Ces quelques lignes du premier chapitre de Saint Jean (v. 35-39), peuvent donner l’impression d’un récit ne contenant pas de message particulier… et dans lequel il se passe relativement peu de chose !
Jean Baptiste est avec deux de ses disciples… l’un est André, le frère de Simon-Pierre… l’autre n’est pas nommé… mais on sait que Jean, dans son Evangile, ne mentionne jamais son propre nom !
Tous deux rencontrent Jésus… lui demandent où il demeure… “Ils l’accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C’était vers quatre heures du soir.” (Jn 1,39)
En fait, le souvenir de cette journée est resté gravé dans sa mémoire.
Ce jour-là a été celui de sa rencontre avec le Fils de Dieu !
On imagine que cette page… avant de devenir le message de Jean… avant de devenir l’Evangile qu’il a annoncé jusqu’en Asie Mineure… a été l’objet de sa prière et de sa contemplation.
En reprenant ces quelques lignes dans notre prière… il se pourrait qu’avec l’évangéliste, nous soyons transportés quelque part au bord du Jourdain… à la limite du désert… dans la poussière et la chaleur, avec les deux disciples qui demandent au Fils de Dieu
fait homme : «Maître, où demeures-tu ? »»
Et il leur répond… il nous répond : «Venez et vous verrez.»
Celui qui en prendra le temps… pourra peut-être revivre, avec eux, ces moments privilégiés… faire silence… et demeurer simplement en sa présence… sans attendre de lui un message ou un discours.
On admire avec raison les spiritualités du Tibet ou des Indes : nos contemporains y découvrent la contemplation… et c’est une immense découverte pour des gens dont toute la vie consistait à consommer, à produire, et à s’abrutir de télévision… ils font ainsi
l’approche d’une longue tradition de sagesse humaine.
Mais, dans la prière des disciples du Christ, il y a beaucoup plus qu’une recherche de la sagesse… c’est la rencontre d’une personne : le contact avec le Verbe de Dieu entré dans notre histoire.
Jean a vécu trois années intenses à la suite de Jésus, il a entendu chaque jour son enseignement, il l’a retenu et compris mieux que personne… mais dans cette première journée, presque sans paroles, passée sur la rive du Jourdain, a eu lieu la rencontre… sans
laquelle toutes les paroles seraient vides.
Dans le prologue de sa grande épître, il nous donne la clef de cette première page de son Evangile :
“Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, et que nos mains ont touché du Verbe de vie… ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi
vous soyez en communion avec nous.
Et notre communion est communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ.” (1Jn 1,1-3)
JCP