Adoration (4) – Adorer, c’est fermer les yeux
241 – Cellules paroissiales d’Evangélisation – 2014
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Nous avons dit qu’il y avait ce regard entre Dieu et nous : Dieu nous regarde et moi qui regarde Dieu….Mais reconnaissons-le, très souvent lorsque nous adorons, nous fermons les yeux ! Pourquoi fermer les yeux ?

Parce que nous prenons ce temps de prière privilégiée, nous avons besoin d’être tourné vers l’Essentiel, ne pas être dispersé, ne pas être dérangé par le bruit, par toutes nos activités, par tout ce qui peut effectivement nous attirer autour de nous. Et donc l’adoration est ce moment privilégié où nous sommes à l’Essentiel avec pas grand-chose à regarder, même si c’est le Christ ! Pas de bruit, mais ce cœur à cœur ! Et ce silence qui va nous faire aussi toucher notre limite, avec souvent cette fatigue du corps. Je parle de l’adoration non seulement pendant la nuit mais aussi pendant le jour. Comme nous venons nous arrêter, nous poser, le corps s’arrête. Ce relâchement du corps, ce n’est pas le plus grave, loin de là !

Mais il peut y avoir un relâchement du cœur, de l’âme qui dans ce silence extérieur, le malin va essayer de piéger l’âme en la faisant entrer dans un silence de la relation !

Les moines dans la vie monastique en font cette expérience appelée l’acédie, c’est-à-dire ce non goût, cette tristesse de l’âme qui peut avoir des conséquences très fortes pour le moine qui ne ressent plus rien, qui est là et qui n’a plus rien à dire… Je me souviens d’un moine qui pendant 15 ans, tous les matins, se disait ‘’mais qu’est-ce que je fais là ?’’ ‘’ Mais je tenais parce que je m’étais engagé’’. Et puis plus aucun ressenti, plus aucun gout dans la prière.

Là on touche ce silence de l’âme et parfois ça peut nous toucher dans l’adoration ! Et qu’est ce que je fais là ! Il ne se passe rien ! Mon âme est toute silencieuse.

Face à cela il faut laisser le Seigneur, tel le bien-aimé du cantique des cantiques, qui vient frapper à notre porte. C’est la bien-aimée qui parle : Je dors mais mon cœur veille. J’entends mon bien-aimé qui frappe.

‘’Ouvre moi ma sœur, mon amie, ma colombe, ma parfaite. (Cantique 5,2)’’

Gardons, même si nous nous endormons, gardons ce cœur qui veille, qui ne s’endort pas.

Notre corps peut s’endormir, que notre cœur ne s’endorme pas !

Notre corps peut être fatigué, que notre cœur ne relâche pas le désir !

D’où l’importance de venir, même si nous sommes fatigués

« Seigneur, je t’offre ce temps, je t’offre mon désir, je t’offre toute ma démarche »

Sainte Thérèse avait bien compris cet état de vigilance, cette vigilance qui est le rappel de ce que le Christ nous invite à veiller et prier. Comment vivait-elle cela alors qu’elle touchait sa fragilité aussi. Elle a cette très belle phrase :

« Je devrais me désoler de dormir pendant mes oraisons et mes actions de grâce. Eh bien, je ne me désole pas ! Je pense que les petits enfants plaisent autant à leurs parents quand ils dorment que quand ils sont éveillés !

Je pense que pour faire des opérations, les médecins endorment leurs malades !

Enfin le Seigneur voit notre fragilité, qu’il se souvient que nous ne sommes que poussière. »

 

Le psalmiste nous rappelle en effet que Dieu comble son bien-aimé qui dort. (Psaume 127, 2)

 

Je voudrais tout simplement vous dire, non pas endormez-vous pendant l’adoration, mais, je vous invite à venir adorer même lorsque votre corps peut être fatigué, à offrir votre présence, à rester dans cet état de veille intérieur. Que votre âme ne s’endorme pas. Que votre âme soit toujours pleine de désir.

Le malin qui veut parfois endormir, mettre la tristesse, le découragement dans notre âme, et bien qu’il trouve un cœur vaillant qui sera là fidèle dans l’adoration

Que ces temps avec le Seigneur soient des temps privilégiés

 

Bonne adoration

 

Père Ronan Dyèvre