L’unité des chrétiens
Dominicales n° 483 - 27 janvier 2008 - 3ème dimanche du temps ordinaire (année A)
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L’unité des chrétiens

Alors que beaucoup de chrétiens se réjouissent de cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens… d’autres sont un peu inquiets !
Ils ont l’impression que l’Eglise Catholique n’est plus très sûre d’être l’Eglise instituée par le Christ… ils ont le sentiment que certains de ses responsables sont prêts à remettre la foi en question pour faciliter le rapprochement avec nos frères séparés.

Ils ont tort de s’inquiéter, car l’Eglise n’a pas le pouvoir de modifier le message de foi qu’elle a reçu des Apôtres… et ceux qui l’oublient ne peuvent faire que du tort à la cause œcuménique.
C’est ce que rappelle le Concile Vatican II dans son décret sur l’Oecuménisme :

“Le Concile exhorte les fidèles à s’abstenir de toute légèreté, de tout zèle imprudent, qui pourraient nuire au progrès de l’unité. Leur activité œcuménique ne peut-être, en effet, que pleinement et sincèrement catholique, c’est-à-dire fidèle à la vérité reçue
des Apôtres et des Pères, et conforme à la foi que l’Eglise catholique a toujours professée.”
En laissant croire à nos frères séparés qu’on pourra, un jour, remettre en question les points essentiels de la foi, on ne peut aboutir, à plus ou moins long terme, qu’à des déceptions et des incompréhensions.
Nous ne sommes pas des propriétaires qui pourraient librement disposer de la foi, mais les serviteurs et les dépositaires d’un héritage venu de Dieu.

Mais être sûr de Dieu, ce n’est pas être sûr de soi et arrogant ! Cela implique, au contraire, beaucoup d’humilité… parce que nous sommes loin d’être à la hauteur de ce don de Dieu.
En ce qui concerne nos comportements, on ne peut pas dire que l’ensemble des catholiques donne une image très attirante de l’Eglise. Et dans le domaine des idées, l’humilité s’impose également.

Il est vrai que nos frères protestants se sont écartés de l’Ecriture et de la Tradition sur des points importants, mais un regard un peu lucide sur les idées à la mode dans l’Eglise au cours des dernières décennies, sur la presse catholique d’avant la guerre,
sur les catéchismes officiels du début du siècle… montre à l’évidence que l’Eglise est également capable de se tromper sur les sujets les plus divers.
L’Eglise possède le charisme de l’infaillibilité quand elle promulgue un dogme, mais, en dehors des définitions de foi, elle doit rester prudente et modeste. Il existe une “culture catholique” qui est, pour l’essentiel, le reflet de l’Evangile… mais qui
véhicule également des croyances discutables, des préjugés et des erreurs.

Sans renier notre appartenance à l’Eglise instituée par le Christ… ni rien renier de ce qui constitue l’héritage de la foi apostolique… nous devons avoir un regard critique sur nous-mêmes, nos pauvretés et nos étroitesses. Au plan spirituel, comme au plan
théologique ou intellectuel, chacun de nous a du chemin à faire, qu’il soit catholique ou protestant, pour se rapprocher de l’Evangile… et ce chemin est le seul qui puisse également nous rapprocher les uns des autres.

JCP