Laudato-Si – Le monde – Samedi 23 mai 2020
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Ce que nous dit le pape dans Laudato Si

« L’inégalité n’affecte pas seulement les individus, mais aussi des pays entiers, et oblige à penser à une éthique des relations internationales. Il y a, en effet, une vraie « dette écologique » particulièrement entre le Nord et le Sud, liée à des déséquilibres commerciaux, avec des conséquences dans le domaine écologique, et liée aussi à l’utilisation disproportionnée des ressources naturelles, historiquement pratiquée par certains pays. Les exportations de diverses matières premières pour satisfaire les marchés du Nord industrialisé ont causé des dommages locaux.… Le réchauffement causé par l’énorme consommation de certains pays riches a des répercussions sur les régions les plus pauvres de la terre, spécialement en Afrique, où l’augmentation de la température jointe à la sécheresse fait des ravages au détriment du rendement des cultures. À cela, s’ajoutent les dégâts causés par l’exportation vers les pays en développement des déchets solides ainsi que de liquides toxiques, et par l’activité polluante d’entreprises qui s’autorisent dans les pays moins développés ce qu’elles ne peuvent dans les pays qui leur apportent le capital ».  (LS 51)

« La dette extérieure des pays pauvres s’est transformée en un instrument de contrôle, mais il n’en est pas de même avec la dette écologique. De diverses manières, les peuples en développement, où se trouvent les plus importantes réserves de la biosphère, continuent d’alimenter le développement des pays les plus riches au prix de leur présent et de leur avenir. La terre des pauvres du Sud est riche et peu polluée, mais l’accès à la propriété des biens et aux ressources pour satisfaire les besoins vitaux leur est interdit par un système de relations commerciales et de propriété structurellement pervers. Il faut que les pays développés contribuent à solder cette dette, en limitant de manière significative la consommation de l’énergie non renouvelable et en apportant des ressources aux pays qui ont le plus de besoins, pour soutenir des politiques et des programmes de développement durable. Les régions et les pays les plus pauvres ont moins de possibilités pour adopter de nouveaux modèles en vue de réduire l’impact des activités de l’homme sur l’environnement, parce qu’ils n’ont pas la formation pour développer les processus nécessaires, et ils ne peuvent pas en assumer les coûts. C’est pourquoi il faut maintenir claire la conscience que, dans le changement climatique, il y a des responsabilités diversifiées et, comme l’ont exprimé les Évêques des États-Unis, on doit se concentrer « spécialement sur les besoins des pauvres, des faibles et des vulnérables, dans un débat souvent dominé par les intérêts les plus puissants ».Nous avons besoin de renforcer la conscience que nous sommes une seule famille humaine. Il n’y a pas de frontières ni de barrières politiques ou sociales qui nous permettent de nous isoler, et pour cela même il n’y a pas non plus de place pour la globalisation de l’indifférence » (LS 52)


 « Aujourd’hui, nous sommes invités à étendre notre réflexion au monde entier. Ceci nous conduit à nous interroger sur la situation des pays du sud où se concentrent les plus gros problèmes de faim et de sous-développement, ainsi que sur les relations que les pays riches entretiennent avec eux. Peut-on accepter aujourd’hui que 821 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde (chiffres de l’ONU) et que ce chiffre soit reparti à la hausse depuis 3 ans ? Les populations aujourd’hui les plus touchées par le réchauffement climatique ne sont pas celles qui ont le plus contribué à ce réchauffement mais les populations le plus pauvres des pays les plus fragiles ».
Bruno

TEMOIGNAGE

“Je m’appelle Matthieu, j’ai 24 ans. Il y a 3 ans, je suis parti pour une année au Timor-oriental avec Fidesco, l’ONG de la Communauté de l’Emmanuel. Une mission riche de rencontres et durant laquelle l’écologie fut très présente. Voici mon témoignage.”

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« L’encyclique Laudato Si’ nous a d’abord conforté au CCFD dans nos approches du développement, puisque nous n’agissons pas de nous-mêmes mais au travers un réseau de partenaires là-bas. Par exemple, Altaï du Timor oriental, que nous avons accueilli l’an dernier à Viroflay pendant le carême, Islanda qui aurait dû venir d’Haïti cette année, sont mieux placés que nous pour apprécier les situations locales et travailler sur des solutions avec les personnes directement concernées. A travers eux nous sommes vraiment à l’écoute à la fois du cri de la terre et du cri des pauvres.

L’encyclique nous a évidemment aussi bousculés pour aller plus loin et travailler encore plus en lien avec tous les acteurs publics et privés qui se sentent concernés par la solidarité internationale. Nous sommes convaincus qu’il nous faut également apprendre à travailler avec les entreprises de chez nous qui investissent ou commercent avec ces pays.

Nos partenaires d’Afrique, d’Amérique latine ou d’Asie sont confrontés à des problèmes d’injustice et de sous-développement, ils se retroussent les manches et ils agissent. Tout cela est très porteur d’espérance dans ce monde en pleine mutation. Mais nous pouvons, et nous devons les aider de diverses manières.

Tout d’abord, en les écoutant et en les mettant en relation avec des experts assez humbles pour ne pas vouloir faire à leur place, ou avec d’autres partenaires d’autres régions du monde. On apprend souvent beaucoup de cette manière.

Ensuite, en les aidant financièrement par des dons ou des investissements suivant les besoins. Donner au CCFD ou à d’autres organismes, orienter une part significative de notre épargne vers la finance solidaire sont des moyens concrets pour aider. Ce que nous apportons peut sembler modeste mais finalement avoir un effet d’entraînement significatif. On peut penser notamment à ce que nous faisons aujourd’hui avec l’Agence Française du Développement qui aurait été impensable il y a quelques années.

Enfin, en agissant ici chez nous, à la fois contre le réchauffement climatique dont ils sont les premières victimes, et pour modifier les règles du jeu du commerce international qui ont été établies par les pays riches. Je pense notamment au commerce équitable et à toutes les questions tournant autour de l’évasion fiscale ou de la prise en compte par les entreprises mondialisées des conséquences sociales et environnementales de leurs actions. Il y a beaucoup d’associations qui mobilisent des fonds pour telle ou telle action dans les pays du sud. La force du CCFD – Terre Solidaire, ce qui lui donne du poids pour participer à des campagnes de plaidoyer, ce sont surtout ses plus de 600 partenaires là-bas ».

François pour l’équipe CCFD – Terre Solidaire de Viroflay

Aider le CCFD – Terre Solidaire dans son action

Le CCFD – Terre Solidaire a été créé en 1966 par l’église catholique pour lutter contre la faim dans le monde et pour le développement des peuples. Il regroupe aujourd’hui 30 mouvements et services d’église ( dont les Scouts et Guides de France, le MCC, CVx, les Sociétés Saint Vincent de Paul,…) et des adhérents bénévoles.

Investir une part de ses économies dans la finance solidaire