Chers frères et sœurs,
Encore une fois, je voudrais aborder pour vous des difficultés que vous pouvez rencontrer et qui sont liées à la Bible. Vous m’avez posé des questions sur les contradictions entre l’Ancien et le Nouveau Testament ou même entre les évangiles eux-mêmes. Une objection portait aussi sur le fait que les écrits de la Bible ont été sélectionnés et que ce serait donc seulement une œuvre humaine.
La première chose que j’ai envie de répondre est que oui, bien sûr, la Bible est une œuvre humaine et cela est très important pour nous, Chrétiens. La Bible n’est pas tombée du Ciel, dictée par l’ange Gabriel. Elle est l’œuvre de véritables auteurs humains qui ont retranscris l’histoire sainte d’Israël, de Jésus et de ses premiers disciples. La Bible est la trace écrite de la Révélation que Dieu a faite de lui-même selon différentes étapes. Les auteurs sacrés ont cherché à dire l’expérience d’hommes et de femmes que Dieu avait approchés. En même temps, cela n’empêche pas l’inspiration divine. L’inspiration n’est pas une dictée ni une manipulation de l’esprit. Et en même temps, l’Eglise affirme que « les livres de l’Écriture enseignent fermement, fidèlement et sans erreur la vérité que Dieu a voulu voir consignée dans les Lettres sacrées pour notre salut » (Vatican II, Dei Verbum, n° 11).
Que dire alors des contradictions entre les évangiles ? Ce sont plutôt des gages d’authenticité. La Bible n’est pas une supercherie organisée. Sans cela, on se serait empressé d’effacer ce genre de difficultés. Que la purification du Temple ait eu lieu au début (version johannique) ou à la fin (version synoptique) du ministère de Jésus n’a pas d’importance. Il n’y a même pas besoin de chercher à “sauver” les évangiles en disant que cela a pu avoir eu lieu deux fois. Tous les faits rapportés dans les évangiles sont historiques (oui, Jésus a multiplié les pains !) mais chaque évangéliste a pu les organiser et les présenter avec l’intention de souligner différents aspects. On sait qu’un point de vue différent peut changer la perception d’une même réalité. Certaines erreurs humaines sont même possibles mais le Saint-Esprit n’a pas dû être effrayé par elles. De fait, elles ne remettent pas en cause la vérité que les Saintes Ecritures nous transmettent.
Un mot aussi sur d’autres contradictions, celles notamment entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Ce qui a été dit les deux dernières semaines permet déjà de les comprendre et de les dépasser. Il était interdit de manger du porc tandis que Jésus considère que tous les aliments sont purs. Il fallait lapider ceux qui avaient enfreint le sixième commandement alors que Jésus ouvre un avenir à la femme adultère. David a eu plusieurs épouses et le Seigneur n’envisage manifestement qu’un mariage monogame. Non seulement cela ne nuit pas à la clarté de l’enseignement de la Bible, mais au contraire, il est plus instructif pour nous de percevoir ces évolutions que si elles n’existaient pas.
D’une manière générale, n’oublions pas que la Bible n’est pas un livre scientifique ou un reportage minute par minute d’événements passés. La Bible n’est pas la Vérité. Jésus oui. Par contre, la Bible nous permet de connaître et d’écouter le Christ ressuscité qui continue de nous parler. Elle demande un travail d’interprétation où l’Esprit Saint est le premier acteur dans l’Eglise d’hier (la Tradition et les saints) et d’aujourd’hui (Magistère vivant des évêques et chacun d’entre nous).
Dans le peu de temps qui me reste et parce que je ne pense pas revenir sur des questions bibliques dans le cadre de cette série apologétique, je dis juste un mot sur les écrits apocryphes qui troublent beaucoup. L’Eglise aurait censuré certains écrits qui dérangeaient la doctrine qu’elle entendait imposer. Non seulement ces écrits sont plus tardifs (pour certains beaucoup plus) que les évangiles dont l’origine apostolique est essentielle, mais en plus, il n’y a rien de choquant que l’Eglise, « pilier et soutien de la vérité » (1Tm 3, 15), ait exercé l’autorité qu’elle a reçue de son Seigneur pour permettre à toutes les générations de recevoir le Livre saint que Dieu voulait leur donner.
Appuyé sur l’Écriture qui est si « utile pour […] éduquer dans la
justice » (2Tm 3, 16), je vous bénis.
Quelques définitions
Johannique : tout ce qui se rapporte à l’évangéliste saint Jean.
Synoptique : signifie ce qui peut être vu ensemble ; c’est ainsi qu’on désigne habituellement les évangiles selon saint Matthieu, selon saint Marc et selon saint Luc du fait de leur plan rédactionnel commun.
Magistère : l’ensemble des évêques qui se tiennent en communion avec le Pape (lui-même étant l’évêque de Rome), en particulier selon leur charge d’enseignement et d’interprétation infaillibles grâce à l’assistance de l’Esprit Saint.
Questions pour la réflexion commune
« Jésus a eu un enfant avec Marie-Madeleine ; je l’ai lu dans le Da Vinci Code. Mais l’Eglise a tout fait pour le cacher. » Que répondriez-vous ?
Qui a construit la Tour Eiffel : Gustave Eiffel ou des ouvriers ? Et qui a écrit la Bible ?
L’Eglise n’a pas eu peur de laisser subsister des différences et d’apparentes incohérences entre les livres sacrés. Est-ce un obstacle ou une chance ? Est-ce une preuve de fausseté de la Bible ou de vérité ? A quoi cela nous oblige-t-on quand nous la lisons et cherchons à l’interpréter.