Être Disciple du Christ (5) – Disciples « bouchés » ou « débouchés » ?
280 – Cellules paroissiales d’Evangélisation - juin 2016
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Pour ce 5ème  enseignement, après l’enseignement que nous avons eu en inter-cellules, le thème d’aujourd’hui est : «Disciples bouchés ou débouchés ? ». Je vais vous expliquer dans quelques instants. Nous avons vu au chapitre 6 de St Marc combien la vie des apôtres était bien remplie : lorsqu’ils ont été envoyés en mission, ils ont appris l’exécution de Jean-Baptiste et, après tous ces événements forts, ils reviennent. Et on les sent fatigués, et donc Jésus les invite à se mettre à l’écart pour se reposer un peu, et voilà que déboulent les foules, avec la multiplication des pains.

Nous sommes donc au chapitre 6, à partir des versets 45-52 ; c’est juste après la multiplication des pains : Il oblige les apôtres à partir vers Bethsaïde de l’autre côté de la Mer de Galilée. Et ça va être l’expérience d’une tempête qui, avec les vents contraires et la 4è veille de la nuit (c’est-à-dire que la nuit est déjà bien avancée) lorsqu’ils voient tout d’un coup, Jésus marcher sur l’eau et même les dépasser. Et alors là, c’est la panique à bord. L’Evangéliste nous dit qu’ils poussent des cris d’abord ; ils croient que c’est un fantôme ; ils sont troublés, et Jésus va leur dire : « Ayez confiance, c’est moi, soyez sans crainte ». Et l’évangéliste redouble en disant : « Jésus monte dans la barque, ils étaient intérieurement au comble de la stupeur, car ils n’avaient pas compris le miracle des pains, leur esprit était bouché.

C’est intéressant de voir combien les apôtres qui ont vécu ces histoires si fortes de victoires du Christ, de guérisons, de cette multiplication, tous ces miracles, ils n’ont pas compris qui est Jésus ; qu’Il est le Maître de la Vie ; qu’II est ce Dieu présent au milieu d’eux, et qu’Il est effectivement déjà le victorieux de la mort. L’eau, la mer, symbole des forces du mal, symbole de la mort pour les Juifs : rappelez-vous Noé qui va sortir de l’eau après 40 jours et 40 nuits de déluge ; rappelez-vous Moïse, qui va traverser la Mer Rouge et qui va laisser les forces du mal, les forces du péché en quelque sorte, au fond de la mer pour sortir de l’autre côté et marcher vers la Terre Promise. Ils n’ont pas compris : ils sont bouchés. Comme leur esprit est lent à croire.

Au chap. 7 Jésus va rencontrer les Pharisiens pour essayer de leur faire comprendre aussi ce qui est en train de se réaliser. Ils sont là ; ce sont des bonnes personnes qui suivent la Loi de tout leur cœur, mais ils ne comprennent pas non plus les gestes de Jésus. Ils sont là avec tous leurs rites de lavage de cruches,  des plats, toutes leurs règles pour rendre purs les objets. Et Jésus va leur dire : « Attention, attention, l’important n’est pas ce qui à l’extérieur de l’homme, et donc la nourriture –comme s’il pouvait y avoir des aliments impurs- mais bien ce qui se trouve au fond du cœur.

Et les apôtres ont du mal à comprendre aussi cette parole : une fois de plus, Jésus insiste : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ». Et quelques versets plus loin, au verset 18 de ce chapitre 7 de St Marc : « Vous êtes à ce point sans intelligence ? Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui pénètre du dehors dans l’homme ne peut le souiller ? » Parce que cela ne va pas  dans son cœur, mais dans le ventre.

Nous aussi nous sommes invités à ouvrir notre cœur à cet essentiel. A cet essentiel qu’est ce qui est dans mon cœur : pensées, paroles, ce qui va motiver mes actions. Vous avez remarqué que quand on dit le « Je confesse à Dieu »  au début  de la messe, on dépose tout ce qui a pu être obstacle à la volonté de Dieu : pensées, paroles, par action, par omission. Voilà le vrai combat, voilà le vrai enjeu. Et on pourrait dire effectivement : tous nos gestes extérieurs, tous nos rites, tous nos rythmes aussi de prière sont là pour descendre au fond de notre cœur, là où se trouve la source de nos pensées, de nos paroles,  de nos actions. Et malheureusement aussi tout ce bien que nous laissons de côté.

Alors demandons cette grâce, puisque nous sommes disciples du Christ, qu’Il nous aide à déboucher les oreilles de notre cœur, à ouvrir nos yeux ; c’est nous les sourds, c’est nous les aveugles. Demandons cette grâce de chasser nos craintes, de chasser nos incompréhensions, comme les apôtres dans la barque.

Oui, le Christ veut nous libérer, le Christ veut vraiment  descendre faire sa demeure en nous, au plus profond de notre cœur, c’est là qu’Il veut aller. Il veut transformer, convertir cet intime de nous-mêmes, cette source vive qui est en nous. C’est là que coule notre baptême, c’est là que coule la vie divine. Est-ce que je veux vivre toute chose avec Lui ? Est-ce que je veux vraiment être disciple du Christ vivant ?

Bonne semaine à tous

 

Père Ronan Dyèvre.