« Mon Dieu, je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme les autres hommes. » (Lc 18,11)
Dominicales n° 361 - 24 octobre 2004 : 30e dimanche du temps ordinaire (année C)
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« Mon Dieu, je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme les autres hommes. » (Lc 18,11)

Telle est la prière que cette Parabole met, comme un exemple à ne pas suivre, dans la bouche du Pharisien.
La prière d’action de grâces serait-elle suspecte ?
Dans l’hypothèse où ce pharisien n’est effectivement ni voleur, ni adultère, fait-il un péché en étant conscient de ses qualités ?
Il existe une prière d’action de grâce qui n’est pas suspecte : le Magnificat, où l’on voit que Marie est, plus encore que le Pharisien, consciente de ses qualités et de sa perfection :
« Toutes les générations me diront bienheureuse, parce que le Tout puissant a fait pour moi des merveilles. » (Lc 1,48-49)
Des paroles que le pharisien n’aurait pas osé dire !
Où est la différence entre ces deux attitudes ?
Il ne semble pas qu’il s’agisse d’une différence de langage ou de formule.
La formule employée par le pharisien pourrait être acceptable :
« Seigneur, je te rends grâce… pour telle ou telle qualité. »
Mais que veut-il dire par là ? Veut-il remercier Dieu avec humilité, comme Marie, ou s’admirer lui-même ?
La différence est considérable !
Son attitude est celle que Jésus, comme Saint Paul, reproche aux docteurs de la Loi.
Ils ont reçu de Dieu la Loi de Moïse, mais ils pensent que sa mise en œuvre ne dépend que d’eux, de telle sorte que leur pratique de la Loi leur donne droit au salut… Dieu leur doit la Vie éternelle !
« Qui s’élève sera abaissé. » (Lc 18,14) S’élever devant Dieu, c’est avoir perdu le sens !
On ne saurait dire à Dieu : « Voilà ce que j’ai fait… tu me dois tant ! »
Si quelqu’un se veut conscient de ses droits devant Dieu, c’est qu’il n’a aucunement conscience de ce qu’est Dieu, qui est la Source et le Principe de tout ce que nous sommes et de tout ce que nous avons !
Le Pharisien de cette parabole ne s’adresse pas à un Dieu Créateur et Sauveur, mais à un Législateur avec qui il croit être en règle : il ne lui doit rien… c’est Dieu qui lui doit la récompense des justes !
Le Publicain, au contraire, a profondément conscience d’être indigne de la tendresse de Dieu, et pourtant il croit que Dieu peut lui pardonner, et en cela il est dans la vérité : « Quand il rentra chez lui, c’est lui, je vous le déclare, qui avait été
sanctifié, et non pas l’autre. » (Lc 18,14)
Il est réconcilié et sanctifié : ce qui suppose une volonté de changer de vie, comme Zachée, un autre publicain, qui décide de rembourser tout ce qu’il avait volé, ou comme la femme pécheresse à qui Jésus dit : « Je ne te condamne pas. Va et désormais ne pèche
plus. » (Jn 8,11)
JCP