Annoncé en Élie
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Saint Luc ne parle qu’une seule fois du lien entre Elie et Jean le Baptiste (1, 17). Il lui préfère celui entre Elie et Jésus, ainsi déjà dans la synagogue de Nazareth (4, 25-26).

Ici, au chapitre neuvième de son évangile, les indices sont nombreux. Le roi Acab avait cherché Elie (1R 18, 10) et Hérode cherchait à voir Jésus (9, 7-9) que certains prenaient justement pour Elie. Au temps de la sécheresse, le prophète avait nourri la veuve de Sarepta à partir d’une pauvre offrande (1R 17, 9-16) et Jésus a nourri une foule au désert à partir des restes qu’avaient les disciples (9, 11-17). À partir de sa rencontre avec Dieu sur l’Horeb (1R 19, 8ss), la mission d’Elie – et Elie lui-même – a été renouvelée. De son côté, Jésus est allé prier sur la montagne où il s’entretint avec Elie (9, 28-36), juste avant que sa mission ne prenne sa nouvelle et définitive direction (9, 51 – le début de l’évangile de ce jour). Désormais, Jésus était tout orienté vers son enlèvement au ciel, expression qui ne peut manquer de nous faire penser à celui d’Elie, auquel est associé la transmission de son esprit à son disciple Elisée (2R 2, 9-12), annonce lointaine du mystère de la Pentecôte.

Ce dernier point nous invite à être attentif à la relation entre Jésus et ceux qui veulent le suivre, dont l’évangéliste a montré le parallèle avec celle entre Elie et Elisée (cf. la première lecture). Jésus veille à la liberté de leur réponse et ce d’autant plus qu’il leur demande un engagement radical et un abandon absolu. Un jour, ils reviendront vers les Samaritains, sans la violence d’Elie, mais avec la douceur du Christ, pour invoquer sur eux le feu de l’Esprit Saint.

Abbé Bruno Bettoli +