Baptême 2 – La Croix
284 - Cellules paroissiales d’Evangélisation - septembre 2016
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Nous voilà dans ce 2ème thème autour du baptême, et nous aborderons le thème de la Croix.

En effet, la parole qui va faire entrer le futur baptisé dans l’Eglise, c’est : “Sois marqué du signe de la Croix, le signe du Christ, notre Sauveur. Alors, en cette semaine où nous avons fêté, mercredi dernier 14 septembre, la Croix Glorieuse, nous nous rendons bien compte que ce signe de la croix que nous faisons à chaque prière, on pourrait dire plusieurs fois dans notre journée, que cette croix est signe de contradiction, elle est signe provocateur, elle est signe de notre foi, c’est sûr, et en même temps, elle vient nous questionner. En effet, c’est l’instrument de torture, par excellence, à l’époque de Jésus, à l’époque  des romains et c’est devenu maintenant pour nous, le signe des chrétiens. Comment en est-on arrivé à cela?

1) Le Christ nous invite à prendre la Croix

“Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive.” (Luc 9, verset 23)

On peut imaginer que les apôtres, en écoutant sa parole n’ont pas vraiment compris ce que le Christ leur demandait. Certes, ils savaient que des personnes mourraient sur la croix. Ils sont tellement loin d’imaginer que Jésus va les conduire vers cet objet de supplice, pour l’instant, ils voient quelqu’un qui guérit, qui fait du bien, qui pardonne, qui purifie. Quelle est donc cette histoire de croix ? Ils sentent bien qu’il y a une épreuve annoncée mais il leur faudra du temps. Rappelez-vous les trois annonces de la Passion lors de la montée à Jérusalem, Pierre qui refuse cette annonce de la mort du Christ sur la croix, et Jésus lui dira : “Passe derrière moi Satan”. Il y a donc un véritable scandale qui n’est pas audible à l’époque, on va dire “pré-Mystère Pascal”. Et, même pour les apôtres et même pour l’Eglise naissante, cette expérience de la Croix devrait être vécue, et nous  le voyons bien avec Saint Paul.

2) La conversion de saint Paul face au mystère de la Croix

En effet, pour saint Paul non seulement il va faire l’expérience de la rencontre du Christ, lors de sa conversion sur le chemin de Damas, mais il va expérimenter combien ce qui paraissait d’abord un échec, va devenir puissance de Dieu. On va le voir tout spécialement dans la lettre aux Corinthiens. Face à cette communauté de Corinthe qui vit dans le luxe, dans la tension, saint Paul va rappeler à cette première communauté chrétienne, combien la Figure du Christ sur la croix est sagesse, est nouveau chemin. Saint Paul sait bien que ce n’est pas avec la sagesse du monde qu’il va se présenter à cette communauté, mais bien avec une autre sagesse qui n’est pas langage persuasif, mais qui va être sa faiblesse (Lire 1 Cor 2, v 1 à 4). La croix, en raison de tout ce qu’elle représente est scandale et folie. Relisons ce passage :

“Car le langage de la croix est folie pour ceux qui vont vers leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu. Il a plu à Dieu de sauver les croyants par cette folie qu’est la proclamation de l’Evangile (…)  Alors que les juifs réclament les signes du Messie et que le monde grec recherche une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les juifs et folie pour les païens. (1 Cor 1, v 1 à 25)

Ce scandale, cette folie de la croix se trouve précisément dans le fait que, là où il semble n’y avoir qu’échec, douleur, défaite, eh bien, c’est là où se révèle la puissance  de l’Amour infini de Dieu. Le mot scandale, “scandalum”  c’est le piège, la pierre d’achoppement, c’est ce qui nous fait tomber. Pour les juifs, ce Dieu tout puissant, ce Dieu créateur, comment peut-Il mourir sur la croix ? Et encore plus pour les grecs qui cherchaient une sagesse, puissante face au monde, cette annonce de la croix parait tellement insipide, et ce mot folie, c’est le côté illogique, irrationnel, et, rappelez-vous, à Athènes, ils disaient à saint Paul : “tu nous en parleras une autre fois.”

3) Alors, nous, comment nous situons-nous face au Mystère de la Croix?

Est-ce qu’elle est encore pour nous un scandale, une incompréhension ? Et c’est vrai que parfois on peut toucher dans nos vies, cette souffrance, cette limite, cette pauvreté, et on a envie de réagir comme les juifs et les païens de l’époque de Jésus en disant :  “c’est insupportable, où est Dieu dans tout cela?”. Ou est-ce que nous trouvons un message nouveau, une espérance? En tant que baptisés, marqués du Signe de la Croix, nous sommes invités à comprendre que c’est dans la faiblesse, dans notre fragilité aussi, que Dieu vient nous rencontrer et qu’il y a là une nouvelle puissance, puissance non pas aux yeux du monde, mais puissance aux yeux de Dieu.

Demandons la grâce de ne pas avoir peur de la Croix et de comprendre que dans notre pauvreté,  dans notre fragilité, le Christ vient nous rencontrer, qu’il vient ouvrir un avenir, une espérance. Et qu’ en franchissant la porte de l’Eglise, unis au Christ, nous entrons dans la Vie, nous entrons dans la Victoire, cette Croix Glorieuse que nous avons fêtée, cette Croix n’est plus l’instrument de mort, elle devient la Porte du Ciel, elle devient la Clé qui nous ouvre la Vie Eternelle. Puissions-nous, dans notre prière, rendre grâce pour le don que Dieu nous fait dans le Mystère de la Croix. Amen.

 

Père Ronan Dyèvre