Se faire serviteur
Dominicales n° 546 - 20 septembre 2009 - 25e du temps ordinaire (année B)
">
Se faire serviteur

Jésus annonce pour la première fois sa mort et sa résurrection. « Mais les disciples, écrit saint Marc, ne comprenaient pas ces paroles. »
La suite du récit montre qu’ils ne font aucun effort pour comprendre. Leurs préoccupations sont à l’opposé du message de Jésus : tout le long de la route ils se disputent pour savoir qui est le plus grand !
On dit quelquefois que l’annonce l’Évangile doit être adaptée : qu’elle doit répondre aux problèmes des adultes ou des enfants auxquels on s’adresse. C’est vrai, mais parfois, la meilleure façon de répondre à leurs problèmes, c’est de leur dire que leurs
préoccupations ne sont pas les bonnes… avec le risque qu’ils n’écoutent pas !
C’est ce qui est arrivé à Jésus lui-même : ce jour-là, son message n’a rencontré aucun écho auprès de ses disciples les plus proches.
C’est rassurant pour ceux d’entre nous qui font de la catéchèse : cela veut dire qu’il ne faut jamais désespérer même avec les enfants qui semblent être des cas impossibles.
Cela veut dire aussi que la nécessité de s’adapter a une limite : c’est la fidélité à l’Évangile… autrement, notre catéchèse n’a plus de sens.
On peut trouver étonnant que les Apôtres du Christ aient été, au départ, si loin de l’Évangile. Mais plutôt que s’interroger sur les premiers disciples, il faut se dire : « Et nous ! »… et on devient plus indulgent pour eux. Il faut se demander où nous en
sommes, nous qui connaissons l’Évangile depuis tant d’années !
Par la suite, les disciples accepteront d’entendre cette parole de Jésus : « Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous », une parole qui va réorienter toute leur vie.
Jésus ne condamne pas toute forme d’ambition. Il faut avoir l’ambition de réussir sa vie… mais il nous dit le secret d’une réussite totale : elle ne consiste pas à se faire servir, mais à se faire serviteur.
Il y a parfois des choses qu’on a du mal à accepter : on estime qu’on est traité injustement… on récrimine… on se plaint.
Quelles sont nos raisons de nous plaindre ? En cherchant bien, on verra que, presque toujours, c’est qu’on n’accepte pas d’être traité comme un serviteur.
Prenez les mères de famille : il arrive qu’elles se plaignent… parfois elles ont du mal à accepter un entourage où tous considèrent qu’elles sont à leur service. Et il est vrai que si leur entourage est comme cela, il a tort : que ce soient leurs enfants ou
leur mari… cela montre qu’eux aussi, dans la mesure où ils trouvent normal de se faire servir, sont assez loin de l’Évangile.
Et c’est là que l’enseignement de Jésus nous intéresse… il nous dit : “les autres ont peut-être tort, mais vous, en tout cas, arrêtez de vous plaindre.”
Ce n’est pas seulement le secret de la sainteté : une sorte de sainteté qui serait un fardeau lourd à porter, c’est aussi le secret de la paix intérieure, un secret qui a le pouvoir de rendre vraiment libre.
Et cet Évangile n’est pas réservé aux mères de famille. Jésus l’adressait aux Apôtres, et il s’applique à toutes les formes de la vie professionnelle.
Qui d’entre nous n’a pas eu l’impression d’être sous-estimé… de ne pas être apprécié, ou de ne pas être utilisé selon ses compétences. Ce qui se manifeste par des critiques, mais aussi par une certaine rancune, et par des maux d’estomac.
Ce qui a un double inconvénient : celui d’être une infidélité à l’Évangile, et celui de nous rendre la vie impossible.
Celui qui accepte de se faire serviteur est vraiment disciple du Christ, et, en prime, il trouve la liberté intérieure et la paix.
JCP