Ces états d’âme n’ont rien d’étonnant… ils font partie de tout parcours spirituel. Il existe une seule façon d’y échapper… elle consiste à s’installer dans la tiédeur et à renoncer à toute recherche spirituelle.
Ces états d’âme successifs signifient que chacun de vous, et aussi la cellule d’église que vous constituez, est entré dans le combat spirituel qui comporte de grandes joies, mais aussi des moments d’épreuve.
Cela ne doit pas vous surprendre… et si vous relisez l’évangile ou n’importe quelle vie de Saint… vous verrez que c’est un cheminement inévitable. C’est ainsi que s’accomplit progressivement la purification de ce qui est trop humain dans notre soif de sainteté… et dans notre désir d’évangéliser.
Il nous faut être bien conscients que notre trop grande satisfaction dans nos succès apostoliques et notre déception excessive dans les échecs … ont la même source.
Toutes deux relèvent du même orgueil et de la même illusion… qui consiste à nous approprier… les succès comme les échecs.
La mission consiste à se faire serviteur de Dieu… c’est un univers particulier… où l’on ne peut ni vraiment se flatter de nos succès… ni se sentir trop coupables de nos échecs.
L’évangélisation est, avant tout, l’oeuvre de l’Esprit… elle consiste, pour nous, à témoigner de l’évangile le plus fidèlement possible… en sachant que chacun sera libre d’accueillir ce témoignage et d’être ou non docile à l’Esprit Saint.
Jésus traduit ce mystère du service de l’évangile en disant que nous sommes des “serviteurs inutiles” (Luc 17,10).
Nous faisons tout ce qui dépend de nous… et pour le résultat, nous devons nous en remettre totalement à Dieu.
Nous devons pouvoir dire, dans les succès comme dans les échecs : “que ta volonté soit faite”.
La prière n’est pas la magie… elle ne consiste pas à dire : “que ma volonté soit faite”.
“Il y a celui qui sème et celui qui récolte” (Jean 4,37). On peut semer toute une vie sans voir les fruits… et un autre les récoltera !
Bien des prêtres, bien des missionnaires et bien des parents n’ont pas vu les fruits de ce qu’ils ont semé.
Si nous voyons un certain nombre de fruits dès maintenant, estimons que nous avons beaucoup de chance !
En ce qui me concerne, je me sens très privilégié d’être dans cette Paroisse et de vous accompagner dans votre cheminement spirituel et votre désir d’évangéliser… mais je suis bien conscient de récolter les fruits de ce que d’autres ont semé avant moi.
Jésus, dans l’évangile, ne promet pas à ses disciples de leur épargner les épreuves et de les maintenir dans une joie spirituelle sans nuage :
“Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. Qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais qui perd sa vie à cause de moi, la sauvera.” (Luc 9,23-24)
Nous savons bien que la vie chrétienne n’est pas une épreuve continuelle. Jésus ne dit pas que notre croix sera insupportable, mais il nous demande d’être prêts à la porter.
“Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes. Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger.” (Mt 11,29-30)
L’amour fraternel et la ferveur dont vous faites l’expérience dans les cellules d’évangélisation est un privilège.
Il importe de se rappeler que ce n’est pas une sorte de droit : quelque chose que l’on pourrait revendiquer et exiger de Dieu, du fait de notre engagement missionnaire.
Ceux d’entre nous qui n’auront pas su traverser ces épreuves de la vie spirituelle ne seront pas aptes à diriger les autres et à les conseiller dans leur cheminement à la suite du Christ.
Certains sont ou seront responsables de cellules ou de groupes de cellules, ils ont ou ils auront une charge d’âme et une responsabilité spirituelle.
Une telle mission suppose qu’ils aient su traverser ces moments plus ou moins difficiles… de sorte qu’ils puissent un jour conseiller et rassurer leurs frères dans ces mêmes difficultés.
L’amour est source des plus grandes joies… vous en avez fait l’expérience… mais, vous savez aussi qu’il n’est pas toujours une joie.
Jésus est mort sur la croix par amour : “il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime.” (Jean 15,13)
Jésus ne nous promet pas une joie continuelle… ce qu’il nous demande, c’est d’aimer… que ce soit un bonheur ou un sacrifice de soi.
L’amour que nous révèle le Nouveau Testament, celui qui vient de l’Esprit Saint, ne se décourage pas dans les difficultés :
“L’amour est patient… il supporte tout.” (I. Cor 13,4-7)
Aimer ce n’est pas se faire servir… se faire servir par Dieu… et exiger notre récompense… c’est se faire serviteur.
Vous reconnaissez là notre règle de vie.
Que le Seigneur vous bénisse et vous garde fidèles à son évangile.
JCP