La rédemption
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Chers frères et sœurs,

Comme annoncé, je vous parlerai aujourd’hui du mystère de la Rédemption, c’est-à-dire du salut. Cette question est pour moi la question apologétique par excellence. En effet, c’est sur elle que repose la conversion chrétienne.

Le mystère de la Trinité peut nous émerveiller et celui de l’Incarnation nous émouvoir mais c’est bien celui de la Rédemption qui nous attache définitivement au Seigneur Jésus et à son Eglise.

Celui qui pleure, les yeux levés sur le Crucifié, en comprenant de quel péril il a été tiré et à quel prix, celui-là devient chrétien. Le kérygme, la proclamation de la bonne nouvelle, consiste essentiellement à rendre compte du sacrifice rédempteur du Christ. Il s’agit donc d’annoncer la mort et la résurrection du Seigneur, avec leur valeur pour chacun d’entre nous et pour l’humanité entière, afin que tous puissent confesser, comme Saint Paul :

« Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi » (Ga 2, 20).

Je réponds en premier lieu à une objection qui m’a été rapportée. Quelqu’un disait : « Jésus n’est pas mort sur la croix. Il ne peut pas mourir. Il est Dieu. »

Si vous avez retenu les repères donnés sur l’Incarnation, vous comprenez bien que Jésus pouvait effectivement mourir, selon son humanité. Le fait qu’il soit Dieu, la deuxième personne de la Trinité, n’empêche pas qu’il avait un corps et une âme humaine, qu’il a été crucifié, qu’il a rendu l’esprit et qu’il a connu la séparation de l’âme et du corps. Jésus est bel et bien mort, selon son humanité.

Dans le même style de raccourci qui nous fait dire que Marie est mère de Dieu, nous pouvons et nous devons dire que Dieu est mort sur le Golgotha. Cette mort fut une mort selon l’humanité qu’il avait prise en Jésus Christ, humanité traversée par la puissance infinie de l’amour de Dieu. En vérité, « il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix » (Ph 2, 8).

Allons donc maintenant à la question la plus fondamentale.

Pourquoi cette mort nous sauve-t-elle ? Comment cet événement dramatique arrivé il y a deux mille ans peut-il avoir la moindre incidence sur nous ?

On peut distinguer deux aspects et voici le premier : l’offrande de sa vie par Jésus a tout d’abord une valeur en soi, une valeur qui est le prix de notre rachat (qui est le sens même du mot rédemption). Ce qui fait la valeur de cette offrande n’est évidemment pas la quantité de souffrance.

Ce qui fait sa valeur infinie, c’est l’amour avec lequel elle a été vécue en face de tout le mal et le péché du monde. La rencontre de l’amour véritable et du péché n’a pas pu se faire sans occasionner les pires souffrances au cœur de Jésus, bien plus grandes que toutes les souffrances physiques et morales de sa passion.

Alors que le péché consiste depuis le commencement à refuser l’amour du Père et à y répondre, l’offrande de Jésus a été un acte d’amour parfait, un acte de reconnaissance et d’action de grâce dont la valeur dépasse infiniment celle, en négatif, de toutes les ingratitudes et de toutes les fermetures de tous les autres actes humains.

Toute la vie de Jésus fut traversée par l’accueil de l’amour du Père et elle fut une réponse d’amour du Fils par l’offrande de lui-même et l’accomplissement de sa volonté. Toute  la vie de Jésus culmine ensuite dans ce dernier battement de son cœur dans lequel il a accepté que pénètre toute la lie et le poison du péché du monde.

On pourrait se contenter de montrer cela mais le second aspect est tout aussi important et est même clairement voulu par Dieu : l’offrande de Jésus a une valeur d’exemple à imiter et de manifestation d’amour à accepter.

La mort de Jésus n’est en effet pas restée inconnue, perdue dans les sables de l’Histoire. Au contraire, cette mort est annoncée par des témoins depuis les Apôtres jusqu’à aujourd’hui. Tout le monde peut la connaître, si du moins les chrétiens rendent le témoignage qui est attendu d’eux, afin que s’accomplisse la prophétie de Zacharie :

« Ils regarderont vers moi. Celui qu’ils ont transpercé » (12, 10). Par l’Esprit Saint, la croix a ainsi l’efficacité de briser nos cœurs de pierre.

Tout cela est trop court sur ce sujet. Que la croix du Seigneur soit votre unique fierté. Je vous bénis.

Dans le catéchisme

Pour aller plus loin, on pourra lire les numéros 599 à 618 du CEC.

Questions pour la réflexion commune

Pour parler de salut, il aurait fallu dire de quoi nous sommes sauvés. Que puis-je en dire ?

Quelle est la place de la croix du Christ dans ma foi ? Dans le témoignage que je rends ? Ou bien, quelle est la place du salut dans ma foi et dans mon témoignage ?

Si la mort du Christ a une valeur en soi, pourquoi et comment est-elle aussi un exemple à imiter et une démonstration d’amour à accepter ?

Qu’est-ce qui atteste que l’offrande du Christ a été agréée par Dieu ?