L’amitié et la jalousie
Dominicales n° 625 - 18 septembre 2011 - 25e dimanche du temps ordinaire (Année A)
">
L’amitié et la jalousie

Lors d’une visite à leur camp d’été, des guides me plaignaient un peu. Elles se représentaient une vie pas très drôle, avec la Messe tous les jours : tout cela étant répétitif et pas franchement utile.
J’ai essayé de leur dire que dans la vie d’un prêtre, il y a beaucoup, beaucoup d’autres choses que la Messe tous les jours, et qu’elle était sans doute moins répétitive que la vie métro-boulot-dodo qui les attendait.
J’ai essayé de leur dire aussi que la rencontre de quelqu’un que l’on aime n’est jamais répétitive : plus on le rencontre, plus on est heureux.
La Messe n’est pas simplement une obligation. C’est la rencontre de quelqu’un qui est notre Seigneur, et qui pourtant ne nous aime pas vraiment à la façon d’un Seigneur, mais comme un ami ou comme un frère.
Les vrais amis sont ceux connaissent nos défauts comme nos qualités, et qui nous aiment tels que nous sommes.
Avec eux, on ne peut pas jouer un rôle : ils nous connaissent vraiment, et ils nous aiment malgré tout… c’est cela les vrais amis : ils restent fidèles.
C’est comme cela que le Christ nous aime : comme un ami fidèle qui connaît nos limites, et pourtant, nous aime indéfectiblement.
Ceux qui ont écrit les Évangiles ne manquent pas une occasion de nous dire les défauts des premiers disciples. Jésus voyait leurs défauts, et il les aimait.
Rien n’a changé : il nous connaît comme il connaissait ses premiers disciples, et il nous aime de la même façon qu’il les aimait.
Voilà Celui que l’on vient rencontrer dans l’Eucharistie.
C’est pas tous les jours que l’on rencontre un ami de ce calibre !
Il faut préciser que cette rencontre a conduit les disciples à la sainteté.
L’histoire des ouvriers de la dernière heure est destinée aux Pharisiens qui se croyaient parfaits et ne supportaient pas que Jésus fréquente les pécheurs… c’est une parabole sur la jalousie.
Dans cette Parabole, le Maître, qui représente Dieu, dit : “Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce que moi je suis bon ?”
Pour les docteurs de la Loi, il était inconcevable que Dieu puisse aimer, de la même façon, des fidèles de toujours, et des gens qui venaient à peine de se convertir.
Les ouvriers de la dernière heure, ce sont les nouveaux convertis : ils ont vécu n’importe comment pendant toute leur vie… et, à peine convertis, Jésus les traite comme des amis.
Et cela, les Pharisiens qui s’étaient donné tant de mal, depuis leur enfance, pour être fidèles, ne le supportaient pas !
On voit pourquoi les Pharisiens ne pouvaient pas être des Apôtres.
Il leur semblait inconcevable de dire à des pécheurs que Dieu les aime.
La jalousie, c’est le contraire de l’amour.
Si quelqu’un est plus beau ou plus intelligent, s’il a plus de chance, s’il réussit mieux… on devrait être heureux pour lui… et non pas dévoré par l’envie.
Loin d’être jaloux, on devrait se demander : “Qu’est-ce que je peux faire pour qu’il soit encore meilleur… encore plus comblé ?”
Si on aimait les gens, on serait heureux de leurs qualités, de leur réussite et de leur bonheur.
Celui que je serais tenté de détester ou de mépriser… je vais tout faire pour lui montrer qu’il est enfant de Dieu, et qu’il est aimé de Dieu.
C’est de cette façon que Jésus a aimé ses disciples et qu’il aime chacun de nous. C’est de cette façon qu’il nous demande d’être des apôtres.
Mais pour cela, il y a deux conditions : ne pas être mort de peur à l’idée de montrer sa foi… et, chaque fois qu’on sent naître la jalousie, se dire : “Stop la jalousie ! Je suis content pour lui.”
Vaincre l’envie, c’est un des dix commandements… et c’est un des secrets du bonheur.
JCP