Les Béatitudes (1) – L’appel à la Sainteté
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Chers membres des cellules,

 

Pendant quelques semaines, je projette de vous parler des Béatitudes. Cela nous emmènera au-delà de la fête de tous les saints dont l’évangile de la messe est justement le début du discours sur la montagne, c’est-à-dire la proclamation par Jésus des Béatitudes. Relatées par saint Matthieu avant toutes les autres paroles du Seigneur, les Béatitudes apparaissent comme étant véritablement « au cœur de la prédication de Jésus » (CEC n° 1716).

 

Plusieurs détails nous invitent à voir Jésus comme le nouveau Moïse et même plus grand que Moïse, à commencer par le fait que Moïse avait reçu la Loi sur la montagne et que c’est aussi sur une montagne que Jésus donne la nouvelle Loi.

 

Dans la suite de son discours, Jésus dira d’ailleurs plusieurs fois : « Vous avez appris qu’il a été dit : … Eh bien ! moi, je vous dis : … » (Mt 5, 21.27.38.43) en reprenant les commandements de la Loi mosaïque et en invitant ses auditeurs à les dépasser, comme on dépasse la justice par l’amour. Tout ce passage se trouve justement introduit par ces mots : « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux » (v. 20).

 

Les dix commandements ont donné au peuple le minimum à observer pour cheminer vers plus de justice et donc de liberté et de paix. La plupart d’entre eux sont d’ailleurs des commandements négatifs : « Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi. […] Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux, pour leur rendre un culte. […] Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu. […] Le septième jour […], tu ne feras aucun ouvrage. […] Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain » (Ex 20, 3…17).

 

Le Catéchisme confirme que les dix commandements « expriment les devoirs fondamentaux de l’homme envers Dieu et envers son prochain [et] révèlent, en leur contenu primordial, des obligations graves. Ils sont foncièrement immuables et leur obligation vaut toujours et partout » (CEC n° 2072).

 

Il faudrait encore dire beaucoup sur le décalogue mais ce n’est pas mon propos aujourd’hui. Pourtant, le détour n’était pas inutile parce que manifestement les Béatitudes ont été construites sur le modèle des dix commandements. On compte habituellement huit béatitudes mais si on regarde précisément le texte, on voit qu’elles sont suivies par un double développement : « Heureux êtes-vous… » au verset 11 et « Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse… » au verset 12. Cela ferait dix béatitudes dont les deux dernières sont reliées à la huitième mais justement, il en est de même avec les dix commandements dont les deux derniers sont eux aussi fortement reliés aux sixième et septième commandements. Il paraît justifié de prolonger la comparaison entre les deux textes.

 

Le décalogue avait été donné par Moïse comme une limite à atteindre pour être dans l’alliance et vivre dans la justice sur la terre promise. Les Béatitudes nous sont données par Jésus comme l’horizon infini de l’amour qui s’ouvre devant ceux qui sont introduits par la nouvelle alliance dans le Royaume des Cieux. Il ne s’agit plus d’être en règle dans le contrat établi par Dieu avec le peuple choisi mais c’est la promesse d’être heureux dès maintenant, tant que nous sommes en chemin, et par-delà la mort, dans la vie éternelle.

 

Pour terminer, je vous cite encore le Catéchisme. « Les Béatitudes dépeignent le visage de Jésus-Christ et en décrivent la charité ; elles expriment la vocation des fidèles associés à la gloire de sa Passion et de sa Résurrection ; elles éclairent les actions et les attitudes caractéristiques de la vie chrétienne ; elles sont les promesses paradoxales qui soutiennent l’espérance dans les tribulations ; elles annoncent les bénédictions et les récompenses déjà obscurément acquises aux disciples ; elles sont inaugurées dans la vie de la Vierge Marie et de tous les saints » (CEC n° 1717).

 

Pour que vous entendiez tous l’appel à la sainteté et osiez en prendre le chemin, je vous bénis.