L’APOLOGETIQUE (5) : Le problème du mal
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Chers frères et sœurs,

S’il est une question qui fait obstacle au chemin des hommes vers Dieu, c’est bien celle du mal. En écrivant cela, je me dis tout de suite que par contre, elle n’a pas fait obstacle au chemin de Dieu vers nous. Sans être une réponse facile qui résoudrait le problème ou le mystère du mal, l’Incarnation du Fils de Dieu et son mystère pascal (sa mort et sa résurrection) sont la seule source de lumière capable de vaincre totalement la noirceur des ténèbres.

Cela dit, il nous faut d’abord bien entendre l’objection, même s’il n’y a pas besoin pour cela de faire de grandes démonstrations. La présence du mal dont tout le monde a une expérience directe et évidente ne peut manquer d’interroger soit la bonté, soit la puissance de Dieu et, par là même, son existence.

Si Dieu est bon et tout-puissant, pourquoi telle catastrophe, telle maladie, pourquoi l’injustifiable souffrance des enfants ? Avant d’être un argument permettant à beaucoup de rapidement et facilement clore la question de Dieu, cette question est pour tant d’autres un scandale qui les touche directement, dans leur chair, et qui appelle surtout de notre part une véritable compassion. Tout discours, comme ceux des amis de Job, ne serait qu’une violence supplémentaire. Seule l’annonce de la bonne nouvelle peut constituer une réponse chrétienne. Elle se traduit avant tout en acte et consent souvent à la présence silencieuse et apparemment impuissante de la charité. Les disciples de Jésus reçoivent en réalité de lui la force d’être vainqueur du mal par le bien.

Il nous faut cependant chercher et ordonner notre pensée sur tout cela.

Le Catéchisme (CEC 309-314) nous invite d’abord à distinguer le mal dit physique et le mal moral.

Le premier est appelé mal physique en tant qu’il est lié à la création inachevée. Le qualificatif ‘physique’ renvoie donc à la nature et non pas à la douleur physique, comme quand on se cogne la tête.

Ce « monde “en état de cheminement” vers sa perfection ultime » fait qu’« avec le bien physique existe aussi le mal physique ». Il comporte, « avec l’apparition de certains êtres, la disparition d’autres, avec le plus parfait aussi le moins parfait, avec les constructions de la nature aussi les destructions ».

En parlant de mal moral, on désigne le péché des créatures intelligentes et libres et toutes ses conséquences. Appelées à « cheminer vers leur destinée ultime par choix libre et amour de préférence », ces créatures, « les anges et les hommes », ont introduit dans le monde ce mal moral, « sans commune mesure plus grave que le mal physique ».

Au lieu d’user de toute sa liberté pour faire du bien et “compenser” le mal physique, l’homme trop souvent ne fait qu’ajouter et même multiplier violences et destructions. Nous affirmons que « Dieu n’est en aucune façon, ni directement ni indirectement, la cause du mal moral. Il le permet cependant, respectant la liberté de sa créature, et, mystérieusement, il sait en tirer le bien. »

Apprenons par cœur cette parole de l’Ecriture : « Nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour » (Rm 8, 28) pour garder cette vérité de foi telle que l’a exprimée St Augustin :

« Le Dieu Tout-puissant (…), puisqu’il est souverainement bon, ne laisserait jamais un mal quelconque exister dans ses œuvres s’il n’était assez puissant et bon pour faire sortir le bien du mal lui-même. »

C’est précisément ce que Dieu a fait dans la Pâque de son Bien-Aimé. « Du mal moral le plus grand qui ait jamais été commis, le rejet et le meurtre du Fils de Dieu, causé par les péchés de tous les hommes, Dieu, par la surabondance de sa grâce (cf. Rm 5, 20), a tiré le plus grand des biens : la glorification du Christ et notre Rédemption ».

Evidemment, « le mal n’en devient pas pour autant un bien » et n’est jamais légitimé par une quelconque bonne intention. Il n’y a donc pas de résolution du problème du mal qui restera toujours un scandale quand il déploie sa puissance destructrice mais il y a victoire sur le mal par la surabondance de bien que Dieu a semée dans le monde par la Passion de son Fils et qui peut porter du fruit en chaque cœur qui s’ouvre librement à lui.

Que la croix de Jésus vous rende forts contre le mal et témoins de la victoire du Christ. Je vous bénis.

Questions pour la réflexion commune

Pourquoi devons-nous souvent nous taire devant la souffrance d’autrui ?

Après avoir perdu tous ses biens et surtout tous ses fils et filles, Job dit : « Nu je suis sorti du ventre de ma mère, nu j’y retournerai. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris : Que le nom du Seigneur soit béni ! » (Jb 1, 21) Que nous suggère cette parole ? Faisons mémoire du Christ lorsqu’il s’est trouvé confronté au mal : rencontre de personnes malades, possédées, endeuillées ; rencontre de l’hostilité, la haine, la violence, le mensonge. Qu’a-t-il fait ?