La Trinité (2)
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Chers frères et sœurs,

En vous annonçant un deuxième volet sur la Trinité, j’espère ne pas vous avoir fait trop peur. Mon intention, en tout cas, est d’être plus simple et de vous donner principalement un certain nombre d’images ou d’idées dont je me sers régulièrement pour évoquer ce mystère et aider à l’approcher.

En tout premier lieu, je vous partage une phrase qui dit beaucoup selon moi : Dieu n’est pas solitaire, il est trinitaire. Car si Dieu est unique – et je l’ai dit nettement la dernière fois – il n’est pas pour autant solitaire. Ce serait contradictoire avec ce que nous croyons fondamentalement de lui, qu’il est amour. Un dieu éternellement solitaire serait triste et renfermé, incapable de créer.

Nous croyons au contraire que sa nature étant l’amour, la communion fait aussi partie de sa nature. Dieu est donc éternellement en train d’aimer, en train de donner et de recevoir. Il ne peut pas y avoir un “moment” où Dieu resterait replié sur une solitude.

De ce fait, le catéchisme peut affirmer que Dieu est « infiniment Parfait et Bienheureux en Lui-même » (CEC 1).

Parce que Dieu est trinitaire, et non pas solitaire, non seulement il peut créer, il peut donner la vie et l’existence à d’autres, mais en même temps, il n’est pas obligé de créer ; ce n’est pas une nécessité liée à un mal-être ou à un manque quelconque. On pourrait dire que cette formule fait partie de la théologie apophatique : on ne sait pas bien dire qui est Dieu mais on sait au moins dire ce qu’il n’est pas. Si la formule n’éclaire pas beaucoup sur ce que veut dire trinitaire, elle ouvre en tout cas à une intuition de sa nécessité.

Une autre formule, positive celle-ci, peut également être utile. C’est un principe qui vient de la philosophie grecque : « Bonum diffusivum sui ».

En français, on pourrait dire que le Bien est tel, qu’il tend à se répandre.

Benoît XVI, dans une audience du 20 juin 2012, commentait cette phrase en disant : « le bien se communique, cela appartient à l’essence même du bien de se communiquer, de s’étendre. Et ainsi, puisque Dieu est bonté, il est communication de bonté. »

Cela éclaire bien sûr l’acte libre de la création mais avant cela, cela nous dit quelque chose de la nature même de Dieu qui peut donc, en lui-même, avoir ce mouvement de diffusion, de communication. Comment Dieu qui est unique pourrait “vivre” cela sans cette diversité de personnes au sein de son unique substance ?

Ce principe est traduit dans de multiples images. La théologie nous met en garde sur les façons imagées de parler de Dieu. En effet, ce qui est trahi de Dieu par ces images est toujours bien plus grand que ce qui en est explicité. Il faut donc toujours se souvenir qu’elles sont limitées. Les voici tout de même.

La première est celle du soleil qui représente Dieu, ou le Père. Le Fils serait comme les rayons et l’Esprit comme la chaleur ou la lumière. Tout cela, c’est toujours du feu ! En distinguant ces trois réalités, on dit dans le même temps leur lien absolu car il ne peut y avoir l’une sans l’autre.

Une autre image serait celle de la source qui jaillit, la vasque qui recueille et l’eau qui ne cesse de relier les deux en allant de la première à la seconde. On peut aussi parler de la source, du fleuve et du courant : de toutes les manières, c’est encore de l’eau !

Pour terminer aujourd’hui, j’aime bien aussi laisser deviner le mystère de Dieu à travers l’homme, seule créature dont Dieu dit qu’elle a été créée « à notre image, selon notre ressemblance » (Gn 1, 26).

Entre parenthèses, remarquez que Dieu parle à la première personne du pluriel, comme pour annoncer lointainement son mystère trinitaire. L’homme donc est un être spirituel, à l’image de Dieu qui est Esprit.

Or, en cette dimension spirituelle unifiée, nous pouvons distinguer, avec les Anciens, trois réalités supérieures : la mémoire, l’intelligence et la volonté.

La mémoire nous offre un lien avec la permanence de l’Etre alors que nous sommes emportés dans le temps. Je la relie au Père.

L’intelligence est cette faculté en nous qui cherche la vérité et je la relie au Fils.

La volonté est la faculté qui cherche l’amour et je la relie à l’Esprit. Ainsi, en scrutant le mystère que nous sommes à nous-mêmes, nous apercevons de loin celui de Dieu, avec sa Sagesse et son Amour infinis.

Tous ensemble, par Jésus Christ et dans l’Esprit, adorons le Père et ouvrons-nous à sa bénédiction.

Questions pour la réflexion commune

Pour Saint Irénée, le Fils et l’Esprit forment « les deux mains du Père ». Comment cette image peut-elle encore vous aider et dire des choses de la révélation ou de l’histoire du salut ?

Connaissez-vous d’autres images encore ? Celle du trèfle de saint Patrick ? Celle de la communion de l’homme et de la femme qui ne font qu’une seule chair où le troisième serait leur amour ou leur enfant ? Et peut-être d’autres encore ?

La structure même de la prière chrétienne, tournée vers le Père, en communion avec le Fils, dans l’élan du Saint-Esprit, vous donne-t-elle à percevoir quelque chose du mystère trinitaire ?