“Tout homme qui croit obtient, par lui, la vie éternelle.” (Jn 3,15)
Dominicales n° 529 - 22 mars 2009 - 4e dimanche de Carême (année B)
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“Tout homme qui croit obtient, par lui, la vie éternelle.” (Jn 3,15)

On peut se demander pourquoi saint Jean est allé chercher cette curieuse histoire de serpent dans le livre des Nombres (21,6-14) et pourquoi il y voit une image du Christ Sauveur !
Dans le récit de la sortie d’Égypte, on nous raconte que les Hébreux étaient mordus par des serpents. Alors, Moïse mit un serpent de bronze au bout d’une perche, et quand on le regardait on était guéri.
Il était fixé sur le bois, et il donnait le salut ! Saint Jean ne retient que ces deux éléments, et il y voit une image du salut par la croix.
Ce genre de “réinterprétation” était un procédé habituel. Il ne nous apprend rien sur le sens du récit ancien, mais il permet à Jean de dire, d’une façon imagée, avec les mots de la Bible, sa foi en Jésus Sauveur.
En donnant sa vie sur le bois de la croix, il apporte la guérison et le salut à tous ceux qui croient en lui.
Saint Paul ajoute : “C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, à cause de votre foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas de vos actes, il n’y a pas à en tirer orgueil.” (Éph. 2,8-9)
Il n’y a pas de droit au salut : c’est un don gratuit… mais un tel don suppose qu’on fasse le bien :
“C’est Dieu qui nous a faits, il nous a créés en Jésus Christ, pour que nos actes soient vraiment bons, conformes à la voie que Dieu a tracée pour nous et que nous devons suivre.” (Éph. 2,10)
Personne n’a droit à la vie éternelle, et pourtant il faut la mériter ! Comment cela ?
Supposons qu’à l’automne, un petit boulot soit proposé à Versailles aux désœuvrés : 10 € de l’heure pour ratisser les feuilles dans le parc du château… au bout de 7 heures, chacun aura droit à 70 €.
Imaginons que le Président, de passage, dise à l’un d’eux : “Si tu ratisses bien, ce soir je te donne le château.”
Ce n’est pas un droit : c’est un cadeau, mais encore doit-il le mériter.  S’il ratisse comme un cochon, il ne le méritera pas ! S’il ratisse de son mieux, il l’aura mérité, en vertu de la promesse, mais cela n’en fait pas un droit : c’est toujours un cadeau
délirant et totalement disproportionné avec le travail fourni !
C’est ainsi que la filiation divine, qui est une vie éternelle, est un don gratuit, infiniment préférable au château et à son parc !
La vie la plus sainte ne saurait donner le plus petit droit à un tel don… et pourtant, il faut le mériter.
Chacun peut refuser ce don et s’endurcir dans le mal. Il peut aussi l’accueillir en faisant de son mieux pour être fidèle à l’Évangile (cf. Éph. 2,10), conscient que ses mérites sont sans proportion avec un tel cadeau !
C’est pourquoi Jésus dit ceci : “Quand vous avez fait tout ce qui vous est demandé, dites : Nous sommes des serviteurs ordinaires (sans droit). Nous avons fait seulement ce que nous devions.” (Luc 17,10)
Après avoir tout fait pour le mériter, il faut finalement s’en remettre à la tendresse du Christ. La filiation divine qu’il nous offre étant sans commune mesure avec tous nos droits, est le don de Dieu le plus gratuit qui soit : il est destiné à celui qui met
sa foi dans le Christ et s’en remet à lui. Telle est, selon saint Paul, la foi qui sauve.
JCP