“Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? ” (Mt 22,17)
Dominicales n° 510 - 19 octobre 2008 - 29e dimanche du temps ordinaire (année A)
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“Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? ” (Mt 22,17)

Les notables Juifs se présentent comme des disciples qui ont un problème difficile : “Maître, nous le savons, tu es toujours vrai, tu ne te laisses pas influencer par les gens, et tu ne fais pas de différence entre les personnes.” Ils savent que Jésus est
incorruptible, qu’il est d’une droiture parfaite, et précisément, ils compte là-dessus pour le compromettre ! Ils lui posent la question : “Donne-nous ton avis : est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? ” Jésus leur répond : “montrez-moi donc
cet argent de l’impôt.”  Sans hésiter, ils sortent une pièce d’argent… et à cet instant-là, peut-être, ils réalisent qu’ils se sont mis en mauvaise posture pour faire la leçon ! Jésus n’a pas sur lui cette monnaie de l’empereur, mais eux, ils en ont plein les
poches. Lui, qui vivait pauvrement, il les invite à ne pas cracher dans la soupe ! Il était beaucoup moins compromis avec le régime que la plupart de ses auditeurs, et pourtant, c’est lui qui leur demande de “rendre à César ce qui revient à César” : de faire
leur devoir de citoyens de l’empire… ce qui ne les empêchera pas de “rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c’est-à-dire de vivre en hommes religieux.
Le judaïsme était une religion radicalement politisée : c’était la religion d’un peuple… et de ce fait, l’appartenance à un état non-Juif était considérée comme un désastre religieux. Le message de Jésus est totalement nouveau : c’est que la fidélité à Dieu
peut s’accommoder de toutes sortes de régimes politiques. L’Église est universelle : elle n’est liée à aucun système politique quel qu’il soit. Il y a des régimes politiques plus ou moins désagréables, mais il n’y a pas de régime idéal que les disciples du
Christ auraient le devoir de promouvoir au nom de leur foi, et qui serait le véritable état chrétien.
Pendant toute la période des persécutions, jusqu’au 4e siècle, l’attitude des chrétiens sera parfaitement conforme à celle du Christ : elle ne sera jamais subversive de l’État. Jusque dans la persécution ils s’efforceront d’être de bons citoyen de cet empire…
ils revendiqueront uniquement la liberté de pratiquer leur foi.
Le message de Jésus était pur de toute implication politique, et c’est en partie pour cette raison qu’il est mort sur la croix. Il a préféré prendre le risque de passer pour un collaborateur de l’occupant, plutôt que lier son message à une option politique. Et
cela nous concerne : nous sommes l’Église catholique, précisément parce que nous formons une communauté où les diversité sociales ou politiques ne sont pas un obstacle. Les chrétiens qui cherchent à politiser le message de l’Évangile sont un danger, pour
l’Église en général, et pour nos communautés.
C’est sans doute une bonne chose qu’il existe des socialistes, et des gens de droite, et d’autres qui cherchent des solutions différentes ! Il est bon que les chrétiens aient des opinions politiques et qu’ils soient engagés… mais les gens qui vous reprochent
de trahir l’Évangile si vous ne militez pas pour tel ou tel système, sont profondément infidèles au message du Christ : c’est un retour à la religion politisée des adversaires de Jésus.
Le Fils de Dieu n’est pas venu libérer les hommes d’un quelconque régime politique, mais du péché et de ses conséquences éternelles. Les chrétiens qui réduisent le message du salut à un message de libération ou de restauration politique deviennent généralement
inaptes à évangéliser. L’appel à la sainteté ne les intéresse plus, et il n’est pas certain qu’ils soient de meilleurs citoyens dans le service des autres et la recherche d’une plus grande justice dans la société. Rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce
qui est à Dieu, c’est précisément éviter de mélanger les genres et comprendre que le message de l’Évangile n’est lié à aucune idéologie politique.
JCP