Si l’Eucharistie tient une telle place dans notre vie de pratiquants, c’est parce qu’elle n’est pas un Sacrement comme les autres.
L’Église, c’est le corps du Christ… et l’Eucharistie nous a été donnée pour que nous devenions corps du Christ.
Si l’adoration eucharistique a du sens, c’est parce que l’Eucharistie est la présence du Christ : sa présence réelle. L’Eucharistie, c’est le Christ.
Quand il nous dit : “Ceci est mon corps”, il veut dire : “C’est moi.” Le mot “corps” est l’un des termes qui désignaient ce que nous appelons la “personne”. Jésus veut dire : “C’est moi en personne.” C’est ainsi que les chrétiens l’ont compris dès les premiers
temps de l’Église.
Et pourtant, cette présence réelle du Christ dans l’Eucharistie, ce n’est pas l’essentiel de ce Sacrement.
Depuis toujours, dans l’Église, on a parlé du “sacrifice eucharistique”.
Le Christ est le rédempteur : il nous a sauvés par son incarnation et par le sacrifice de sa vie.
Chacun des Sacrements nous communique la grâce de la rédemption : par les Sacrements, c’est la grâce du salut qui nous atteint actuellement et personnellement.
Mais dans l’Eucharistie, il y a plus : ce n’est pas seulement un Sacrement qui résulte du sacrifice du Christ… c’est quelque chose du sacrifice du Christ.
Dans l’Ancien Testament, un sacrifice comportait deux moments : une immolation et une communion au sacrifice.
Après avoir immolé l’agneau pascal, les familles juives faisaient (et font encore) le repas pascal : c’est la communion au sacrifice.
On pourrait penser que c’est un rite révolu. Mais saint Paul rappelle aux Corinthiens que l’Eucharistie est une communion au corps du Christ, et donc une communion au sacrifice du Christ.
Le mot “communion” était employé uniquement pour désigner un repas sacrificiel (I Cor. 10,18).
Ce qui veut dire que le sacrifice du Christ, comme ceux de l’Ancien Testament, comporte deux moments : l’un, qui est unique et ne sera jamais renouvelé, et l’autre qui est appelé à durer aussi longtemps que l’Église.
L’immolation du Christ sur la croix est unique (la lettre aux Hébreux le dit avec insistance), mais notre communion à cet unique sacrifice est appelée à durer jusqu’au terme de l’histoire.
Cette communion fait partie du sacrifice : ce n’est pas une simple conséquence du sacrifice… ce n’est pas quelque chose en plus… ou quelque chose qui vient après… c’est le deuxième moment du sacrifice du Christ : celui de notre communion à son sacrifice : “La
coupe de bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas une communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons n’est-il pas une communion au corps du Christ ?” (I Cor. 10,16)
L’Eucharistie diffère de tous les autres Sacrements; par elle le sacrifice qui nous donne la vie éternelle est rendu présent : “Celui qui mange ma chair et boit mon sang possède la vie éternelle.”
Cependant, quand on a dit notre foi dans la présence réelle du Christ… et quand on a ajouté que, par cette présence réelle, nous pouvons communier à son sacrifice, on n’a pas encore dit l’essentiel de ce Sacrement.
Le pain devient corps du Christ. Que peut-on imaginer de plus important ?
En vérité, si le pain devient corps du Christ, c’est pour que nous, ses disciples, nous devenions corps du Christ… c’est la raison d’être de l’Eucharistie : “Puisqu’il y a un seul pain, nous sommes tous un seul corps, car tous nous participons à cet unique
pain.” (I Cor. 10,17)
JCP
“Puisqu’il y a un seul pain, nous sommes tous un seul corps.” (I Cor. 10,17)
Dominicales n° 622 - 26 juin 2011 - Fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ (Année A)
“Puisqu’il y a un seul pain, nous sommes tous un seul corps.” (I Cor. 10,17)