“Je suis venu appeler non pas des justes, mais des pécheurs.” (Mt. 9,13)
Dominicales n° 499 - 8 juin 2008 - 10ème dimanche du temps ordinaire (année A)
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“Je suis venu appeler non pas des justes, mais des pécheurs.” (Mt. 9,13)

Jésus n’est pas venu pour des “justes” : des gens parfaits, mais pour des gens faits de bric et de broc… avec des qualités et des défauts !
Et si nous sommes un peu lucides, on aura envie de dire : “Merci Seigneur… Quelle chance… Alors, tu es venu pour moi.”
Beaucoup d’entre nous reviennent de loin, et dans le regard qu’ils ont sur les autres, ils ne doivent jamais oublier d’où ils reviennent !
Dans les jugements qu’ils portent sur les autres, ils ne doivent jamais oublier ce que Dieu a dû leur pardonner !

“Pharisien” veut dire “séparé”… leur idéal était de vivre séparés des pécheurs… et tous ceux qui ne partageaient pas leurs principes, ils les considéraient comme infréquentables !
Se garder du péché, c’est bien… Jésus le demande aussi à ses disciples !
Mais les Pharisiens se tenaient à l’écart de toutes sortes de catégories sociales. En fait ils ne fréquentaient vraiment que les autres Pharisiens !

Jésus ne dit pas que le péché est indifférent… il ne cesse de dire : “Convertissez-vous.”
Mais, quand il annonce l’Évangile, il ne considère personne comme infréquentable ou irrécupérable. Il ne désespère de personne. Et, en cela, il se différentie radicalement des Pharisiens de l’Ancien Testament et de certains de nos contemporains qui vivent
confinés dans leur petit milieu.

Je suppose qu’un certain nombre d’entre nous ont été considérés à certains moments de leur vie comme irrécupérables… mais le Christ ne les a pas considérés comme irrécupérables… et c’est pourquoi ils sont dans son Église aujourd’hui. Ils ont entendu ces
paroles : “Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades… Je suis venu appeler non pas des gens parfaits, mais des pécheurs.” (Mt. 9,12-13)
Si les disciples du Christ se contentaient d’évangéliser ceux qui appartiennent déjà à l’Église… alors l’Église serait très mal en point !

Des représentants de tous les mouvements chrétiens actifs dans notre Paroisse se sont rencontrés cette semaine… et l’un d’entre eux disait que lorsqu’on évangélise un groupe de personnes, ceux qui se laissent toucher par la Parole de Dieu ne sont pas toujours
(ou pas souvent) ceux qu’on attendait ! Cette remarque illustre exactement l’Évangile de ce Dimanche. Pour Jésus, personne n’est infréquentable… il n’existe personne qui ne soit pas évangélisable… dont on puisse dire : “Avec celui-là, cela ne sert à rien !”
Quand on annonce l’Évangile, on n’a pas le droit de choisir son auditoire, parce que les réponses seront inattendues.

Jésus était à l’aise avec les gens les plus infréquentables : ceux qui étaient considérés comme des pécheurs irrécupérables. Il était familier et amical avec eux. Une telle attitude était un scandale pour les Docteurs de la Loi.
Manger avec des Publicains, c’était se rendre impur… et pourtant, même parmi les Publicains, Jésus a trouvé des disciples.
Le message est actuel ! Etre prisonnier de son petit milieu, même s’il est très chic, et cataloguer les personnes en fréquentables et infréquentables, ce n’est pas anodin… c’est renouer avec l’attitude des adversaires du Christ, et se rendre étranger à
l’Évangile !
Il va de soi qu’il n’a jamais encouragé personne à rester dans son péché. S’il a jeté ses filets dans des eaux aussi troubles et insolites, c’était pour sortir les hommes de leur misère. Il leur dit : “Je ne te condamne pas… va, et désormais ne pèche plus.”
(Jn. 8,11)
Evangéliser, c’est partager ce regard du Christ. C’est avoir aussi la patience de Dieu, parce que les conversions peuvent prendre du temps.
Mais, si Dieu a été patient avec nous… nous pouvons bien être patients nous aussi.

JCP