Le chemin de étoiles
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Conférence du 16 mars 2019

Un jour une animatrice du CCAS de Viroflay, Malika, m’a suggéré de raconter mon parcours au Gabon lors de ma mission en Afrique. J’ai donc pris la paroledans le cadre des conférences pour les séniors. Quelque temps après, la responsable du CCAS Madame Béatrice BERTHOD m’écrivit :« Avec beaucoup de plaisir et d’attention, les personnes ont écouté votrehistoire exceptionnelle et généreuse dans une ambiance conviviale et sympathique fort appréciée ».

Alors j’ai lancé l’opération « Conférence » me souvenant de l’engagement desScouts Raiders “Dans un jour, dans un an, dans 10 ans je serai là, je serai prêtà servir à répondre à l’appel de ces jeunes qui ont encore besoin d’un frère.J’ai donc décidé de raconter mon histoire qui est aussi leur histoire. J’ai tout de suite trouvé un titre : « LE CHEMIN DES ETOILES ». Les étoiles on les voit dans le ciel mais aussi on peut les trouver aussi sur les bords du chemin.

Je suis arrivé à Libreville au Gabon en 1966 une année après la mort du docteur Schweitzer décédé le 4 septembre 1965. Je consacrais ma vie de missionnaireentre l’enseignement dans les établissements secondaires et l’aide aux jeunesquelques soient leur situation. Je me suis souvenu des paroles apprises au noviciat pendant ma formation religieuse : « Mes frères, à quoi cela sert-il à quelqu’un dedire : “J’ai la foi”, s’il ne le prouve pas par des actes ? Nous avons des dons différents à utiliser selon ce que Dieu a accordé gratuitement à chacun ».Mes dons je les ai mis en pratique.

A Libreville à la Paroisse saint André du Gros Bouquet je lançais un patronage qui porta le nom de Formation St André avec comme base la formation des scouts raiders. Avec les parents je lançais une association : l’UJEG, l’Union des Jeunes Gabonais, un mouvement de jeunesse à caractère social et œcuménique. Des troupes avec le foulard à la croix de Saint André furent créées un peu partout danstous les quartiers de Libreville puis à l’intérieur du Gabon, à Mouila, Lambaréné, Port Gentil.

A Libreville au quartier nord en haut de la rivière Gué-Gué, sur un terrain de 2 hectares donné par un des membres de l’association, nous lançâmes l’opération« Terre des Jeunes » en construisant avec les moyens de bord un centre d’accueilappelé « Camp Stanislas ». C’était tout un petit village qui devint le siège de l’UJEG.

Il fut plusieurs fois visité par les autorités du Ministère de la Jeunesse et des sports, de la culture et des Arts. L’UJEG fut bientôt reconnu d’utilité publique au Gabon.

Nous créâmes une équipe spécialisée formée sur les techniques traditionnelles : cette recherche sur la mythologie africaine à travers les défis lancés aux forces de lanature, contribua au développement de l’acrobatie africaine. C’est au CampStanislas que furent montés les numéros des Arts du Cirque.

En 1976 nous organisâmes les mouvements d’ensemble pour l’ouverture despremiers jeux d’Afrique Centrale.

En 1982, démarra une école de cirque. Quelques années plus tard, Elf Gabon nous invita à Port-Gentil pour animer les fêtes de Noël. Les numéros présentés dans le style traditionnel avec les acrobates et les funambules impressionnèrent les organisateurs qui nous invitèrent à participer au Festival Mondial au Cirque d’Hiver à Paris en 1991. A partir de cette date l’UJEG fut invité aux différents festivals Nationaux et Internationaux avec des tournées en France, en RFA, en Belgique, à Monte-Carlo et en Afrique Central avec l’aide des centres culturels français. L’écolede cirque porta le nom de Cirque de l’Equateur.

En 1992 le Cirque de l’Equateur fut l’invité spécial à Auch du concours international du rayonnement du cirque où il produisit un spectacle complet regroupant plusieurs disciplines des arts du cirque. Il sera invité à l’émission TF1 “Sacrée Soirée” de Jean Pierre Foucauld.

En 1997 l’Emission « Faut pas rêver de FR3 débarqua au Gabon et filma les jeunes artistes dans la forêt du Cap Estérias au nord de Libreville.
Suite à ce tournage et à l’émission « Sacrée Soirée de Jean-Pierre Foucauld, 22 artistes Gabonais furent engagés aux USA pour un contrat de 2 ans par l’un desplus grands cirques du monde : le Ringling Bross Barnum.

En 2000, une autre troupe fut invitée en Chine au Festival d’Acrobatie de Wuhan puis en RFA au Weihnacht Zirkus de Fribourg et en France, entre autres àl’Emission F2 du “Plus Grand Cabaret du Monde” de Patrick Sébastien.

Actuellement les troupes sont disséminées un peu partout dans le monde ; l’une fut engagée à l’Universoul aux USA, une autre au cirque Africa, Africa en Europe et une autre participa à Planète Cirque au Cirque Nikouline de Moscou.

L’Ancien Ambassadeur du Gabon en RFA, Son Excellence Sylvestre RATANGA écrivit : « J’ai parcouru le monde, J’y ai croisé des hommes et des femmesextraordinaires, mais des hommes et des femmes extraordinaires il y en a au Gabon aussi ! L’une de mes plus grandes fiertés aura été de faire découvrir à des milliers de spectateurs le cirque de l’Equateur ». Et dans le journal Planète Jeune « Nous crions notre émerveillement devant les prouesses de ces jeunesinventeurs d’un véritable cirque à l’africaine. »

En 2003 je rejoins la France où je fis le choix de passer ma retraite de religieux auprès de mon frère à Viroflay à la Paroisse ND du Chêne. Je restais toujours en liaison avec les responsables africains des troupes, tous de formation Raiders, : Tapir aux USA, Jaguar, Triton et Panthère en Europe, et au Gabon entre autres, Poussin à la télévision Gabonaise.

A Viroflay je participais aux activités de la Paroisse et pendant les cours de caté j’ai raconté aux enfants comment j’avais voulu devenir un témoin en aidant les jeunesdéfavorisés en Afrique. Enthousiasmés les jeunes m’ont proposé de lancer uneactivité dans les maisons de retraite … Les enfants en ont parlé aux parents. Lecuré a toujours pensé qu’il faut mettre en pratique ses talents. Il nous fallait créerune association. Un soir à la salle paroissiale après avoir voté un comité, parents et enfants, se demandèrent quel nom nous allions donner à notre association. Le plus petit du groupe qui de temps en temps avait des idées plein la tête et beaucoup decœur, écrivit sur un tableau : « La Compagnie du Bonheur ». Tout le monde applaudit. La Compagnie était née. Elle fut reconnue officiellement sous le vocabled’ARDE (Art découverte), Avec l’aide du Secours Catholique, l’association pris de l’ampleur. J’organisai des spectacles à thèmes entre autres. « La prière de St François, le Petit Prince » et chaque fois c’était pour une œuvre humanitaire. (Dernièrement, pour la reconstruction d’une école à Madagascar).

A présent notre prochain spectacle sera « l’Histoire sans fin ».

Nous allons jouer le samedi 22 juin 2019 pour aider ces jeunes au Gabon qui en plus de cette conférence, attendent un peu d’argent pour améliorer leur centre qui tombe en ruine. Cette conférence nous permet de lancer une grande opération pour recueillir des fonds avec la participation des artistes, des sponsors et des médias. Ne croyez pas que la vie de nos artistes est facile malgré leurs talents et les prixqu’ils ont rapportés, ils luttent pour apporter quelque chose à leurs familles. Tout au long de cette conférence en plus de la vidéo, des témoignages des artistes envoyés par internet un peu partout dans le monde et ceux présents agrémenteront la conférence.

Les 35 ans que j’ai passés au Gabon m’ont permis de comprendre ces jeunes quihabitaient les quartiers difficiles de Libreville. J’ai vécu en leur compagnie, j’ai trouvédes « Etoiles sur le bord du chemin ». Je dirai comme Blaise Pascal que « Lesrivières sont des chemins qui marchent et qui portent où l’on veut aller ».

Quand je revois encore ces jeunes danser sur terre ou sur le fil je dis comme Kobina Parkes : « Donnez-moi des tambours : qu’ils soient trois, ou même quatre et qu’ils soient noirs, sales et noirs, de bois, de peau séchée, mais Seigneur qu’ils battent et battent encore… C’est pour les étoiles que j’ai trouvé sur le bord du chemin.

Jean-Yves THEGNER (Frère Dominique)