La grâce de l’unité
Dominicales n° 548 - 4 octobre 2009 - 27e du temps ordinaire (année B)
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La grâce de l’unité

Le chapitre 2 du livre de la Genèse est le plus ancien des deux récits de la création. Le chapitre 1 propose des images différentes (les six jours de la création, l’homme créé le dernier jour et non plus en premier), mais il s’en inspire pour l’essentiel.
Les deux récits font la liste de toutes les réalités de l’univers, telles qu’on se les représentait à l’époque, pour dire que Yahvé a créé chacune d’elles… et tous deux parlent du mariage.
Le mariage n’apparaît pas comme un contrat parmi d’autres, mais comme un projet du Créateur : “L’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront qu’une seule chair.” (Gen. 2,24)
On peut supposer que l’auteur inspiré qui a écrit ces paroles, aimait sa femme, et lui était fidèle. Son intention est de dire ce que doit être le mariage, selon le projet de Dieu.
Cet auteur connaissait le Décalogue qui est un texte plus ancien. Un des dix commandement disait : “Tu ne commettras pas d’adultère.” (Ex. 20,14)
Il connaissait également le texte de la Loi de Moïse (Deut. 24,1-4), mentionné dans l’Évangile, qui autorisait le divorce à certaines conditions. Mais il semble avoir une autre idée du mariage.
L’Ancien Testament est une révélation en progrès. Si c’était une révélation achevée, il n’y aurait pas de Nouveau Testament ! Mais, déjà dans l’Ancien Testament, on se rapproche peu à peu du message de Jésus.
Le livre de Malachie comprend l’enseignement de la Genèse comme une condamnation divine de la répudiation : “Yahvé a été témoin entre toi et la femme de ta jeunesse, que toi tu as trahie, alors qu’elle était ta compagne et la femme de ton alliance. N’a-t-il
pas fait un être unique : chair animée d’un souffle de vie ? Respectez votre vie : qu’on ne trahisse pas la femme de sa jeunesse, car je hais la répudiation, dit Yahvé le Dieu d’Israël.” (Mal. 2,14-16)
Jésus reprend le chapitre 2 de la Genèse, et il ajoute : “Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas.” (Mc 10,9)
Quand on commente ces paroles, on insiste généralement sur l’indissolubilité du Sacrement de mariage… c’est d’ailleurs ce que fait Jésus, puisqu’il ajoute : “Celui qui renvoie sa femme pour en épouser une autre est coupable d’adultère envers elle.” (Mc 10,11)
Mais, de cet Évangile, il ne faut pas retenir que le côté exigeant. Jésus dit également : “Ce que Dieu a uni.”
C’est la grâce du mariage : c’est le don que Dieu fait aux époux, chaque jour de leur vie commune.
Dans le mariage, comme dans tous les domaines, la grâce de Dieu ne détruit pas la liberté. Les dons de Dieu ne s’imposent jamais à l’homme, ce qui veut dire qu’ils doivent être accueillis et cultivés.
Mais Dieu, lui, est fidèle : le mariage ce n’est pas seulement l’engagement d’un homme et d’une femme, c’est une promesse et un engagement de Dieu envers les époux de leur faire la grâce de l’unité.
Dans nos communautés chrétiennes, les divorces sont rares. Il n’y a pas à s’en glorifier, mais plutôt à rendre grâces : à remercier ce Dieu fidèle qui veut l’unité des époux et leur promet les dons nécessaires pour se réconcilier dans les moments difficiles…
et pour que, jour après jour, ils grandissent dans l’amour.
JCP