Le rosaire (2) et la place de Marie
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Chers membres des cellules,

Encouragé à poursuivre un enseignement sur le rosaire, je voudrais, cette semaine, porter mon attention et la vôtre sur le caractère marial de cette prière et plus généralement de la vie chrétienne.

C’est avec une grande tristesse que je constate parfois les blocages ou les hésitations des fidèles vis-à-vis de Marie et de la place qu’elle tient ou est appelée à tenir dans leur vie chrétienne. Cette tristesse est due au fait qu’il ne s’agit pas d’une idée et d’une option. Il s’agit d’une personne et cette personne est Notre-Dame, si belle et si aimante, si puissante aussi et d’aucuns se privent de bien des grâces en n’accueillant pas notre mère chez eux (cf. Jn 19,27). Oui, je ressens une réelle tristesse quand Marie n’est pas accueillie, trop peu connue et trop peu aimée mais cette tristesse est accompagnée d’une profonde compréhension, parce que je retrouve les blocages et hésitations que j’ai pu connaître par le passé et puis, je sens bien que ma relation avec notre douce Mère est encore appelée à s’approfondir et à se simplifier.

Avant d’aller plus loin, je voudrais formuler ce qui m’apparaît comme étant la principale difficulté. Nous confessons « un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus » (1Tm 2,5). Nous disons aussi, avec l’apôtre saint Pierre, qu’« en nul autre que lui, [Notre-Seigneur Jésus-Christ,] il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver » (Ac 4,12). Quand Jésus est entré dans notre vie parce que le Père « a trouvé bon de révéler en [nous] son Fils » (Ga 1,15c-16a) et quand l’Esprit Saint lui-même nous convainc et nous pousse à « dire : “Jésus est Seigneur” » (cf. 1Co 12,3), il est assez naturel et apparemment tout à fait logique d’écarter toutes autres médiations en les qualifiant d’inutiles, pour ne pas dire idolâtriques et blasphématoires. Le chrétien le sait, pour aller à Dieu, pour accueillir le salut, il faut aller à Jésus et pour cela, un simple acte de foi suffit.

Arrivé à ce point, permettez-moi de vous faire part d’une discussion que j’ai eue au séminaire il y a environ vingt ans. Mon interlocuteur était un séminariste qui était déjà devenu un véritable ami. Il avait des qualités que je savais ne pas avoir mais il était entré au séminaire avec “bac moins trois”, comme il disait avec humour en comparaison avec mon “bac plus cinq”. Surtout, je voyais dans les discussions qu’il était moins spéculatif et que sa foi qu’il exprimait d’une manière très simple pouvait paraître simpliste, du genre : “c’est comme ça, c’est la foi de l’Eglise, un point c’est tout”. Notre discussion, ce soir-là, tournait autour de la place de la Vierge Marie dans l’expression et la réalité de notre foi. Pour ma part, sans vouloir me l’avouer, j’étais dans une contradiction entre ma pratique et ma thèse. Grâce à l’initiation à la prière par ma mère dans mes plus jeunes années et grâce à l’exemple d’un groupe d’amis qui se retrouvaient tous les dimanches soirs pour prier ensemble le chapelet, le rosaire et la dévotion mariale étaient déjà présents dans ma vie et j’avais reçu quelque chose du très bel amour de mes amis pour celle qui était manifestement la Reine de leur cœur. Cependant, il me semblait nécessaire d’affirmer que tout chrétien pouvait très légitimement “se passer” de Marie et que, pour ma part, même si je faisais encore beaucoup “le détour” par Marie, le mieux était bien d’aller directement à Jésus. Vous avez compris que, face à moi, mon ami affirmait très tranquillement non seulement son amour envers Notre-Dame mais la grande nécessité que nous avions, comme futurs prêtres, à l’aimer et à la faire aimer.

Aujourd’hui, mes amis, je veux vous le dire simplement : entre deux points, le plus court chemin est la ligne droite. Eh bien, entre Jésus et nous, la ligne droite, c’est Marie. Elle n’est pas un détour mais le plus court chemin. Elle n’est pas un écran, elle regarde avec nous – ou plutôt nous regardons avec elle – son divin Fils, notre Sauveur. Avec elle, nous le connaissons et l’aimons davantage, et plus justement. C’est Notre-Seigneur qui veut qu’elle soit notre mère dans l’ordre de la grâce et que nous la recevions. Je prie pour qu’elle-même vous dise ce que je ne sais pas vous dire et je vous bénis.