“Jérusalem, les nations marcheront vers ta lumière.” (Is. 60,30)
Dominicales n° 599 - 2 janvier 2011 - Épiphanie du Seigneur (année A)
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“Jérusalem, les nations marcheront vers ta lumière.” (Is. 60,30)

Dans l’Évangile de saint Luc, ceux qui étaient venus à la crèche étaient des bergers : les plus méprisés en Israël, impurs, indignes de participer au culte d’Israël. On ne les aurait pas laissés entrer dans le Temple de Jérusalem.
Mais Jésus n’était pas dans le Temple, il était dans une bergerie, et ils ont pu s’approcher. Ils n’étaient pas impurs ni indignes, parce que leur cœur était pur. Et là, ils ont rencontré Dieu, comme personne ne l’avait jamais rencontré à Jérusalem.
Dans l’Évangile de saint Matthieu, ce sont des étrangers qui rencontrent l’enfant à Bethléem. Eux non plus n’auraient pas été autorisés à entrer dans le Temple. Mais ils viennent vers un enfant qui est mieux que le Temple de Dieu : qui est le lieu véritable de
la présence de Dieu.
Ils demandent : “Où est le roi des juifs qui vient de naître ?”
Eux, qui sont étrangers au peuple d’Israël, il reconnaissent cet enfant comme le Messie : le roi d’Israël.
Que tous les hommes soient appelés au salut, ce message n’était pas nouveau pour ceux qui connaissaient le prophète Isaïe : “Debout, Jérusalem : les nations marcheront vers ta lumière.” Le Dieu d’Israël est appelé à devenir le Dieu de tous les peuples.
A l’époque où il a été écrit, un tel message n’allait pas de soi : il représentait un acte de foi extraordinaire. C’est un texte écrit au sixième siècle avant Jésus, pendant la déportation à Babylone : Jérusalem était en ruine, le peuple était déporté loin
d’Israël… tous les gens raisonnables pensaient qu’il allait disparaître.
Tous les gens raisonnables, mais pas le prophète Isaïe. Alors que son peuple semble anéanti, il garde une foi absolue dans le Dieu d’Israël. Alors que Jérusalem est une ruine à l’abandon, il annonce le retour du peuple de Dieu dans sa ville sainte, et il voit
les nations païennes qui viennent partager sa foi.
On rencontre des gens qui pensent avoir la foi tout en croyant que l’Église est en train de disparaître. La foi d’Isaïe, c’était autre chose.
Elle ressemble à la foi de saint Paul, qui fera de lui un missionnaire :
“Vous (les païens) avez sans doute appris le projet de la grâce de Dieu qui m’a été transmis à votre intention, comment par révélation j’ai eu connaissance du mystère… (Paul a eu la révélation du projet de Dieu sur nous : ce qu’il veut faire de nous)
Ce mystère du Christ n’a pas été révélé aux hommes des générations passées comme il a été révélé maintenant … [à savoir] que les païens ont le même héritage, le même corps, la même Promesse, dans le Christ Jésus par le moyen de l’Évangile.”
Saint Paul nous révèle le mystère du Christ par excellence : celui qui exprime et qui met en œuvre le projet éternel de Dieu. Ce mystère, c’est que les hommes de toutes races doivent être incorporés au Christ.
Ce qu’il appelle le mystère du Christ, ce n’est pas seulement une révélation pour nous dire qui est Jésus : c’est le fait que les hommes sont appelés à devenir un seul être ou un seul corps avec le Christ.
Pour être Apôtre, il faut être habité par le mystère dont parle saint Paul, c’est-à-dire par la révélation du projet de Dieu, qui est de nous unir à son Fils d’une façon si intime, qu’on devient un seul être avec lui.
C’est ce mystère qu’il est allé annoncer aux nations païennes.
Et si, nous aussi, nous vivons de la présence du Christ, on aura envie, comme lui, de communiquer un pareil trésor.
Si on n’en vit pas, on n’a pas grand chose à transmettre.
Mais si on en vit, il nous sera moins difficile d’être apôtres du Christ, et de nous mettre au service de son Église.
JCP