“Ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle.” (Mt 25,46)
Dominicales n° 514 - 23 novembre 2008 - Fête du Christ, Roi de l'univers (année A)
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“Ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle.” (Mt 25,46)

Pourquoi Jésus dit-il les choses d’une façon aussi tranchée… pourquoi employer le terme de “châtiment” qui donne l’impression que Dieu s’acharne sur les pécheurs et leur refuse éternellement son pardon !
Si Jésus nous avait demandé notre avis, on lui aurait conseillé de faire plus attention… on lui aurait dit : “Seigneur, tu vois bien tout le mal que tu as pour faire comprendre aux hommes que Dieu est amour… alors une parabole comme celle-là, ça va être un
désastre !”
Supposons qu’il nous ait pris au mot, et nous ait invité à écrire l’Évangile à notre idée. En partant du principe que Dieu est amour, et qu’il est tout-puissant,  non seulement on aurait réécrit l’Évangile, mais on aurait refait le monde.
On aurait imaginé un monde dans lequel chacun aurait été libre de faire tous les péchés qu’il veut, naturellement… mais où le péché aurait été sans conséquence sur notre destinée éternelle… un monde où les hommes auraient pu être irresponsables… et où Dieu
aurait été en admiration devant les petits monstres qu’il aurait créés, et devant toutes les horreurs qu’ils peuvent inventer.
C’est peut-être l’Évangile que les hommes d’aujourd’hui aimeraient entendre : l’Évangile totalement adapté à notre temps dont on rêve quelquefois… mais ce n’est pas l’Évangile de Jésus Christ.
Jésus nous dit que Dieu est amour, et cela personne ne l’avait dit comme lui ! Mais il nous dit aussi que Dieu n’est pas indifférent à l’amour que nous pouvons lui donner en retour.
Comment pourrait-on dire : “J’aime ma femme, ou mon mari, ou mon fils, mais cela m’est totalement égal de savoir s’ils m’aiment en retour !”
Si de tels sentiments sont inhumains, comment seraient-ils les sentiments de Dieu ?
Et pour le cas où nous aurions des doutes, le Fils unique nous confirme que l’amour est la seule chose qui compte à ses yeux, et qu’il attend de nous. C’est d’ailleurs la seule chose que nous pouvons lui donner.
On comprend pourquoi l’amour est le premier commandement : celui qui résume la Loi et les Prophètes.
Et si la réussite de notre vie se résume à cela, le refus d’aimer est l’échec de toute une existence. Dans un tel cas, ce n’est pas Dieu qui nous rejette, c’est nous qui le rejetons, et qui refusons, du même coup, la vie éternelle.
C’est pourquoi le côté dramatique de cette Parabole n’a rien de surprenant. Jésus nous révèle les conséquences éternelles de l’amour, et celles du refus d’aimer. Il le dit dans un langage vigoureux, précisément parce qu’il nous aime et qu’il veut nous sauver.
Quand on voit le nombre de chrétiens qui ne prennent pas au sérieux ce risque de perdition éternelle, on se demande ce qui se serait passé s’il avait été moins catégorique.
Mais, en même temps, cette Parabole, malgré ses images un peu abruptes, nous fait comprendre ce que sera vraiment le jugement de Dieu. Un jugement qui n’aura rien d’une sentence venue de l’extérieur, mais qui sera l’aboutissement de chacun de nos actes
d’amour.
Jésus ne demande pas seulement d’aimer Dieu… mais d’aimer, écouter, accueillir et servir tous ceux qui ne sont pas intéressants à aimer : ceux qui ne peuvent rien nous apporter, mais qui ont besoin d’être aimés.
Cet amour dont nous avons l’impression qu’il est mal reçu ou mal compris… qu’il tombe dans le vide et n’aboutit à rien… il nous révèle qu’il conduit directement à lui, le Fils unique de Dieu :
“En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” (Mt 25,40)
JCP