Le temps du carême (4)
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Chers frères et sœurs,

Au milieu de nous, des catéchumènes vivent ce carême comme leur ultime préparation aux sacrements de l’initiation chrétienne – le baptême, la confirmation et l’eucharistie – qu’ils recevront au cours de la vigile pascale. Devenus membres de l’Eglise depuis leur entrée en catéchuménat, ils ne sont pas encore devenus enfants de Dieu par la grâce du saint baptême.

 Ce jour-là, ils avaient frappé à la porte de l’Eglise et la porte s’était ouverte pour eux, selon la parole du Seigneur : « Frappez, on vous ouvrira. » (Mt 7, 7c).

Souvenons-nous du dialogue qu’ils ont eu ensuite avec le célébrant :

« Que demandez-vous à l’Eglise de Dieu ? – La foi. – Que vous apporte la foi ? – La vie éternelle. »

Désormais, ils sont au milieu de nous et sont nourris à la table de la Parole, rappelant à tous les baptisés l’importance vitale de cette première partie de la liturgie de la messe, puisqu’en effet, « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4).

 Juste après l’homélie et avant le symbole de la foi, ils sont normalement renvoyés pour signifier que la table de l’Eucharistie ne leur est pas encore accessible. De même que l’accès vers l’arbre de vie dans le jardin est gardé par « des Kéroubim, armés d’un glaive fulgurant » (Gn 3, 24), de même celui qui n’a pas encore été régénéré par le baptême ne peut recevoir la sainte communion dont l’accès est gardé par le chant des séraphins –

« Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire » (Is 6, 3) – devenu notre Sanctus dans la liturgie.

Il est précieux de noter les critères que l’Eglise donne pour que des catéchumènes soient appelés au baptême. Le rituel précise qu’il est requis de leur part :

1) une conversion de la mentalité et des mœurs, et une pratique de la charité ;

2) une connaissance suffisante du mystère chrétien et une foi éclairée ;

3) une participation croissante à la vie de la communauté ;

et 4) une volonté explicite de recevoir les sacrements de l’Eglise.

Ces quatre critères sont une véritable interpellation pour les baptisés que nous sommes et qui pensons pouvoir facilement nous dire chrétiens en dehors d’une réelle vie de foi. Il nous est redit ici que cette vie de foi doit se traduire par une réelle conversion morale, la formation doctrinale, une vie communautaire et la fidélité aux sacrements notamment la pénitence et l’eucharistie.

La présence des catéchumènes est une bénédiction et l’occasion d’un réveil salutaire pour les communautés chrétiennes et les “vieux” chrétiens nous sommes.

Voici donc qu’après ce discernement de l’Eglise, certains catéchumènes sont devenus au début du carême, par l’appel décisif, des élus.

Aux 3e, 4e et 5e dimanches, ils vivent maintenant, au milieu de nous, les scrutins. Il s’agit essentiellement d’exorcismes. Entendons bien ce mot sans le réduire au cas extrême de prières pour libérer d’infestations démoniaques. Il s’agit ici de prières de l’Eglise, dans sa liturgie, qui « ont ce double but : faire apparaître dans le cœur de ceux qui sont appelés ce qu’il y a de faible, de malade et de mauvais, pour le guérir, et ce qu’il y a de bien, de bon et de saint, pour l’affermir. Ils sont donc faits pour purifier les cœurs et les intelligences, fortifier contre les tentations, convertir les intentions, stimuler les volontés, afin que les catéchumènes s’attachent plus profondément au Christ et poursuivent leur effort pour aimer Dieu. Ils donnent aux futurs baptisés la force du Christ, qui est, pour eux, le Chemin, la Vérité et la Vie. » (Rituel de l’Initiation Chrétienne des Adultes, p. 99).

Là aussi, nous voyons comme cela est plein d’enseignements pour nous et aussi d’encouragements à vivre la conversion en recevant tout particulièrement les grâces qui nous sont offertes dans le temps du carême.

Nos compagnons de route sont pour cela la femme de Samarie, l’aveugle de naissance et les trois frère et sœurs de Béthanie.

 La première apprit à découvrir où est sa vraie soif et où se trouve la véritable Source.

 Le deuxième découvrit avec le péché et l’aveuglement qui lui est lié où se trouve l’incomparable Lumière.

 Les derniers, endeuillées et même déjà mort, s’ouvrirent à Celui qui est « la Résurrection et la Vie » (Jn 11, 25).

Rendons grâce à Dieu pour nos frères et sœurs qui s’ouvrent au Rédempteur et préparons-nous à vivre le renouvellement des promesses de notre baptême la nuit de Pâques. Pour cela, je vous bénis.

Ressources

Jn 4, 5-42 (évangile du 3e dimanche de carême de l’année A)

Jn 9, 1-41 (évangile du 4e dimanche de carême de l’année A)

Jn 11, 1-45 (évangile du 5e dimanche de carême de l’année A)

Questions pour la réflexion commune

Si j’ai été baptisé avant l’éveil de ma conscience, à quel moment de ma vie ai-je pris conscience de l’amour de Dieu, du salut du Christ et de la vie de l’Esprit en moi ?

Ai-je aussi pris conscience ou dans quelle mesure ai-je encore à prendre conscience de la réponse que cela appelle de ma part ?

Qu’est-ce qui résonne particulièrement en moi dans le cheminement de la Samaritaine, de l’aveugle-né ou de Marthe, Marie et Lazare ?