Etre Disciple du Christ (4) – Vivre l’Evangélisation en vacances
279 - Cellules paroissiales d’Evangélisation - Mai 2016
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Parler de vacances dans l’Evangile : ce n’est pas la première attitude ni le but de Jésus de prendre des vacances. Et pourtant, dans l’Evangile de Marc (6, 31), Jésus parle de “prendre un moment de repos à l’écart, dans un endroit désert”.

Pourquoi ? Que s’est-il passé un peu avant ?  C’est toujours important d’aller voir ce qui se passe avant et après le verset à méditer, et ce chapitre 6 est dense :

Relisons ce chapitre 6 :

v7 à 13 : Les Apôtres sont envoyés en mission.

v17 à 29 : C’est l’exécution de Jean- Baptiste

v30 à 32 : Jésus voit bien que les Apôtres ont besoin de se mettre à l’écart, ‘’ de se poser ‘’ après ces moments ‘’ agités’’ et ce rythme soutenu. Il part en barque avec eux, dans un endroit désert.

v33 à 44 : La foule les rejoint et c’est la multiplication des pains. Jésus met les Apôtres à contribution pour gérer cette multiplication. On passe des ‘’ vacances ‘’ à l’Evangélisation.

v45 : Jésus marche sur les eaux (Pour mémoire, c’est le Lac de Tibériade, appelé aussi Mer de Galilée).

 

Grande question : Peut-on être en vacances du Christ, en vacances de l’Evangile ? Non. On touche là l’enjeu important de notre civilisation moderne qui a développé cette société de loisirs. Le vrai danger de ce changement de rythme, de ce temps “nouveau”, c’est celui de mettre Jésus “en vacances” et cela nécessite une adaptation pour qu’Il garde ou prenne toute sa place durant ce temps.

1. Le préambule à l’Evangélisation

C’est l’importance de me poser, me ressourcer, de garder à tout prix ce temps privilégié de cœur à cœur avec le Seigneur, de ‘’ s’arrêter pour Lui, d’entretenir sa vie spirituelle.

Tout cela est nécessaire pour pouvoir évangéliser et porter le Christ et la Bonne Nouvelle. A chacun de trouver le moyen qui lui correspond.

Quelques exemples possibles (et pas forcément dans le silence d’ une abbaye) : prendre une semaine de retraite spirituelle ou une session de 3 jours, un passage dans une abbaye, faire un bout du chemin de Saint Jacques de Compostelle ou du Tro – Breiz (Tour de Bretagne, né au Moyen Age et effectué  en l’honneur des sept  saints fondateurs de la Bretagne, 600 kms en 7 étapes, il est joyeux et festif),  pour les couples, prendre une heure par semaine ou 1 semaine par an… (Témoignage du père Dyèvre sur la difficulté et le défi pour les prêtres de conserver un jour de repos…)

2. Un temps d’intériorisation :

Pas d’évangélisation possible s’il n’y a pas d’abord ce temps d’intériorisation. Comment est-ce que je vais prendre un temps de silence pour que la Parole m’apporte aussi du fruit ?

Comment ’’ débrancher’’ tous nos appareils (ordi, téléphones portables, écrans, etc..), accepter de ne pas courir après les dernières infos …

Que ce temps de vacances ne soit plus un temps de dispersion mais un temps d’intériorisation…

3. Nos vacances sont un temps de charité.

Pour beaucoup de gens c’est un temps difficile : retrouvailles en famille quand les centres d’intérêts sont trop différents ou qu’il y a de gros problèmes familiaux, c’est parfois compliqué de se retrouver en famille d’où la nécessité de prendre du recul, c’est souvent beaucoup de joies mais souvent aussi un vrai défi du vivre ensemble.

Exemple donné par le père Dyèvre, d’une jeune femme qui voulait jeûner 2 fois par semaine et dont la famille ne supportait pas ce jeûne, il faut parfois savoir ne pas créer d’opposition frontale et savoir par exemple renoncer à ce jeûne. Savoir par exemple ne pas imposer que ‘’ c’est l’heure de la prière ‘’. Mais il y a un autre danger : celui de ne pas prier, de renoncer à aller à la messe le dimanche pour ne pas déranger sa famille.

Jusqu’où je vais annoncer ma rencontre avec le Christ ?

Il faut savoir saisir une occasion par exemple la découverte d’une petite chapelle sur le chemin de promenade : ’’ et si on entrait prier un petit moment ? ‘’. Il ne s’agit pas de se taire mais de trouver ce qui est juste, d’avoir l’audace et la charité. L’évangélisation n’est pas mise entre parenthèse. Il faut aussi savoir saisir ces moments de détente où les cœurs peuvent s’ouvrir, il peut y avoir une disponibilité du cœur, savoir confier ces temps de rencontres à l’Esprit Saint, Lui demander de nous inspirer une bonne parole.

4. Ce temps de vacances est aussi pour certains un temps de solitude

Alors que Viroflay se vide pour des personnes âgées ou des familles qui ne peuvent pas partir, il faut savoir que ce temps peut être puissant dans la charité et l’offrande.

On peut dire à ces personnes qui ne partent pas qu’elles peuvent intercéder et porter dans la prière, qu’elles ont une mission de veilleurs comme les moines et moniales ‘’ tiennent sur leur rocher ‘’ dans les monastères, une vraie mission d’intercession pour ce monde qui s’agite d’une manière particulière, n’oublions pas ce monde toujours en transformation.

Le Christ nous envoie.

Pour beaucoup il y a un vrai combat spirituel, intercédons pour tous ceux qui vivent ce combat. Et restons dans la louange car nous avons ce trésor qu’est le Christ, cette énorme chance de l’aimer, de vivre avec Lui, de ne jamais être seul. C’est immense.

Quelle souffrance, quel manque pour ceux qui n’ont pas cette chance là… Nous sommes gâtés.

 

Père Ronan Dyèvre