“Proclame la Parole, à temps et à contretemps” (II Tim. 4,2)
Dominicales n° 590 - 17 octobre 2010 - 29e dimanche du temps ordinaire (Année C)
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“Proclame la Parole, à temps et à contretemps” (II Tim. 4,2)

Pour le dimanche des missions, la lettre de Paul à Timothée vient à point. Il explique à Timothée, d’une part, comment être fidèle à l’Évangile, et, d’autre part, comment le transmettre.
“Fils bien aimé, lui dit-il, tu dois t’en tenir à ce qu’on t’a enseigné et que tu as reconnu comme vrai.” (II Tim. 3,14). Ne pas s’écarter de ce qu’on appelle la “foi de l’Église”, parce que c’est à l’Église que Jésus a confié son Évangile. Celui qui s’écarte
de ce que l’Église a cru et a transmis depuis Jésus Christ, a fait naufrage dans la foi.
Cela demande un certain discernement ! Qu’est-ce qui fait partie de la foi ? Qu’est-ce qui est essentiel ? La réponse n’est pas toujours simple.
Mais le critère de discernement ne change pas : le seul critère, c’est la fidélité à la foi de l’Église du Christ.
Si nous transmettons autre chose, nous perdons notre temps : nous ne sommes plus des serviteurs du Christ; nous ne sommes plus au service de son Évangile.
Mais il ne suffit pas de voir clairement où est le message à transmettre, il faut aussi avoir le courage de le transmettre.
On voit la gravité extraordinaire avec laquelle saint Paul nous y invite :
“Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui doit juger les vivants et les morts, je te le demande solennellement, au nom de sa manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches,
encourage, mais avec une grande patience et avec le souci d’instruire.” (II Tim. 4,1-2)
Il faut proclamer la Parole à temps et à contretemps : quand elle plaît et quand elle déplaît… sinon on trahit la Parole, même si tout ce qu’on dit est vrai ! On la trahit du fait qu’on laisse de côté ce qui déplaît !
Proclamer la Parole à temps, c’est s’adapter à son auditoire autant qu’on le peut : se mettre à portée des plus jeunes dans la catéchèse ou dans l’éducation familiale… et cela vaut aussi avec les adultes.
Mais si, malgré tous nos efforts pour être clair et pour être convaincant, on sait qu’une partie de notre auditoire rejette tel ou tel aspect de la Parole de Dieu, que faire ? Faut-il chercher à tout prix à faire l’unanimité, et avoir un discours qui glisse
sur les sujets sensibles ?
Ce n’est pas ce que Jésus a fait, et ce n’est pas ce que demande saint Paul. Dans ce cas, il faut annoncer la Parole à contretemps !
On se gardera d’être provoquant : on continuera à tout faire pour s’adapter à son auditoire et être convaincant… mais on prendra le risque de déplaire.
“Dénonce le mal, écrit saint Paul,  fais des reproches, encourage.”
Encourager ceux qui sont fidèles : ne pas considérer leurs efforts comme allant de soi… les reconnaître et les mettre en valeur.
Mais aussi, avoir le courage de dénoncer le mal. Jésus comme saint Paul ont passé leur vie à le faire, et il est impossible d’être fidèle à l’Évangile si on n’a pas ce même courage.
“Dénonce le mal, fais des reproches, encourage,et saint Paul ajoute : mais avec une grande patience et avec le souci d’instruire.”
Là aussi, prudence ! Il y a une façon de dénoncer le mal qui n’est pas constructive : celle des idéologues ou celle des provocateurs.
Les idéologues qui sélectionnent, selon des critères qui ne sont plus ceux de l’Évangile, qui laissent passer des monstruosités quand elles vont dans le sens de leur idéologie et partent en guerre d’une façon inconsidérée sur les sujets qui leur tiennent à
cœur. Attention aussi à la provocation qui est à l’opposé du souci d’instruire.
C’est le testament spirituel de saint Paul. Quelle sagesse dans ces quelques lignes !
JCP