à la rémission des péchés,
Frères et sœurs… on a vu comment Dieu, par la bouche de Paul, nous supplie de nous laisser réconcilier.
Une formule revient comme un refrain dans les premières pages des évangiles : “Convertissez-vous, car le Règne de Dieu s’est fait proche.”
Cet appel à la conversion est partout présent dans le Nouveau Testament… dans les paroles de Jésus comme dans ce qu’il a vécu.
Ses humiliations, ses souffrances et sa mort sont une révélation, à la fois, de la gravité du péché et de l’immensité de l’amour qui veut nous sauver.
Le Christ est le Sauveur… mais de quoi nous sauve-t-il, si ce n’est de l’enfer ? Celui qui prétend ne pas croire à l’enfer, vide de son sens le message du Christ et sa mission dans le monde.
La Rédemption signifie qu’il existe un enjeu définitif… le Fils de Dieu s’est fait homme pour nous sauver du péché et de ses conséquences éternelles et nous faire entrer avec lui dans la communion des trois personnes divines.
L’essentiel de ce qu’il nous révèle, et de ce qu’il nous donne, est la filiation adoptive (qui est la vie éternelle), mais le pardon des péchés est une condition nécessaire de cette adoption.
L’évangile nous révèle l’un et l’autre : l’immense gravité du péché (qui est la seule chose véritablement grave en ce monde), et la surabondance de la grâce de Dieu qui nous sauve du péché.
Nous préférons souvent occulter notre culpabilité… nous dire que ce n’était pas si grave… que nous avions des excuses !
Le Seigneur nous invite à tomber à ses pieds et à nous laisser pardonner… il nous invite à être pleinement lucides sur nos faiblesses, notre égoïsme et toutes nos fautes… et à trouver dans l’immensité de sa miséricorde la certitude du pardon… et la paix.
Il nous demande d’éviter cette illusion… qui serait de croire, qu’après tout, nous avons bien droit au pardon ! Une telle illusion nous fermerait le chemin de l’amour.
Conscients que nous n’avons aucun droit, il nous invite à nous en remettre à sa tendresse sans mesure.
La parabole du “fils prodigue” est un des textes qui nous fait le mieux découvrir les sentiments de Dieu.
Saint Luc accumule les détails qui rendent ce fils impardonnable (il est ingrat et sans considération, il réclame ce à quoi il n’a pas droit, il se coupe de son père, il gaspille, il se fait plaisir)… des détails qui rendent invraisemblables, surtout dans la société de l’époque, la bienveillance du père et son respect total de la liberté de son fils. (Luc 15, 11-13)
Il n’y a rien de crédible dans cette histoire… précisément parce qu’il s’agit d’une parabole sur Dieu et les sentiments de Dieu… et parce que l’amour de Dieu est à l’extrême limite du raisonnable !
Personne ne respecte, comme Dieu, notre liberté, parce que c’est lui qui a fait de nous des êtres libres… et qu’il ne saurait détruire ce qui fait de nous des personnes et des êtres responsables.
Il nous laisse libres, mais, en même temps, comme le père de la parabole, il guette notre conversion et ne songe qu’à pardonner au premier geste de contrition. En fait, il ne met qu’une condition à son pardon : notre désir d’être pardonné.
Ce qui n’est pas une condition facile… se reconnaître pécheur est une conversion… une remise en cause de soi-même.
Mais c’est la condition la plus bienveillante qu’on puisse imaginer : il ne peut pas demander moins.
Dieu lui même, dans sa toute puissance, n’a pas le pouvoir de pardonner à celui qui n’aurait pas, au moins, le désir d’être pardonné.
C’est pourquoi Jésus nous parle de “joie dans le ciel” (Luc 15,7) lorsqu’un homme accepte de voir clair en lui même et de se reconnaître pécheur.
Et la “joie dans le ciel”, naturellement, c’est la “joie de Dieu”.
Le Concile de Constantinople précise : “Je reconnais un seul Baptême pour le pardon des péchés.”
Quatre Sacrements donnent le pardon des péchés : le Baptême, la Réconciliation, l’Onction des malades et l’Eucharistie.
Le plus habituel est l’Eucharistie. Dans les premiers siècles, la plupart des Chrétiens ne recevaient jamais la Réconciliation qui était réservée aux péchés graves.
Cependant le Baptême, comme l’Eucharistie et l’Onction, ne donne pas uniquement le pardon. Celui qui entre dans l’Eglise par le Baptême devient une créature nouvelle, il devient fils de Dieu avec le Christ.
Le péché est le seul obstacle à la vie d’enfant de Dieu, et sans le pardon un pécheur ne peut pas renaître à cette vie nouvelle.
Le pardon n’est donc pas l’essentiel de la grâce du Baptême, mais c’est une condition nécessaire de la filiation divine.
Que Dieu notre Père, tendre et miséricordieux, vous bénisse.
JCP