La prière (7) La Parole entre combat et rumination
266 - Cellules Paroissiales d’Evangélisation - Octobre 2015
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Nous poursuivons notre chemin avec la Parole de Dieu. Nous avons vu comment cette Parole descend dans notre cœur et qu’il nous faut l’accueillir dans le silence.

1er point : Aujourd’hui nous allons voir que écouter la Parole, l’accueillir, signifie aussi entrer dans un combat intérieur et donc, il nous faut lutter avec la Parole

L’ expression ‘’ lutter avec la Parole ‘’ peut nous surprendre, on aurait plutôt l’impression de dire ‘’ lutter avec le malin’’ qui nous empêche d’accueillir la Parole, et c’est vrai que veiller, prier, va de pair avec un combat, parfois violent et difficile.

Un père du désert égyptien, ABBA AGATHON, dans ses ‘’ APOPHTEGMES’’, (ces petits recueils, ces phrases percutantes des moines du désert,) dit :

’’ L’œuvre la plus difficile pour le moine, c’est la prière.’’

En effet, elle exige de lui, un dur combat jusqu’ à son dernier soupir.

Cela nous enlève ce regard un petit peu romantique du moine priant tranquillement dans la paix intérieure. Les moines, nous le savons, vivent la prière comme ‘’ un cœur à cœur’’, c’est sûr. Mais aussi, il y en a un que cela dérange, cette prière intérieure, c’est le malin qui vient tout faire pour s’opposer à cette rencontre, pour s’opposer à cette paix intérieure.

 

Et donc, le priant a un choix à faire : un choix entre l’esprit et la chair, un choix entre la volonté de Dieu et sa volonté propre, entre l’Amour sans borne du père et ses désirs si limités. Ce combat là , ce choix là , le moine , l’ ermite , le contemplatif , le vit d’ une manière toute particulière, bien plus forte que nous qui sommes dans le monde .

Mais ils nous disent quelque chose : ‘’ Cramponnez-vous à Jésus’’, parce que il y a cette tempête, ce combat ; ‘’ Appuyez- vous sur Jésus’’, ‘’appuyez-vous sur sa Parole’’, ‘’ appuyez-vous sur ce Nom de Jésus ‘’, vous savez, cette prière de Jésus, cette prière de l’Orient qui répète sans relâche le Nom de Jésus : ’’ Jésus, doux et humble de cœur, prends pitié de moi pécheur’’.

Nous sommes invités à cette continuelle invocation de Jésus qui nous permet de le rendre toujours plus présent à nous-mêmes. Alors, face à ce combat avec la Parole, nous sommes invités à cette persévérance, une persévérance pour accepter parfois de prier sans lumière, de prier avec un cœur qui ne nous paraît pas plus gros que le grain de sénevé. Mais jésus nous le rappelle :’’ c’est suffisant‘’, c’est suffisant pour que Dieu descende en nous et vienne renouveler ses merveilles.

Travail du cœur, purification, renoncement à soi-même, sont aussi de moyens pour que Dieu trouve sa place en nous, pour que la Parole de Dieu descende dans nos cœurs.

 

 

2ème point : Il nous faut mâcher la Parole

Ezéchiel dit, dans le chapitre 3 : ’’Le cœur vient accueillir la Parole, il La mange, et il La digère.’’

Le Psaume 1 nous dit : ‘’ Cette Parole, elle est murmurée jour et nuit’’.

 

Plus je me nourris de la Parole, plus je me fortifie. Cette continuelle répétition, au moyen-âge, on appelait ça ‘’ la rumination’’.

Je me souviens d’un prêtre qui, à la sortie de la messe, un dimanche où il avait expliqué cette rumination de la Parole, avait offert des chewing-gums à tous ses paroissiens en disant :

‘’ Allez- y, soyez comme ces ruminants et faites-le, non seulement avec ce chewing-gum mais aussi avec la Parole de Dieu.’’

Oui, cette Parole que je vais tourner et retournez dans mon cœur, n’est pas seulement une parole humaine, c’est la Parole de Dieu qui vient descendre en nous et ensemencer notre vie.

C’ est là que nous comprenons que lorsque nous allons à la messe , le dimanche , si nous n’ avons jamais accueilli la Parole avant ,on l’ entend une fois mais elle risque de passer comme la pluie sur les ailes d’ un canard, et cette parole prend beaucoup plus de sens et habite beaucoup plus en nous si nous prenons le temps de la lire avant , de la méditer avant , pour que , arrivés à la messe , elle résonne une fois de plus et nous aide à rentrer dans ce dialogue , dans ce dialogue intérieur.

Je vous invite cette semaine à prendre le temps de cette parole, à ne pas avoir peur parfois de la sécheresse, du combat intérieur, du découragement. Tenez bon, et n’hésitez pas, lorsque vous êtes dans le combat à redire le Nom de Jésus, à répéter, à ruminer le Nom de Jésus pour qu’Il vous aide à être vigilants.

 

Père Ronan Dyèvre