On les appelle “lettres pastorales” parce qu’elles sont des règles de vie et d’action données à des Pasteurs en vue de la direction des Églises.
Des sujets nouveaux étant abordés, le langage est un peu renouvelé… et certains commentateurs pensent que ces lettres ne sont pas de saint Paul.
Même si cette opinion ne remet pas en cause le fait qu’elles appartiennent à l’Écriture Sainte et sont des “Paroles de Dieu”… elle ne s’impose pas.
Ce sont de vraies lettres, écrites dans des circonstances précises, pleines de détails qui n’auraient aucun sens s’ils étaient inventés… et, en dehors de Paul, personne, dans l’Église, n’aurait pu se permettre de parler sur ce ton à Timothée ou à Tite, qui sont les premiers successeurs des Apôtres.
Paul donne des consignes pour l’organisation des Églises : elles ont à leur tête des évêques et des diacres, qui doivent être choisis avec soin.
On ne distingue pas encore les prêtres et les évêques, et les deux termes : “presbytres” (anciens) et “épiscopes” (responsables) désignent les mêmes personnes, comme on le voit dans la lettre à Tite, 1,5-9 :
“Si je t’ai laissé en Crète, c’est pour que tu y achèves l’organisation et que tu établisses dans chaque ville des “presbytres, suivant mes instructions. Chacun d’eux doit être irréprochable, mari d’une seule femme (il ne doit pas se remarier s’il perd sa femme), avoir des enfants croyants qu’on ne puisse pas accuser d’inconduite ou d’insoumission (il doit savoir élever au moins ses enfants : I Tim. 3,5).
Il faut en effet que l’ “épiscope” (on voit que les mots : “prêtres” et “évêque” sont encore équivalents) soit irréprochable en sa qualité d’intendant de Dieu : ni arrogant, ni coléreux, ni buveur, ni batailleur, ni avide de gains honteux.
Il doit être hospitalier, ami du bien, pondéré, juste, saint, maître de soi, fermement attaché à la Parole digne de foi, qui est conforme à l’enseignement (c’est-à-dire à la tradition de l’Église qui vient du Christ). Ainsi sera-t-il capable d’exhorter dans la saine doctrine et de réfuter les contradicteurs.”
Paul insiste sur la fidélité à la “saine doctrine” : au “dépôt” de la foi, qui ne nous appartient pas, et qu’il faut transmettre avec une fidélité absolue :
“Garde le bon dépôt, par l’Esprit Saint qui habite en nous.” (II Tim. 1,14)
Il est exaspéré par les missionnaires judéo-chrétiens qui racontent n’importe quoi (Tite 1,10-12)… certains condamnent le mariage (I Tim. 4,3), d’autres prétendent que la Résurrection a déjà eu lieu (II Tim. 2,18).
Après lui avoir donné des avertissements, il faut écarter celui qui est “hérétique” (Tite 3,10) c’est-à-dire celui qui fait des “choix” (hairésis en grec) dans le dépôt de la foi : qui invente sa religion à lui, en choisissant ce qui lui convient dans l’Évangile.
Timothée doit transmettre l’Évangile qu’il a reçu de Paul, et le confier à des hommes qui sauront rester fidèles à cette tradition venue du Christ : “Ce que tu as appris de moi en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes fidèles qui seront eux-mêmes capables de l’enseigner encore à d’autres.” (II Tim. 2,2)
On ne peut pas prendre à la légère la Parole de Dieu… et ceux qui se donnent du mal pour enseigner ont un mérite particulier : “Les presbytres qui exercent bien la présidence méritent double honneur, surtout ceux qui peinent au ministère de la parole et à l’enseignement.” (I Tim. 5,17)
Timothée, qui est un peu fragile, doit se rappeler qu’il a reçu l’imposition des mains de Paul (II Tim. 1,6) et du presbyterium (I Tim. 4,14)… et que, par cette ordination, il a reçu un “charisme” : un don de l’Esprit en vue de son ministère… ce qu’on pourrait appeler la grâce de l’ordination :
“C’est pourquoi je te rappelle d’avoir à raviver le don (“charisme”) de Dieu qui est en toi depuis que je t’ai imposé les mains. Car ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de maîtrise de soi. N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur et n’aie pas honte de moi, prisonnier pour lui. Mais souffre avec moi pour l’Évangile, comptant sur la puissance de Dieu …” (II. Tim. 1,6-8)
Si Jésus a voulu et a fait une Église, c’est parce que la foi est transmise, avant tout, par le témoignage des croyants. Elle a d’abord été transmise à Timothée par Loïs sa grand-mère, et par Eunice sa mère (II Tim. 1,5) et ensuite par Paul (II Tim. 2,2).
Mais cette transmission de la foi se réfère constamment à l’Écriture Sainte. Ainsi, Timothée a été instruit de l’Écriture depuis l’enfance :
“Mais toi, demeure dans ce que tu as appris … Depuis ta tendre enfance tu connais les Saintes Écritures ; elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse qui conduit au salut par la foi qui est dans le Christ Jésus.
Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour réfuter, pour redresser, pour éduquer dans la sainteté.” (II Tim. 3,14-16)
L’Écriture est inspirée par Dieu : c’est une Parole de Dieu… il s’agit de l’Ancien Testament, mais aussi de l’Évangile qu’il cite déjà comme “Écriture” :
“L’Écriture dit en effet : Tu ne muselleras pas le bœuf qui foule le grain(Dt. 25,4), et encore : L’ouvrier mérite son salaire(Luc 10,7).” (I Tim. 5,18)
A une époque où les quatre Évangiles sont à peine achevés, Paul cite déjà une parole de Jésus comme faisant partie de l’Écriture… il a peut-être, entre les mains une version écrite (même si elle est provisoire) d’un Évangile.
Il donne ce conseil à Timothée : “En attendant ma venue, consacre-toi à la lecture de l’Écriture, à l’exhortation, à l’enseignement.” (I Tim. 4,13)
On peut conclure cette étude par ce testament spirituel de Paul :
“Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui doit juger les vivants et les morts, je te le demande solennellement, au nom de sa manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, reprends, réprimande, encourage, mais avec une grande patience et avec le souci d’instruire.” (II Tim. 4,1-2)
Dans ce dernier chapitre des écrits de Paul, vous voyez la solennité étonnante avec laquelle il nous demande d’annoncer l’Évangile.
Que Dieu vous bénisse et qu’il fasse de vous des témoins de sa Parole.
JC.P.
Les lettres à Tite et à Timothée (63-67)
130 - Cellules paroissiales d’évangélisation - Viroflay - 18 mai 2009
Les lettres à Tite et à Timothée (63-67)