Vers l’effusion (4)
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Chers frères et sœurs,

La semaine dernière, nous avons regardé l’Esprit Saint en nous attardant plus particulièrement sur le signe de l’eau. Cette semaine, nous allons être plus attentifs au signe du feu. Pour commencer, souvenons-nous de la prophétie de Jean qui baptisait « dans l’eau, en vue de la conversion » tout en annonçant « derrière [lui] » ce « plus fort que [lui] » qui « baptisera dans l’Esprit Saint et le feu » (Mt 3, 11).

Dans la bouche du dernier des prophètes, l’image du feu pouvait parfois apparaître menaçante (cf. versets 10 et 12), mais l’accomplissement de ses paroles devait être manifesté le jour de la Pentecôte où « apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et [qui se posèrent] une sur chacun d’eux » (Ac 2, 3). Alors « tous furent remplis d’Esprit Saint » (v. 4).

Pour cette raison, la liturgie n’hésite pas en reprenant cette image à nous faire chanter dans le Veni Creator :

 « Toi le Don, l’envoyé du Dieu Très Haut, tu t’es fait pour nous le Défenseur, tu es l’Amour, le Feu, la source vive, force et douceur de la grâce du Seigneur ».

De même, des chants plus récents nous invitent à invoquer l’Esprit de feu en lui demandant de nous embraser.

Pour mieux accueillir cette image dans la bouche du Baptiste et de Jésus comme dans l’événement de la Pentecôte, retournons  rapidement à l’Ancien Testament où à plusieurs reprises elle apparaît liée à la présence et à l’action de Dieu.

Sans chercher à être exhaustif, j’évoque d’abord le « buisson en feu [qui] brûlait sans se consumer » (Ex 3, 2), avec cette étonnante source de lumière et de chaleur qui ne détruisait pas.

Plus tard, pendant l’exode, « la gloire du Seigneur apparaissait aux fils d’Israël comme un feu dévorant, au sommet de la montagne. » (Ex 24, 17)

Un peu effrayante, cette image était attribuée à Dieu lui-même quand Moïse déclarait : « le Seigneur ton Dieu est un feu dévorant, c’est un Dieu jaloux ! » (Dt 4, 24).

 Le feu désignait la sainteté de Dieu qui ne peut être confondu avec les idoles. Si le feu peut tomber du ciel pour détruire Sodome et Gomorrhe, il est aussi celui qui brûle les sacrifices agréés par Dieu, ceux de Gédéon (cf. Jg 6, 21) et d’Elie (cf. 1R 18, 38) par exemple.

 Dans le temple aussi, les sacrifices offerts à Dieu sont brûlés. L’holocauste en particulier qui consiste à tout brûler et à tout offrir nous invite à invoquer l’Esprit du Seigneur pour nous offrir tout entiers à Dieu, sans partage, et pour être saints comme lui-même est saint (cf. Lv 19, 2).

Comment cela pourrait-il se faire sans que l’Esprit Saint nous purifie ? C’est justement une fonction du feu, telle que la rappelle le prophète Malachie en annonçant la venue de celui qui « est pareil au feu du fondeur » et qui « s’installera pour fondre et purifier », comme le feu le fait pour « l’or et l’argent » (Mal 3, 2-3).

Livrons-nous donc à l’action de celui qui pourra détruire en nous tout ce qui ternit l’image de Dieu et qui nous fera resplendir en nous rendant de plus en plus semblables à lui.

En regardant maintenant le Seigneur Jésus, nous sommes touchés de l’entendre dire ces paroles :

« Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! » (Lc 12, 49-50)

Il nous livre en effet les sentiments de son cœur qui est rempli d’un ardent amour pour chacun de nous.

L’angoisse dont parle Jésus peut être liée à la forme que doit prendre son « baptême » sur la croix mais elle est aussi certainement liée à ses sentiments de compassion pour les pécheurs qu’il est venu sauver en les rendant bientôt à nouveau capables d’accueillir en eux l’Esprit de sainteté.

 En regardant la croix, en contemplant une icône du Sacré Cœur, en adorant la sainte Hostie, cherchons à entrer nous-mêmes dans le brûlant désir missionnaire du Christ, désir que ce feu d’amour divin embrase tous les hommes et qu’il les fasse participer déjà même à travers les épreuves de leur nécessaire purification à la joie infinie de sa charité (cf. 1P 1, 6-9).

Au début, le bois de mauvaise qualité jeté au feu laisse échapper une fumée noire mais purifié petit à petit et saisi de plus en plus par les flammes, il devient incandescent et finit par se transformer lui-même en feu.

Puisse le feu de l’Esprit Saint nous transformer en lui !  Avec toute  mon affection, je vous bénis.

La Parole de Dieu pour une lectio : Ac 2, 1-4

1 Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours, ils se trouvaient réunis tous ensemble. 2 Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. 3 Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. 4 Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.

Des questions pour un partage

Revenons sur l’enseignement donné à la messe : qu’en ai-je retenu ? Est-ce que quelque chose de particulier m’a touché ou éclairé ?

Quelle grâce ai-je reçue depuis le début de ce parcours : une lumière intérieure, une petite décision tenue, un changement, un désir nouveau, etc. ?

Ai-je le désir de la mission, d’annoncer le Christ et son évangile ? Ou bien qu’est-ce qui me retient ? Quelles sont les objections, les freins ou les peurs qui restent en moi ?

Des pas pour avancer

Je réfléchis : suis-je prêt à demander à l’Esprit Saint qu’il se serve de moi pour tenir ma place dans l’Eglise et dans la mission ?

J’accepte de m’ouvrir aux charismes que l’Esprit Saint voudra me donner, en renonçant à ceux que j’aurais préféré qu’il me donne.

Je prie pour l’Eglise et pour ceux qui ne connaissent pas Dieu. Je demande d’être un canal de la miséricorde de Dieu pour ceux que je rencontre.

Je prie pour deux ou trois personnes de mon entourage à qui j’aimerais parler du Christ.

Je commence à écrire une prière très simple que je présenterai samedi prochain, une prière qui peut exprimer à la fois la demande de l’Esprit Saint et l’offrande de soi-même au Seigneur.

Je poursuis la neuvaine à l’Esprit Saint avec au moins la prière quotidienne : « Ô Roi céleste Consolateur ».