L’Eglise, sacrement de l’unité du genre humain
">

Chers frères et sœurs,

L’expérience du confinement nous a suggéré d’aborder plusieurs thèmes reliés à la dimension communautaire de notre vie humaine et chrétienne. Cette semaine, je souhaite vous partager quelques réflexions sur l’Eglise, sacrement de l’unité du genre humain. Cette expression se trouve dans la constitution dogmatique sur l’Eglise, Lumen Gentium, dans le premier paragraphe que je vais vous citer intégralement : « Le Christ est la lumière des peuples ; réuni dans l’Esprit Saint, le saint Concile souhaite donc ardemment, en annonçant à toutes les créatures la bonne nouvelle de l’Évangile répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l’Église. L’Église étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain, elle se propose de mettre dans une plus vive lumière, pour ses fidèles et pour le monde entier, en se rattachant à l’enseignement des précédents Conciles, sa propre nature et sa mission universelle. À ce devoir qui est celui de l’Église, les conditions présentes ajoutent une nouvelle urgence : il faut que tous les hommes, désormais plus étroitement unis entre eux par les liens sociaux, techniques, culturels, réalisent également leur pleine unité dans le Christ. »

Il est bon d’entendre tout le texte parce qu’il décentre immédiatement l’Eglise et la recentre sur le Christ « lumière des peuples ». C’est là que nous pouvons tout de suite percevoir une difficulté parce que Jésus lui-même a dit à ses disciples : « Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. » (Lc 12, 51) Cela nous fait repenser à la prophétie de Syméon : « Il sera un signe de contradiction » (Lc 2, 34). La grande Histoire et nos petites histoires le montrent suffisamment. Le témoignage de vie et de foi chrétiennes soulève des oppositions. Les libertés sont tiraillées et entrent parfois en guerre. C’est le combat spirituel qui se passe dans les cœurs aussi bien que dans les sociétés à quelque niveau que ce soit. L’Adversaire, qu’on appelle aussi le Diable, c’est-à-dire le Diviseur, n’est pas loin et ne se laisse pas faire. Dire que Jésus met la division est bien sûr un raccourci : Jésus vient apporter la paix, comme il le manifeste en apparaissant le jour de sa résurrection au milieu des disciples, mais c’est au prix d’un face-à-face avec les forces du mal et de la division, face-à-face qui le conduit à la croix sur laquelle il triomphe par son offrande parfaite.

Ce face-à-face se prolonge ou se révèle dans l’histoire de l’Eglise qui est son corps, Eglise qui est son instrument, son sacrement pour l’accomplissement de la même mission, de la même œuvre. C’est pourquoi Jésus nous appelle à être artisans de paix alors même qu’il nous avertit et nous prépare à l’expérience de l’indifférence, du rejet ou de la persécution. Comment l’Eglise est-elle le sacrement de l’unité du genre humain ? En étant sans cesse sanctifiée par son Seigneur, sans cesse renouvelée par son Esprit de charité, sans cesse conservée par la fidélité de son Epoux. Porteuse de toute la Révélation, témoin de l’Evangile, dispensatrice de la grâce du Christ, elle permet à tous ses enfants d’être unis à Dieu et d’apprendre à vivre en communion les uns avec les autres. Nous retrouvons le commandement nouveau de l’amour : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13, 34b) C’est leur foi commune en un unique Sauveur qui garde ensemble tous les fidèles et les ouvre au pardon réciproque, à la bienveillance et à la communion. Vécu d’abord à l’intérieur de la communauté chrétienne, cet amour qui vient de Dieu se déploie en amour du prochain sans connaître de frontière communautariste, en commençant par les plus pauvres et les plus petits. L’amour et la vérité s’allient. Le témoignage par l’humble service et le témoignage explicite du Christ se complètent. Des cœurs se ferment tandis que d’autres s’ouvrent mais l’amour de Dieu imprime sa marque en chacun. Chez les uns, ce n’est encore qu’une nostalgie plus ou moins consciente de la paix promise. Chez les autres, c’est déjà la ferme espérance de cette paix dont l’avant-goût est offert.

Pour que vous vous livriez davantage à cette œuvre du Christ par son Eglise, je vous bénis.

Questions pour la réflexion commune

En relisant le premier paragraphe de Lumen Gentium cité dans l’enseignement, chacun peut partager ce qui le touche ou ce qui l’interroge.

A quoi voyons-nous que l’Eglise est sacrement de « l’union intime avec Dieu » ? Comment cette union à Dieu nous fait artisans de paix ?

A quoi voyons-nous que l’Eglise est sacrement de « l’unité de tout le genre humain » ? Qu’est-ce que cela signifie pour moi personnellement dans ma vie de disciple ?