L’Oikos ou les prochains
108 - Cellules paroissiales d’évangélisation - Viroflay - 6 octobre 2008
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L’Oikos ou les prochains

Frères et sœurs, vous vous souvenez que le Docteur de la Loi auquel Jésus raconte la parabole du “bon samaritain” (Luc 10,25-37) lui avait posé cette question : “Qui est mon prochain ?”
Ce Docteur Juif connaît la Loi de Moïse, et il sait qu’il faut aimer son prochain comme soi-même (Lévitique 19,18)… mais il pense qu’il existe des catégories de personnes (les étrangers, les ennemis, les inconnus) qui ne peuvent pas être considérés comme des “prochains” !
Il faut aimer son prochain… puisque Dieu le dit… mais pas ces gens-là, puisqu’ils ne sont pas des “prochains” !
Ce jour-là, Jésus ne se fâche pas, parce que la question est posée sincèrement… mais il lui arrive aussi de s’emporter contre cette façon de raisonner, qui prétend se soumettre à la Parole de Dieu, tout en imaginant des interprétations qui permettent de s’en affranchir :
“Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, vous qui payez la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin, alors que vous négligez ce qu’il y a de plus grave dans la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité.” (Mt 23,23)
“J’aime mon prochain comme moi-même… mais toi, je ne t’aime pas, parce que tu n’es pas mon prochain !”
On comprend que Jésus ait parfois envie de se fâcher ! 
Et pourtant… on peut se demander si notre attitude est très différente !
On n’oserait pas dire les choses de cette façon… mais quand on se dit qu’on n’a pas d’Oikos… on n’est pas très différent du scribe de l’Evangile.
“Qui est mon prochain ?… Où est mon Oikos ?” C’est la même question.
Notre question est sincère… c’est pourquoi Jésus ne se fâche pas… il nous raconte une histoire.
C’est l’histoire d’un homme qui aurait toutes les raisons de passer son chemin. Il trouve un Juif blessé et mourant au bord de la route… mais il n’a pas de raison de s’arrêter, parce que lui, il est Samaritain.
Les Samaritains sont une race méprisée par les Juifs.
Il sait que s’ils avaient été tous les deux en bonne santé, cet homme ne l’aurait pas salué, ni même regardé.
Quand notre Samaritain se promène dans Jérusalem, il a l’impression d’être transparent… personne ne le regarde… tout le monde le méprise. Ce jour-là, il n’a donc aucune raison de s’arrêter… et le scribe à qui Jésus raconte cette histoire en est bien conscient.
On sait que la pauvreté rend transparent… mais il n’y a pas que la pauvreté… puisque nous-mêmes, qui croisons du matin au soir des tas de gens… nous nous posons parfois la question : “Où est mon Oikos ?”
La société et nous-mêmes ne cessons de créer des barrières. Me convertir, c’est briser ces barrières pour voir mon prochain qui est là.
Que fait le Samaritain avec cet homme qui n’avait aucune des caractéristiques d’un prochain acceptable ?
Il le soigne, le met sur son âne… du coup, se retrouve à pied… prend du retard… prend des risques dans une région étrangère et infestée de brigands… il l’installe dans une auberge… paye d’avance l’aubergiste et promet de revenir payer si cela n’a pas suffi.
On se dit que Jésus en rajoute au delà de toute vraisemblance !
En fait, non ! Il nous explique ce qu’est notre prochain : c’est celui que Dieu met sur notre route… et qui a besoin d’être soigné et aimé.
Il nous explique qu’on ne choisit pas son prochain… c’est Dieu qui le choisit, et il a une imagination sans bornes, pour mettre sur notre route des prochains pas possibles !
Le Samaritain ne s’est pas arrêté parce que le Juif était un ami, mais parce qu’il était blessé. Il n’avait pas de raison de s’arrêter autre que celle-ci : “Quelqu’un, sur ma route, a besoin de moi.”
Mes plus proches prochains, c’est mon entourage… il est normal de les aimer. Mais Dieu me demande aussi d’aimer ceux qui ont simplement besoin d’être aimés.
Comment les choisir ?… ils sont si nombreux ! On ne les choisit pas ! C’est Dieu qui les met sur mon chemin.
On ne les aime pas parce qu’ils répondent à un critère, mais parce qu’ils sont là… comme un Juif sur le chemin d’un Samaritain.
Mon Oikos, c’est tous ceux que Dieu a mis sur mon chemin.
Faire la liste de mon Oikos, ce n’est pas une fantaisie propre au petit monde des Cellules… c’est faire le premier pas dans la mise en pratique du commandement nouveau de l’Évangile.
“Qui est mon prochain… qui sont mes prochains ?”
Ce sont mes proches… tous ceux que Dieu, ou les circonstances de la vie, ont rendu proches.
Reconnaître mon Oikos, c’est faire en sorte qu’ils ne soient plus transparents.
Comme lecture de la Parole de Dieu, je vous suggère de reprendre l’Évangile de Saint Luc, 10,25-37… et comme activité pratique de faire une certaine liste… et rien de tel que de la faire pendant votre heure d’adoration.
Frères et sœurs, que Dieu vous bénisse.
Priez pour ma conversion… pour que je sache mettre en pratique cet Évangile que j’essaye de vous transmettre.
JC.P.