La messe (17) – La Présence Réelle
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Chers membres des cellules,

Dans la suite de la semaine dernière, je vous parlerai maintenant de la présence réelle. Cette vérité ne cesse de réjouir l’Eglise, même s’il faut reconnaître qu’elle a parfois été remise en cause ces derniers temps. C’était déjà le cas du temps du Pape Paul VI dont la canonisation est annoncée pour le 14 octobre prochain.

 

Dans l’encyclique Mysterium Fidei sur la doctrine et le culte de la sainte Eucharistie, ce pape avait d’abord évoqué le Christ qui « est présent à son Eglise qui prie, […] qui accomplit les œuvres de miséricorde, […] qui prêche, […] qui gouverne le Peuple de Dieu, […] qui en son nom célèbre le Sacrifice de la Messe et administre les sacrements. » Après cela, voici ce qu’il écrivait : « On reste émerveillé devant ces divers modes de présence du Christ et on y trouve à contempler le mystère même de l’Eglise. Pourtant bien autre est le mode, vraiment sublime, selon lequel le Christ est présent à l’Eglise dans le Sacrement de l’Eucharistie. […] Cette présence, on la nomme “réelle”, non à titre exclusif, comme si les autres présences n’étaient pas “réelles”, mais par excellence […], parce qu’elle est substantielle, et que par elle le Christ, Homme-Dieu, se rend présent tout entier. »

 

Cherchons donc à comprendre ce que l’Eglise enseigne quand elle parle de cette présence substantielle du Christ. Le choix de cet adjectif par Paul VI faisait immédiatement référence à l’enseignement du concile de Trente qui affirme que « dans le très Saint Sacrement de l’Eucharistie sont “contenus vraiment, réellement et substantiellement le Corps et le Sang conjointement avec l’âme et la divinité de notre Seigneur Jésus-Christ, et, par conséquent, le Christ tout entier” (Cc Trente) » (CEC §1374).

 

Chacun de vous a certainement déjà fait le lien avec la transsubstantiation que j’ai évoquée la semaine dernière et qui est « la conversion du pain et du vin au Corps et au Sang du Christ » (CEC §1375). Ce terme inventé par la théologie pour cette réalité unique ne peut se comprendre qu’en lien au mot “substance” que l’Eglise a emprunté à la philosophie d’Aristote. Il ne s’agit donc pas du sens actuel, dans le contexte scientifique, pour désigner toute sorte de matière. La substance, au sens philosophique, est la réponse à la question de l’être. Il s’agit de la réalité permanente dont les apparences – Aristote disait les “accidents” – peuvent être changeantes.

 

Par exemple, la substance d’une certaine quantité d’eau peut apparaître sous forme solide, liquide ou gazeuse. Les accidents – ce qui apparaît – changent, mais c’est toujours la même substance, le même être. Dans le cas de la messe, c’est tout le contraire qui se passe, ce que seul le Créateur et maître de toute chose peut réaliser. La substance se trouve convertie alors que ce qui apparaît – l’Eglise dit les espèces – est inchangé. Au niveau de l’être, au niveau de la substance, c’était simplement du pain de blé et c’est véritablement devenu le Corps du Christ, tandis que nous continuons à percevoir les espèces du pain. Dans sa liberté et selon sa puissance, Dieu maintient la présence de la substance du Corps du Christ tant que subsistent les signes visibles qui étaient ceux du pain.

 

Il convient d’ajouter que si sous les espèces du pain se trouve désormais présente la substance du Corps, ce n’est pas sans que soit présent le Christ tout entier, selon son humanité et sa divinité. De même, sous les espèces du vin qui a été consacré, nous sommes aussi en présence de Dieu. C’est la raison pour laquelle l’Eglise nous invite à adorer l’hostie et à faire devant les signes eucharistiques toutes les marques de respect et d’adoration qui expriment notre foi en la présence réelle.

 

Pour clore, trop tôt, cet enseignement, je vous invite à lire et à méditer dans son intégralité la très belle séquence de la Fête-Dieu. Lorsqu’elle est lue en français, on choisit parfois de n’en prendre que la dernière partie mais l’ensemble est une merveilleuse catéchèse que nous devons au grand saint Thomas d’Aquin. Je ne résiste pas à vous redire le cri du cœur et le cri de ralliement de saint Pierre-Julien Eymard, le grand apôtre de l’Eucharistie : « Jésus est là : donc tous à lui ! »

 

Dans l’attente de la si belle fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ, je vous bénis.