Unicité et Universalité du Salut
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Chers frères et sœurs,

L’objection que je voudrais accueillir avec vous cette semaine est celle-ci : « Pas besoin d’être chrétien pour faire le bien. » Nous entendons aussi couramment : « On n’a pas besoin d’aller à la messe pour être une bonne personne. » La première chose à répondre est sans doute de dire que nous sommes d’accord avec cette assertion. C’est d’ailleurs notre foi que la grâce de Dieu – qui est aussi la grâce du Christ et de l’Eglise – peut soutenir et accompagner tout homme de bonne volonté et lui permettre à lui aussi d’accomplir des actes bons.

Dans un deuxième temps, je soulignerais que le message que nous portons n’est évidemment pas que nous sommes les meilleurs des hommes mais bien plutôt que Jésus Christ est cet homme parfait qui est de ce fait notre sauveur et le sauveur de tous. Nous ne parlons pas de nous sinon pour donner le témoignage de la manière dont nous nous sommes ouverts à ce salut ou l’expérience que nous en avons faite. Nous parlons essentiellement de Jésus. Nous rapportons ses paroles, les signes prodigieux qu’il a accomplis et surtout l’offrande parfaite qu’il a présentée au Père « une fois pour toutes » (He 7, 27) en notre faveur. Nous attestons qu’il est aujourd’hui vivant, ressuscité et Seigneur des vivants et des morts, celui en qui tous peuvent et doivent mettre leur confiance « car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver » (Ac 4, 12).

A partir de là, il découle simplement que nous sommes chrétiens non pas pour pouvoir parfois accomplir un acte généreux et altruiste, comme cela peut arriver à tout le monde mais pour être des saints, pour devenir enfants de Dieu, fils du Père dans le Fils unique et bien-aimé. L’avantage de l’objection que nous recevons aujourd’hui est qu’elle peut nous interroger sur notre volonté de devenir des saints en correspondant à l’appel lancé par Dieu et à la grâce offerte. Choisissons donc à nouveau d’aller vers Jésus non parce que nous serions des gens biens mais parce que nous sommes de « pauvres pécheurs » qui ont besoin d’être pardonnés et qui malgré leurs trahisons passées ou leurs honorables efforts attendent encore le secours divin pour aimer désormais beaucoup plus, pour aimer comme Jésus le Père et toutes ses créatures, surtout celles – les hommes – qui sont appelées à reproduire l’image de son Fils.

Tournons donc sans cesse notre regard et celui de nos interlocuteurs vers le Seigneur Jésus. Tournons-le aussi vers les saints de son Eglise dont la vie est un signe de ce que l’amitié avec le Christ peut porter comme fruit dans la vie de quelqu’un qui avait même parfois bien mal commencé. Comme les Apôtres dans l’évangile, ils ont eu leurs faiblesses, mais comme eux aussi, ils ont été transformés par la grâce du Christ. Les saints ont tous été façonnés par la prière et nourris par les sacrements. Y a-t-il des saints en dehors de l’Eglise et surtout en dehors d’une relation profonde avec Jésus Christ ? Je ne sais pas et même, en réalité, j’en doute. On peut certes trouver de bonnes personnes ou de grands hommes. Il y en a évidemment dont la grandeur d’âme ou la générosité nous interpellent en nous faisant prendre conscience combien nous avons à nous convertir nous-mêmes davantage. Mais entre ces personnes qui ne connaissent pas le Christ et les saints, à y regarder de plus près, on n’est pas dans la même catégorie, si je puis dire ; on n’est pas dans la même expérience du travail de la grâce, de la souffrance de ne pas aimer, de l’expérience mystique de l’amour.

Enfin, il faut le reconnaître, les chrétiens – et c’est nous – ne parviennent à donner qu’un bien piètre témoignage de vie quand ce ne sont pas carrément des contre-témoignages ou des causes de scandales plus ou moins graves. Nous portons la honte de ceux qui sans être les nôtres atteignent cependant tout le corps de l’Eglise et le lumineux témoignage qu’elle est appelée à rendre. Quant à nos faiblesses et nos médiocrités, qu’elles deviennent par une sincère pénitence les signes de la merveilleuse miséricorde divine toujours offerte gratuitement à ses enfants.

Avec l’Apôtre, je vous redis : « ne nous lassons pas de faire le bien » (Ga 6, 9) ; et je vous bénis.

Questions pour la réflexion commune

Savons-nous reconnaître le bien partout où il se fait et en rendre grâce à Dieu ?

Comment comprenons-nous l’affirmation « de l’unicité et de l’universalité salvifique du mystère de Jésus-Christ et de l’Église » (Dominus Iesus §3), c’est-à-dire que personne ne peut être sauvé en dehors de la médiation du Christ et de l’Eglise et que tous peuvent être sauvés par elle ?

Voulez-vous être saints ? Croyons-nous que cela nous est offert ? Comment pouvons-nous renouveler ce désir en nous ?

Connaissez-vous assez la vie d’un saint pour pouvoir la raconter et souligner le secret de leur relation intime avec le Christ ?