« De toutes les nations faites des disciples. » (Mt 28,19)
Dominicales n° 639 - 8 janvier 2012 - Solennité de l'Épiphanie du Seigneur
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« De toutes les nations faites des disciples. » (Mt 28,19)

Épiphanie est un mot grec qui veut dire « manifestation ». On veut dire par là que Jésus a rendu publique sa mission d’envoyé de Dieu.
Il est d’ailleurs probable que saint Matthieu, qui raconte l’histoire des Mages venus d’Orient, a bien cela en tête. Et il conclut son Évangile par ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc : de toutes les nations faites
des disciples. »
Dieu a d’abord parlé au peuple d’Israël. Mais si ce peuple a vraiment cru que Dieu lui parlait, comment a-t-il pu croire que cette Parole de Dieu était pour lui seul.
La question qu’on pourrait se poser, c’est : « Pourquoi Jésus a-t-il limité sa mission au peuple et au territoire d’Israël ? »
Pour le comprendre, il faut se souvenir qu’une partie de ce peuple a reconnu en Jésus le Messie attendu. Les Apôtres sont tous des Juifs, mais aussi la foule des premiers disciples. La première Église, ce sont des Juifs, et jusqu’au troisième siècle, ils
seront le noyau de l’Église.
Ce qui veut dire que le peuple de Dieu a bien joué son rôle. C’est un peuple qui avait, à la fois un sens de Dieu et une grande exigence de sainteté ou de pureté morale, ce qui a rendu possible l’annonce de l’Évangile.
On ne voit pas comment Jésus aurait pu révéler sa condition divine à des Grecs ou à des Romains : ils auraient tout compris de travers. Quand il la révélait aux docteurs de la Loi, ils étaient scandalisés, mais, au moins, ils comprenaient.
Il n’aurait pas pu, non plus, annoncer la morale de l’Évangile au monde gréco-romain, particulièrement corrompu.
En Israël, par contre, il trouvait une grande exigence de pureté morale, même s’il va encore plus loin dans l’appel à la sainteté, au nom d’une morale de l’amour.
Qu’il s’agisse du sens de Dieu ou du sens moral, le peuple juif avait hérité d’une culture, d’un langage et d’un mode de vie qui leur permettait d’entendre le message de l’Évangile. Par les prophètes, on peut dire que Dieu avait préparé un peuple capable
d’entendre le message du Nouveau Testament.
À partir de ce moment, saint Paul a pu annoncer aux païens, c’est-à-dire à toutes les autres nations, ce qui était le projet de Dieu : ce qu’il appelle « le mystère » ou la révélation par excellence :
“Vous les païens, vous avez sans doute appris le projet de la grâce de Dieu qui m’a été transmis à votre intention, comment par révélation j’ai eu connaissance dumystère : à savoir queles païens ont le même héritage, le même corps, la même Promesse,dans le
Christ Jésuspar le moyen de l’Évangile.”(Éph.3,2-6)
Le mystère, c’est que tous sont incorporés au Christ et qu’ils sont introduits dans la vie divine : c’est le projet de Dieu auquel sont appelés tous les hommes, qu’ils appartiennent à Israël ou aux nations païennes.
Nous, les païens, nous sommes devenus, non seulement disciples du Christ, mais corps du Christ : c’est le mystère par excellence.
On comprend pourquoi l’Évangile de saint Matthieu qui commence par une visite des païens au Messie qui vient de naître… s’achève par cette parole de Jésus : “Allez annoncer l’Évangile à toutes les nations.”
JCP