

Cette semaine, je voudrais m’appuyer sur l’évangile que nous entendrons dimanche prochain. Cela aura l’avantage de vous préparer à entendre cette parole avec toute l’assemblée paroissiale. Evidemment, c’est aussi parce que cet évangile, dans sa deuxième partie (Lc 4, 14-21) a un lien direct avec l’évangélisation. Après avoir écouté ces versets, nous allons maintenant les méditer ensemble.

Le premier élément sur lequel je m’arrête est la mention de l’Esprit Saint. Elle se trouve dans le premier verset

(v. 14) et aussi dans le passage du prophète Isaïe que le Seigneur a lu en affirmant qu’il s’accomplissait « aujourd’hui ».

Jésus venait d’être baptisé par Jean et cet événement fut l’occasion d’une théophanie et particulièrement d’une manifestation de l’Esprit Saint « sous une apparence corporelle, comme une colombe » (Lc 3, 22).

Dans la foi, nous comprenons que ce ne fut pas pour lui un commencement mais plutôt l’expression de l’effusion permanente du Saint-Esprit dans la personne du Fils, le Verbe fait chair, Jésus de Nazareth, le Christ de Dieu. Il n’empêche, c’est conduit par l’Esprit que Jésus s’est rendu au désert (cf. Lc 4, 1) pour y résister à un autre esprit, celui du Mal. Maintenant encore, c’est « la puissance de l’Esprit » (v. 14) qui est son dynamisme intérieur dès les premiers jours de son ministère public.

Qui pense servir Dieu sans être animé par son Esprit et donc sans le demander directement à Dieu, sans le demander par l’intercession d’autres chrétiens – ce qu’on appelle la prière des frères –, sans le recevoir par le sacrement de l’Eucharistie et donc aussi par la confession ?

Dans le temps pascal, une autre occasion nous sera offerte avec un parcours à vivre en cellule pour se préparer à l’effusion de l’Esprit Saint que nous vivrons le samedi 8 juin, veille de la Pentecôte. Réservez votre après-midi et votre soirée !

Mais revenons à notre passage d’évangile. Qui sera missionnaire sans le souffle de l’Esprit ? Et qui sera conduit par l’Esprit de Dieu sans être témoin de l’Evangile ?

L’Esprit Saint est un esprit de témoignage rendu au Seigneur parce qu’il configure au Christ et associe à sa mission en donnant ou en fortifiant la vie de foi, d’espérance et de charité.

Frères et sœurs, demandez-vous l’Esprit Saint ou attendez-vous qu’il vienne tout seul ?

Avez-vous soif de le recevoir ou bien cherchez-vous plutôt à être repus par d’autres biens ?

Etes-vous prêts à le laisser agir librement en vous ou voulez-vous garder le contrôle de votre vie ?

Nous reparlerons de l’Esprit, vous l’avez bien compris, pendant le temps pascal. En attendant, si vous voulez déjà aller plus loin, je vous encourage à relire le numéro 75 de l’exhortation Evangelii Nuntiandi de saint Paul VI.

Dans le temps qui me reste, je voudrais au moins être attentif à un second point. Ce sont les mots mêmes du prophète Isaïe que Jésus fait siens en disant qu’il est venu « porter la Bonne Nouvelle aux pauvres » (v. 18), « annoncer la Bonne Nouvelle aux humbles » (Is 61, 1).

Cela résonne certainement pour nous avec la première béatitude que j’ai commentée à l’automne dernier. Qu’est-ce que cela veut dire pour nous ? J’entends d’abord que c’est la charité qui est missionnaire, comme sainte Teresa de Calcutta l’a bien compris et si magnifiquement vécu.

La mission est inséparable de l’attention au pauvre, à celui que personne ne voit ou ne veut voir ; inséparable aussi de l’attention à la pauvreté du frère, à sa fragilité, à son épreuve ou à sa souffrance.

Ce sont des difficultés matérielles, relationnelles, existentielles ; ce sont des fardeaux du passé, des angoisses pour l’avenir ; ce sont des manques d’espérance ou de sens de la vie, liés à l’absence de Dieu qui n’est pas connu.

 Dans la communauté de l’Emmanuel, j’ai entendu parler d’un triptyque : adoration-compassion-évangélisation. C’est certainement très juste et un petit guide que nous ne devons pas oublier. L’adoration prépare notre cœur à se laisser conduire par l’Esprit et il devient un cœur vraiment compatissant, un cœur qui écoute et qui est prêt par des gestes, le silence ou des paroles, à manifester la tendresse même du Père, Bonne Nouvelle pour tous les pauvres de la terre.Que l’aujourd’hui de la prophétie d’Isaïe soit aussi le nôtre ! Avec affection, je vous bénis.