Faire partager la grâce que nous avons reçue
Dominicales n° 394 - 18 septembre 2005 - 25ème dimanche du temps ordinaire (année A)
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Faire partager la grâce que nous avons reçue

L’histoire des ouvriers de la dernière heure (Mt. 20,1-16) se termine d’une façon surprenante : “Les derniers seront premiers et les premiers seront derniers !” Cette formule, qui donne l’impression de conclure la parabole… la rend difficilement intelligible !
D’après la parabole nous serions tous égaux. .. et d’après cette conclusion, il y aurait des premiers et des derniers !
Les exégètes ont remarqué que certains passages de I’Evangile ne sont plus tout à fait à leur place initiale… ceci en est un bon exemple.
En fait, cette conclusion correspond à une autre parabole : celle des invités à un repas. Elle signifie que ceux qui sont à l’affût des premières places en ce monde seront les derniers dans la vie éternelle.
La “bonne place” c’est celle de serviteur… ceux qui auront privilégié l’amour et le service seront les premiers dans la gloire du Ciel.

Dans l’histoire des ouvriers de la dernière heure, tous ont le même salaire… mais ce n’est pas une parabole sur l’autre vie… et, de ce fait, rien ne permet de supposer que nous serons égaux dans la vie éternelle.

Sa conclusion est : «Auras-tu un œil mauvais parce que moi je suis bon ?» Si Dieu aime un autre autant que moi, il ne me fait pas de tort… s’il lui fait la même grâce qu’à moi, comment lui en vouloir : toute grâce est imméritée !
Je ne peux que rendre grâce… pour moi comme pour lui !
Le message est d’abord adressé aux pharisiens qui n’admettaient pas que des collecteurs d’impôts, des pécheurs et même des païens, soient accueillis par Jésus à l’égal des juifs religieux… et qu’ils aient droit à la même considération.
Cette situation se retrouvera à l’époque apostolique, où les païens convertis avaient la même place, dans l’Eglise, que les chrétiens issus du judaïsme.
Beaucoup de juifs hésitaient à se convertir à la foi chrétienne parce qu’ils avaient l’impression de perdre les privilèges du Peuple élu.
Et pourtant, ils ne perdaient rien : la grâce qui est révélée et proposée aux disciples du Christ est sans commune mesure avec l’espérance d’Israël dans l’ancienne Alliance.
Que les chrétiens soient Juifs de naissance ou d’origine païenne : ils sont appelés à partager la filiation divine du Christ… à entrer en communion avec la vie des trois Personnes divines.
Un tel don dépasse de loin toutes les attentes du Peuple d’Israël… et le fait que les autres peuples soient appelés à la même grâce ne constitue pas une injustice envers le Peuple de Dieu.
C’est l’aboutissement de la destinée des fils d’Israël, et beaucoup parmi eux l’ont compris : Pierre, Paul, les Apôtres et une foule d’autres croyants ont consacré leur vie à l’annonce de l’Evangile.
A l’opposé de la jalousie d’Israël, leur unique désir était de faire partager la grâce qu’ils avaient reçue.

Avons-nous un même désir missionnaire ?
Il est vrai que si la foi est en marge de notre vie… si Dieu y tient une place secondaire… il est peu probable que nous soyons des témoins rayonnants.
Pour avoir envie de rayonner, il faut comprendre la chance que nous avons… être conscients que la Parole de Jésus de Nazareth est la Bonne Nouvelle qui donne son sens à notre destinée.
Pour nous qui avons tant reçu de Dieu, cette parabole est une invitation à rendre grâce… à être conscients de la présence de Dieu, de sa tendresse, de son pardon, de la vie nouvelle et éternelle qu’il fait grandir en nous depuis notre Baptême… et tout
naturellement, à consacrer une part de notre temps et de notre énergie à faire rayonner cette Bonne Nouvelle.

JCP