“Ceci est mon corps livré pour vous.”
Dominicales n° 540 - 14 juin 2009 - Fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ (année B)
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“Ceci est mon corps livré pour vous.”

La lettre aux Hébreux s’adresse à des Juifs devenus chrétiens (les judéo-chrétiens) qui avaient été nourris de l’Ancien Testament.
Pour nous dire qui est Jésus et quel Salut il nous a donné, l’auteur inspiré fait des comparaisons avec plusieurs réalités qui constituaient la religion de l’Ancien Testament : le Temple, le grand prêtre, les sacrifices, l’Alliance.
Jésus est le Temple de la nouvelle alliance. Le Temple était le lieu de la rencontre de Dieu… mais désormais, c’est dans la personne du Christ que tout homme peut faire la rencontre de Dieu.
Jésus est aussi le Grand prêtre de la nouvelle alliance. Un prêtre dans l’Ancien Testament était celui qui offrait les sacrifices. Mais Jésus n’offre qu’un seul sacrifice : il donne sa propre vie, de sorte qu’il est à la fois le Prêtre et la victime !
Ce langage était très parlant pour des Juifs convertis.
Il voulait dire que Jésus n’est pas seulement le Messie attendu. Il est aussi le Temple, le Grand prêtre et la victime du sacrifice de la Nouvelle alliance : il ne vient pas seulement accomplir l’attente d’un Messie… il est l’accomplissement de toutes ces
réalités qui constituaient la religion de l’Ancien Testament et qui se réalisent dans sa personne.
Toute notre destinée s’accomplit dans la rencontre de Jésus et dans notre communion avec lui et à sa vie de Fils de Dieu.
Cette vie nouvelle, lui seul peut l’accomplir. Dans l’Ancienne alliance les rôles importants étaient répartis entre plusieurs personnages ; dans la Nouvelle alliance, ils se concentrent dans la personne du Fils… et au centre de sa destinée ou de sa mission, il
y a le sacrifice de la croix, qui est un geste d’amour.
Si cet amour s’est manifesté d’une façon aussi dramatique, c’est parce que l’enjeu était grave : parce que le péché est la seule chose qui puisse nous couper de Dieu éternellement. Pour nous manifester la tendresse de Dieu et son pardon, Jésus a choisi le
geste d’amour le plus parlant.
On raconte que le Père Maximilien Kolbe, à Auschwitz, s’est substitué à l’un de ses compagnons de captivité, qui était père de famille : il a pris sa place pour mourir dans le “bunker de le faim”.
Dix prisonniers avaient été condamnés à mourir de faim. Lui n’était pas touché par cette condamnation : il s’est substitué volontairement.
On ne sait pas si les autres étaient coupables, mais lui, en tout cas, ne faisait pas partie des coupables, et il s’est substitué à l’un d’eux.
Il est difficile d’imaginer un plus grand acte d’amour. Le geste de Maximilien Kolbe nous parle mieux que tous les discours, et il nous fait toucher du doigt le sens du sacrifice de Jésus.
Le Père a donné son Fils par amour pour les hommes, et le Fils a donné par amour tout ce qu’un homme pouvait donner, jusqu’à donner sa vie.
Par ce don de soi, qui a eu lieu autrefois, au mois d’avril 30, au moment de la Pâque juive, il nous donne le pardon et il fait de nous des fils adoptifs.
Mais cet acte d’amour n’est pas simplement un acte du passé. Jésus nous fait comprendre que cet acte s’accomplit aujourd’hui dans l’Eucharistie.
Quand il donne la communion à ses disciples, il leur dit : “Ceci est mon corps livré pour vous … ceci est mon sang versé pour tous les hommes.”
Les sacrifices de l’Ancien Testament comportaient généralement une communion au sacrifice : un repas liturgique où l’on partageait la victime offerte.
Jésus a fait l’Eucharistie pour qu’elle soit notre communion à son sacrifice. Par l’Eucharistie il nous fait partager sa propre vie : il nous donne son corps pour que nous devenions un seul corps avec lui.
JCP