La messe (6) – La salutation
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Chers membres des cellules,

 

Nous avançons  lentement mais sûrement. Voici que le dialogue entre le prêtre et l’assemblée commence. C’est le signe de croix qui ouvre la célébration. Il est fait par tous les baptisés et les catéchumènes à l’initiative du prêtre. Cela me fait penser au récit que sainte Bernadette a fait de la première apparition (d’ailleurs, cet enseignement est daté du début de cette semaine où vous vous réunirez, le 11 février, 160 ans, jour pour jour après cet événement) : « Lorsque je voulus commencer le chapelet et porter ma main au front, mon bras demeura comme paralysé, et ce n’est qu’après que la Dame se fut signée que je pus faire comme elle. » On rapporte aussi qu’aux apparitions suivantes, « Bernadette fait son beau signe de croix, qu’elle a vu faire à la Dame ». De ces récits qui n’ont pas directement à voir avec la messe, je garde que c’est le Christ qui a l’initiative de l’événement de la messe et que c’est lui qui le fait commencer en passant par un de ses serviteurs dont il s’est fait un prêtre. Retenons aussi que le signe de croix est déjà une prière et doit toujours être bien fait, lentement, avec dévotion, en pensant à ce signe dont nous avons été marqués au baptême, signe de la Trinité et signe de l’amour victorieux du Christ sur la croix.

 

Ensuite, le prêtre salue l’assemblée en disant par exemple : « Le Seigneur soit avec vous. » Lorsqu’il s’agit de l’évêque, la salutation est celle du Ressuscité lui-même, apparaissant au milieu de ses apôtres : « La paix soit avec vous. » Le sacrement de l’ordre rend présent le Christ ressuscité en passant par le ministre qu’il s’est choisi. Le Seigneur Jésus est déjà présent d’une manière très particulière, fidèle à sa promesse : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » (Mt 18, 20) ; et encore : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Vous avez sans doute noté que, le dimanche, j’utilise de préférence une autre salutation qui est issue de l’Ecriture et plus précisément de la finale de la deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens. En voici le dernier verset : « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous » (13, 13). Dans la liturgie de la messe, la formule est traduite ainsi : « La grâce de Jésus notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous. » Plus solennelle, elle permet d’évoquer les trois personnes divines qui viennent à nous et nous accueillent ensemble. Comme le dit le Catéchisme de l’Eglise Catholique, « chaque personne divine opère l’œuvre commune selon sa propriété personnelle » (§ 258).

 

A cette salutation, l’assemblée répond d’une seule voix : « Et avec votre esprit. » Je dis “d’une seule voix” non pas qu’il faille faire particulièrement attention à le dire tous ensemble – car cela se fait tout seul – mais surtout pour souligner que c’est le dialogue entre le Christ et son Eglise, entre le Bien-Aimé et la Bien-Aimée du Cantique des cantiques, entre l’Epoux et l’Epouse dont parlent Jean le Baptiste : « Celui à qui l’épouse appartient, c’est l’époux » (Jn 3, 29a). Les paroles du Précurseur se poursuivent ainsi : « quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux. Telle est ma joie : elle est parfaite. Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue. » (Jn 3, 29bc-30) Je rapporte ceci à dessein pour dire quelque chose de ce que vit le prêtre. Dans la célébration, il apparaît être « l’époux », il lui prête son corps et sa voix mais en réalité, il n’est jamais que « l’ami de l’époux ». Son ordination l’a placé dans ce rôle d’une manière absolument imméritée mais il convient qu’il se souvienne toujours de s’effacer devant le Maître qui vient lui-même vers chacun des fidèles, entretenant avec lui une relation unique et intime dans laquelle personne ne saurait s’immiscer. Pour autant, en répondant au prêtre « et avec votre esprit », l’assemblée reconnaît la grâce du sacrement de l’ordre qui a été donnée à cet homme et qui a fait de lui « un autre Christ », selon une expression chère au Bienheureux Antoine Chevrier.

 

C’est un de ces prêtres qui s’adresse à vous et qui demande à Dieu de vous ouvrir de plus en plus à la présence de son Fils notamment dans la célébration de l’Eucharistie. Je vous bénis.