Le rosaire (3), l’Ave Maria, le Je vous salue Marie
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Chers membres des cellules,

C’est au moment de partir en pèlerinage à Fatima que je prépare pour vous ce nouvel et dernier enseignement du mois d’octobre que l’Eglise appelle mois du Rosaire. Croyez bien que j’y confierai chacun de vous au Cœur immaculé de Marie.

Il y aurait tant à vous dire sur la Vierge Marie que je ne sais pas où aller. Mais comme il faut bien me décider, je vais vous parler de l’Ave Maria, du Je vous salue Marie.

Il est une première difficulté du fait que nous parlons d’une prière adressée à Marie. La prière n’est-elle pas réservée à Dieu seul ? Ne risquons-nous pas de faire de Marie une déesse ou la quatrième personne de la Trinité ? Regardons attentivement le texte qui est visiblement composé de deux parties.

La première partie n’est rien d’autre que deux passages bibliques : la salutation de l’archange Gabriel – « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » (Lc 1,28) – et celle de la vieille cousine Elisabeth – « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. » (Lc 1,42). N’est-ce pas une prière que de réciter des versets bibliques par lesquels nous rejoint la Parole de Dieu ? Nos frères protestants eux-mêmes n’ont sans doute rien à redire à cela. Notons encore que cette conjonction de ces deux versets est particulièrement ancienne puisqu’on la retrouve déjà, chantée sous forme d’antienne mariale, dès le Ve siècle. Cela fait donc au moins seize siècles que le peuple chrétien prie avec ces mots adressés à la Très Sainte Mère de Dieu et qui nous ouvrent petit à petit à son mystère.

La seconde partie, plutôt que d’être une prière adressée à Marie, est une demande pour que ce soit elle qui prie pour nous. C’est exactement ce que nous retrouvons dans des litanies des saints où nous ne prions pas les saints mais nous leur demandons de prier pour nous : « Sainte Marie, sainte Mère de Dieu, priez pour nous. Saint Michel et tous les anges de Dieu, priez pour nous. Saint Jean-Baptiste, etc. » De même que nous pouvons demander à des frères et sœurs de prier pour nous, nous pouvons demander aux saints du Ciel d’intercéder en notre faveur, eux qui sont mieux placés que quiconque pour cela, la Vierge Marie étant parmi eux tous à la première place. Non seulement nous le pouvons mais nous le devons et il serait bien présomptueux de vouloir se passer d’un tel secours voulu par le Seigneur lui-même qui nous a fait connaître cette communion des saints et nous y a fait entrer.

Faisons maintenant une autre remarque quant au Je vous salue Marie. Il s’y trouve les noms de deux personnes : Marie et Jésus. Notons que celui de Marie y est présent deux fois, au début et vers la fin tandis que le saint nom de Jésus, celui de notre Sauveur, est présent au milieu, comme au cœur de cette prière mariale et – dans presque toutes les langues sauf le français – à la jonction entre les deux parties. Ce faisant, c’est le Christ qui recueille finalement toute notre attention, lui qui se trouve ainsi présenté à notre adoration par sa très sainte Mère, comme jadis à l’adoration des mages venus d’Orient (cf. Mt 2, 1-11). En nous appuyant sur cette forme du texte – Marie-Jésus-Marie –, il me semble que nous pouvons aussi nous représenter Jésus encore porté dans le sein de Marie, gardé et protégé d’un côté et de l’autre, comme il le fut pendant neuf mois entre l’Annonciation et la Nativité.

Le mot le plus important de l’Ave Maria, c’est le saint nom de Jésus. En le redisant, nous sommes invités, dans le cadre de la récitation du rosaire, à nous attacher particulièrement à méditer tel ou tel mystère de la vie du Christ. Il ne s’agit donc pas de rabâcher des Je vous salue Marie mais de contempler, avec les yeux et le cœur de Marie, son divin Fils. Qui mieux qu’elle peut nous tenir la main pour cela ? Qui plus qu’elle a aimé Jésus et peut nous le faire aimer ?

Comptant sur la prière de la Sainte Mère de Jésus, notre Dieu et notre Sauveur, je vous bénis.