Jean Baptiste se demande si Jésus de Nazareth est bien le Messie attendu.
Question étonnante de la part de celui qui avait préparé les cœurs à le reconnaître comme le Sauveur du monde !
Les Juifs attendaient, pour la plupart, un sauveur terrestre, apportant une victoire militaire et une domination politique… et Jean était venu pour susciter dans les cœurs l’attente d’un tout autre salut.
Dès les premiers jours, il avait désigné Jésus comme “l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde” (Jn 1,29)… et donc comme le “Serviteur de Yahvé” du livre d’Isaïe… mystérieux personnage qui était “semblable à un agneau mené à l’abattoir” (Is. 53,7),
offrant sa vie pour sauver la multitude des hommes (Is. 53,11).
On sait que pour Isaïe, ce Serviteur humilié représentait le Peuple d’Israël souffrant pour le salut de toutes les nations.
Mais en identifiant Jésus avec ce personnage, Jean voulait dire à ceux qui venaient à lui quel genre de Sauveur ils devaient attendre : un Sauveur prêt à donner sa vie pour le salut du monde.
Nous pensons que Jean Baptiste n’aurait jamais dû s’étonner de la façon dont Jésus accomplissait sa Mission. En fait, comme ses contemporains, il aura l’impression que rien ne se passe… et lui qui, le premier, avait reconnu Jésus, il le provoque et veut le
pousser à se comporter en Messie : “Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ?” (Mt 11,3)
Jésus lui répond en citant Isaïe : Oui, il est bien celui qui devait guérir les aveugles et les boiteux, les sourds et les lépreux, ressusciter les morts et annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres. (Mt 11,5) Il est bien le “Serviteur” que Jean avait pressenti…
et il l’est au-delà de ce qu’il avait imaginé : jusqu’au don de soi.
Mais, en même temps, il est infiniment plus grand que ce qu’attendaient les fils d’Israël. Il le laisse deviner en faisant une citation du prophète Malachie : “Qu’êtes-vous allés voir dans le désert ?… un prophète… et plus qu’un prophète… c’est celui dont il
est écrit : Voici que j’envoie mon messager devant toi, pour qu’il prépare le chemin devant toi.” (Mt 11,8-10)
Dans le livre de Malachie, c’est Dieu qui parle… il dit : “Voici que j’envoie mon messager pour qu’il prépare le chemin devant moi.” (Mal. 3,1)
Dans cet oracle, Yahvé lui-même annonce sa venue dans le monde, et il révèle qu’un “messager” préparera le chemin devant lui.
On peut remarquer que les mots : “devant moi (Yahvé)” du livre de Malachie sont devenus, dans l’Evangile : “devant toi (Jésus)”.
Dans l’Évangile, le messager qui prépare le chemin devant Dieu est identifié avec Jean Baptiste. Or, chacun sait que Jean avait préparé le chemin pour Jésus !
Une telle réutilisation du texte biblique faisait partie des usages littéraires… c’était une façon de dire que Jésus est Dieu !
Celui qui est né dans une étable et qui a vécu si simplement que Jean lui-même en est venu à douter de sa mission… est également celui qui surpasse toutes les grandeurs de ce monde… il est Dieu !
Cela signifie également qu’il s’est fait le serviteur de tous, jusqu’à donner sa vie… lui, le Fils unique de Dieu, s’est fait proche des plus petits, de sorte que chacun de nous peut l’accueillir et le rencontrer comme un ami et comme un frère.
JCP