Les fins dernières – 2 – L’Enfer
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Chers membres des cellules,

Comme je l’avais annoncé dans le dernier enseignement, je vous parlerai cette semaine de l’Enfer.

Chacun pourra utilement le prolonger en lisant au moins ce qu’en dit le Catéchisme de l’Eglise Catholique aux numéros 1033 à 1037.

Rappelons tout d’abord que Dieu nous a tous créés pour vivre éternellement en communion avec lui.

Cela apparaît notamment dans la description bien connue du jugement dernier. Ainsi, le Fils de l’homme dira aux uns : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. » Et aux autres : « Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. »

La seule prédestination des hommes est bien la béatitude céleste. C’est le projet de Dieu pour tous et pour chacun et rien ne saurait le faire varier.

Il est important de comprendre que l’Enfer n’est pas une punition. Il est bien plutôt la conséquence d’une libre détermination de la personne qui refuse d’entrer ou de croire au projet bienveillant de Dieu sur elle.

Le Christ évoque à plusieurs reprises cette possibilité de s’opposer obstinément à la volonté de Dieu et à sa miséricorde. C’est le cas notamment autour de la question du pardon. Voici ce que nous dit le Seigneur Jésus lui-même en commentaire direct du Notre Père :

« Si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. » (Mt 6,15)

Sans hésiter, il raconte aussi une parabole où un débiteur impitoyable se trouvera sévèrement traité après avoir été d’abord gracié parce qu’il avait refusé d’entrer lui-même dans cette attitude de remise de dette : « C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du coeur. » (Mt 18,35)

Qui pourrait donc entrer dans le Ciel, c’est-à-dire dans la communion des personnes saintes, tout en refusant de pardonner ne serait qu’à une seule d’entre elles. Comment ces deux personnes pourraient-elles entrer ensemble dans la communion des saints ?

A un autre moment, le Seigneur évoque le blasphème contre l’Esprit : « Tout péché, tout blasphème, sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera pas pardonné. Et si quelqu’un

dit une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu’un parle contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné, ni en ce monde-ci, ni dans le monde à venir. » (Mt 12,31-32).

Il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas d’un péché trop grave pour être pardonné mais plutôt d’un refus de la pénitence et de la miséricorde, d’un refus de la relation d’amour que Dieu nous offre avec Lui. Certains peuvent orgueilleusement penser n’avoir rien à se faire pardonner ; d’autres peuvent tout aussi orgueilleusement – mais plus subtilement – se croire impardonnables. Les uns et les autres risquent de ne pas saisir la main miséricordieuse que le Père leur tend en Jésus Christ.

Il faut réaffirmer que l’Enfer n’est pas une simple hypothèse et qu’il est déjà peuplé non seulement de démons – qui sont légions – mais aussi de créatures humaines. Bien sûr, l’Eglise n’a pas la charge – et pas les moyens – de faire des listes de damnés comme elle nous propose un martyrologe. Mais nous pouvons comprendre en lisant honnêtement le Nouveau Testament que le triste sort de Judas ne fait malheureusement pas de doute. « N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les Douze ? Et l’un de vous est un diable ! » (Jn 6,70) Après la Cène : « Aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie. » (Jn 17,12) « Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! » (Mt 26,24)

Ces réalités font partie de la foi enseignée par l’Eglise et tenue par tant de saints. Loin de nous paralyser, elles nous font nous élancer avec d’autant plus de reconnaissance vers le Sauveur du monde pour adhérer vraiment à sa personne et à sa mission.

Dans l’espérance qui nous anime, je vous bénis.