Dire l’amour de Dieu
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Chers frères et sœurs,

Cette semaine a commencé avec la fête de la Sainte Trinité. Avec ce dogme, l’Eglise nous dit quelque chose de Dieu qui s’est révélé par l’humanité du Christ : il est le Fils parce qu’il est relié au Père qui l’aime et qui lui donne son Esprit. La vie d’un homme, la vie de cet homme est la petite lucarne par laquelle nous entrevoyons et nous entrons dans le mystère de Dieu qui est Amour.

Je voudrais profiter de cette fête pour vous redire votre mission d’annoncer l’amour de Dieu, ou plutôt, encore une fois, d’annoncer l’Amour qu’est Dieu.

 Le dogme de la Trinité, en effet, ne nous dit pas seulement que Dieu a de l’amour mais que « Dieu est Amour » (1Jn 4, 8.16).

Si les personnes divines ne sont qu’un seul Dieu, c’est parce que chacune d’elle aime parfaitement les deux autres, parce que chacune d’elle se donne entièrement et accueille pleinement les deux autres. La vie et l’être même de Dieu est d’aimer. Il n’a pas d’autre activité ou s’il on peut dire qu’il a une autre activité comme le fait de nous créer ou de nous sauver, c’est que cette activité est portée absolument par l’amour. En disant que Dieu est communion et que les personnes divines n’ont « qu’une seule et même opération » (CEC 258), nous disons encore une fois que Dieu est Amour.

Ce dogme a été façonné par l’Eglise avec l’aide de l’Esprit Saint à partir de l’expérience et du témoignage des Apôtres.

Saint Jean commence sa première lettre avec ces mots :

« Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons. » (1Jn 1, 1)

Les Apôtres ont connu Jésus entre le temps de son baptême au Jourdain et celui de son élévation au Ciel. Pendant ces trois années, ils ont fait à la fois l’expérience d’être aimés par cet homme et par Dieu. Ils ont aussi compris combien Jésus aimait Dieu (cf. Jn 14, 31) qu’il appelait « Père » (Lc 10, 21) et ils ont pu confesser que ce Jésus était le Fils, « rayonnement de la gloire de Dieu, expression parfaite de son être » (He 1, 3), qu’il était le « Verbe de vie » adressé par Dieu aux hommes pour les sauver et faire d’eux ses enfants d’adoption dans le Fils unique.

Puisque cette expérience s’est faite par les oreilles, les yeux et les mains des Apôtres, c’est ainsi que nous devons et que nous pouvons la transmettre : par notre manière d’être, par notre relation à Dieu et par notre relation aux hommes.

Demandons donc à être enflammés par l’amour de Dieu. Demandons la charité pour que, comme un feu, elle nous transforme en ce qu’elle est. Mettons-la en œuvre concrètement avec ceux qui nous entourent et que nous rencontrons, tandis qu’elle nous attache de plus en plus vitalement à Dieu qui se donne à nous. Notre vie peut en dire beaucoup. Laissons-nous façonner par l’Esprit Saint, à la ressemblance du Christ, selon l’appel qui est le nôtre.

Gardons les commandements de Dieu car sans cela, nous pourrions vite nous égarer dans l’illusion de l’amour. Détaché de la vérité, l’amour est comme vidé de lui-même. En singeant l’amour, nous ne pourrions plus porter de fruit et avec les meilleurs sentiments du monde, nous pourrions faire beaucoup de mal.

« Amour et vérité se rencontrent », chante le psaume 84 (v. 11).

Mais ensuite, nous savons bien que la recherche, malgré notre faiblesse, de la rectitude morale ne suffit pas. Il faut aussi qu’il y ait la douceur et la patience (cf. Ep 4, 1), la générosité, la tendresse et la miséricorde (cf. Ep 4, 32).

L’effet ne sera pas nécessairement immédiat mais il ne manquera pas de se produire car là « où sont amour et charité, Dieu est présent ». La charité ouvre les cœurs et les soigne. Elle accomplit ce que nulle autre puissance ne peut réaliser. Même la vérité, avec toute sa force et sa beauté, ne peut convaincre tant qu’elle n’est pas unie à l’amour qui est l’expression même de la vérité de Dieu et de la vérité de ce que nous sommes appelés à être.

Ne prétextons pas notre impuissance, comme si nous devions nous regarder nous-mêmes, mais regardons Dieu qui nous aime et qui, en faisant sa demeure en nous, vient lui-même aimer et nous faire aimer.

Pour que nous sachions laisser la sainte Trinité habiter nos cœurs et nos vies, je vous bénis.