Beaucoup de péchés, dans l’Ancien Testament, méritaient, la mort… en principe. En fait, cette sanction n’était plus appliquée à l’époque de Jésus, et il semble que pour nombre de péchés elle n’ait jamais été appliquée.
Mais res docteurs de la Loi ne prenaient pas la chose à la légère : ils considéraient les péchés les plus graves comme irrémissibles.
Le péché ne disparaît pas avec l’Évangile… sa gravité n’est pas occultée et les appels à la conversion sont partout présents dans le Nouveau Testament… mais, en même temps, Jésus montre une indulgence inconnue avant lui.
Dans le Nouveau Testament, il y a un progrès dans la révélation du péché, qui accompagne le progrès de la révélation de Dieu.
Dans la parabole du fils prodigue, Jésus imagine un péché qui aurait été considéré, dans le monde ancien, comme impardonnable.
Aucun père n’aurait agi comme celui de la parabole !
Son fils lui dit : “Donne-moi la part d’héritage qui me revient !” (Luc 15,12) En fait, cette part n’existe pas… rien ne lui revient… tant que son père est vivant, il n’existe pas d’héritage !
Le fils se comporte comme si son père était mort : comme s’il n’existait plus pour lui… il ne pense qu’à l’héritage… il exige… il s’approprie les choses, et il part sans dire merci.
Le fils est un monstre, mais l’attitude du père est plus étonnante encore. Le père ne pose pas de questions, ne fait pas de reproches… comme Dieu, il ne met aucun obstacle à la liberté de pécher… il laisse son fils aller jusqu’au bout de cette liberté… jusqu’à
la déchéance.
En fait la déchéance était là, dès le premier instant, mais il lui faudra du temps pour en prendre conscience.
Finalement, ruiné et affamé, il comprend la gravité de l’injustice et de l’offense commises : il comprend qu’il n’avait pas de droit, ni sur son père, ni sur l’héritage… et, qu’en tout état de cause, il est maintenant totalement sans droit. Il le comprend et
il ne demande plus d’être traité comme un fils : “Père je ne suis pas digne d’être appelé ton fils… prends-moi comme serviteur.” (Luc 15,19)
C’est une parabole sur le pardon, et donc une parabole sur Dieu.
Dans les sentiments du père, Jésus nous dévoile les sentiments de Dieu : il n’a pas une pensée pour le mal qu’il a subi… il ne voit que le mal que son fils s’est fait à lui-même.
Il n’est que désir de pardonner, et rien d’autre… il n’a jamais oublié son fils, il n’a jamais cessé de l’aimer, il l’a attendu.
Ce qu’il ne pouvait pas faire tant que son fils se tenait à distance, il le fait. Dès qu’il peut le faire, non seulement il pardonne… mais il lui rend ses privilèges et sa condition de fils.
JCP