La communion des saints
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Chers frères et sœurs,

En poursuivant ensemble les réflexions commencées sur les relations interpersonnelles, je voudrais vous parler cette semaine de la communion des saints. Dans mon précédent enseignement, j’ai déjà employé cette expression qui est bien connue puisque présente dans le Symbole des Apôtres. Si vous vous souvenez bien, c’était d’abord pour parler de la Sainte Trinité. A ma connaissance, il n’est pas habituel d’utiliser cette expression pour la rapporter au mystère trinitaire mais je trouve personnellement que c’est assez éclairant de penser que notre Dieu, que le Dieu unique, vivant et vrai, est LA “communion des Saints”. Le Père est saint ; le Fils est saint ; l’Esprit est saint. Et tous trois sont en parfaite communion : un seul Dieu, communion des trois Saints.

Comme je viens de le laisser entendre, ce n’est pourtant pas le sens classique de l’expression. Le Catéchisme souligne qu’elle vient dans le Credo juste après la confession de la sainte Eglise catholique (n° 946) et qu’ainsi, elle explicite ce qu’est l’Eglise : « La communion des saints est précisément l’Eglise ». Cela dit, il convient de préciser autre chose car, en français, on imagine que “les saints”, ce sont des personnes saintes (sancti, au masculin). C’est d’ailleurs dans ce sens que j’en ai parlé juste avant à propos de la Trinité. En réalité, le premier sens, au moins chronologiquement, tel qu’il a été entendu selon son usage dans la théologie chrétienne, est celui des choses saintes (sancta, au neutre). En latin, ‘sancti’ et ‘sancta’ ont le même génitif : ‘sanctorum’. Mais laissons là ces détails qui n’amuseront que les latinistes. Et voyons ce que nous dit le Catéchisme sur l’Eglise comme “communion des choses saintes”, “communion des biens spirituels”.

Le premier de ces biens spirituels est la foi qui provient de l’écoute de la proclamation apostolique. Selon les Actes des Apôtres, dès le jour de la Pentecôte, tous les fidèles « étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (2, 42). L’Eglise est le “lieu” où résonne la Parole de Dieu, faisant naître la foi dans le cœur des auditeurs. L’Eglise est la communion dans la foi (n° 949).

Par suite et comme l’indique le même verset biblique qui mentionne « la fraction du pain », l’Eglise est la communion des sacrements (n° 950) en ce sens que le fruit des sacrements est pour le bien de tous ceux qui ont été baptisés. Le baptême nous a fait entrer dans l’Eglise, nous donnant accès aux biens que transmettent les sacrements, en particulier l’Eucharistie qui nous unit à Dieu et aux autres.

L’Eglise est encore la communion des charismes (n° 951). Comme l’a écrit st Paul, « à chacun est don­née la manifestation de l’Esprit en vue du bien » (1Co 12, 7). C’est un seul Esprit qui fait ses dons aux uns et aux autres, pour la croissance du Corps du Christ. Nul n’a à s’enorgueillir des charismes qu’il a reçus (1Co 4, 7) mais plutôt à les mettre humblement au service de tous, selon la volonté de Dieu.

Poursuivant cette déclinaison, le Catéchisme souligne, selon l’Ecriture, que ces choses saintes sont aussi des choses très concrètes comme tous les biens que les chrétiens sont appelés à mettre au service de l’Eglise et des pauvres (n° 952). Souvenons-nous encore de l’Eglise naissante où « la multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme ; et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun. » (Ac 4, 32)

Enfin, l’Eglise est la communion de la charité (n° 953). Ce don, en effet, est le plus grand et le plus excellent (cf. 1Co 12, 31). Jaillissant du côté ouvert du Christ, offert à tous, l’amour tient tout ensemble et réalise l’unité de l’Eglise, faisant d’elle un seul corps, une seule famille. Par la charité, nous sommes bien « membres les uns des autres » (Rm 12, 5). N’oublions jamais que c’est à cet amour et à cette unité que se donne à voir l’authenticité de notre vie chrétienne : « A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13, 35). En rendant grâce pour cette charité qui nous unit dans le Christ, je vous bénis.

Questions pour la réflexion commune

Puisque l’Eglise est communion de biens spirituels, quels sont ceux que je cherche ? Quels sont ceux que je néglige ?

Peut-être est-il assez naturel de voir les sacrements comme des biens à recevoir individuellement. Comment sont-ils aussi pour tous ? Quelle dimension communautaire ont-ils ? Et la communion de tous les biens, jusqu’au plus matériels, à quoi nous appelle-t-elle ?