Les fins dernières – 4 – Le Ciel
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Chers membres des cellules,

Nous voici au bout de notre brève série sur les fins dernières et nous concluons en beauté, avec le

Ciel, c’est-à-dire ce pour quoi Dieu nous a tous créés.

Je vous redis cela en vous lisant la réponse du compendium – c’est-à-dire l’abrégé – du Catéchisme à la toute première question :

« Quel est le dessein de Dieu sur l’homme ? ». Question fondamentale s’il en est.

Le compendium répond ceci :

« Infiniment parfait et bienheureux en Lui-même, Dieu, dans un dessein de pure bonté, a librement créé l’homme pour le rendre participant de sa vie bienheureuse. Lorsque les temps furent accomplis, Dieu le Père a envoyé son Fils comme Rédempteur et Sauveur des hommes tombés dans le péché, pour les appeler dans son Église et pour leur donner d’être ses fils adoptifs par l’action de l’Esprit Saint et les héritiers de son éternité bienheureuse. »

Dans ces deux phrases, le mot ‘bienheureux’ revient trois fois : la première pour parler de Dieu et les

deux suivantes pour parler de la condition des élus. Pensons comment l’Eglise rapproche cette idée

de celle de sainteté. Ne parle-t-on pas des saints et des bienheureux, de la bienheureuse Vierge

Marie aussi bien que de la très sainte Vierge Marie ? C’est que la béatitude des trois personnes

divines est intrinsèquement liée à leur sainteté commune. La Trinité bienheureuse est à proprement

parler une “Communion des Saints”, communion du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Leur joie

éternelle trouve sa source en cette communion qui est elle-même le fruit de l’amour réciproque :

Aimer et être aimé, ne faire qu’un avec celui qu’on aime, se donner totalement à l’autre et se recevoir entièrement de lui.

Si tel est le mystère de la communion trinitaire, Dieu ne peut pas vouloir nous donner moins que

lui-même; Dieu ne peut pas vouloir autre chose que de nous partager ce qui est sa propre vie et qui fait

sa béatitude. C’est pourquoi la tradition orientale – aussi bien catholique qu’orthodoxe – aime à

parler de divinisation de l’homme, en s’appuyant sur les paroles mêmes de l’apôtre saint Pierre qui

évoque comment « nous sont accordés les dons promis, si précieux et si grands, pour que, par eux, vous deveniez participants de la nature divine » (2Pi 1,4).

Ce mot de divinisation est en réalité vertigineux et paraît fou pour nous. Imaginez comme il paraîtrait

fou à un musulman par exemple, qui devrait crier au blasphème. Evidemment, il ne s’agit pas d’entrer dans l’Olympe, ni d’être revêtu de super pouvoirs, ni de devenir un deuxième Dieu à côté de l’Unique. Mais la révélation du mystère de la Trinité nous laisse entrevoir la possibilité de notre participation – comme par adoption – à l’engendrement éternel du Fils. Dieu est simple et il ne sait qu’aimer. Voici que nous pouvons entrevoir que nous entrerons dans cet amour du Père pour le Fils qui sera aussi son amour pour nous, par une effusion du Saint-Esprit dans tout notre être, corps et âme, effusion qui ne connaîtra plus d’obstacle, en tout cas lié à notre volonté. Aimé du même amour que le Fils, animé par le Saint-Esprit sans plus aucune résistance de notre part mais au contraire avec notre plein consentement et notre total engagement, nous aimerons « Dieu de tout [notre] coeur, de toute [notre] âme et de tout [notre] esprit » (Mt 22,37).

Dans le même temps, le plein accomplissement du commandement – qui était aussi une promesse –

de l’amour du prochain (v. 39) se réalisera enfin, dans un élargissement à toutes les personnes créées, ce qui intensifiera d’autant notre joie de voir et de connaître Dieu. Le catéchisme nous dit que « le Jugement dernier révélera jusque dans ses ultimes conséquences ce que chacun aura fait de bien ou omis de faire durant sa vie terrestre » (CEC 1039). Même si beaucoup d’âmes seront déjà saintes au Ciel et capables d’amour parfait, on peut imaginer que le Jugement dernier jouera quand même un rôle de réconciliation universelle entre les élus en unissant la vérité à l’amour. Nous ferons alors monter vers notre Dieu, une éternelle Hymne de louanges.

En apprenant déjà avec vous à chanter le Cantique nouveau, je vous bénis.